Je ne connais pas cet appartement. Il appartient probablement à mon petit ami, à en juger par la photo d’un couple aimantée sur le frigo. Lorsque j’allume les enceintes dans le salon, de la musique retentit, pas du tout le genre que j’aime écouter. La pièce est déjà bien encombrée. Il n’y a pas vraiment de place pour mes affaires. Il va falloir pousser les livres, réorganiser les vêtements, probablement placer mon tapis de yoga et mon sac à main sous le lit. Derrière mon ordinateur, je soupire. Puis je clique sur mes premiers cartons pour les ouvrir.
Voici l’une des scènes proposées par Unpacking, un jeu développé par le studio australien Witch Beam Games. On y incarne une jeune femme (invisible) qui doit déballer ses affaires après un déménagement. Chaque chapitre correspond à une étape de sa vie. On commence par emménager dans sa chambre d’enfant, puis dans un studio, une colocation… Il suffit de cliquer sur un carton pour l’ouvrir, puis de faire un glisser-déposer pour ranger les objets dans l’endroit de son choix. Les casseroles vont-elles toutes rentrer sous l’évier ? (Difficilement) Quelle peluche vais-je mettre sur le lit ? (Toutes)
Le verdict
Unpacking
Voir la ficheOn a aimé
- Un gameplay accessible et satisfaisant
- Une très jolie esthétique en pixel art
- Une histoire émouvante racontée presque sans mots
- Un jeu qui peut parler à tout le monde
On a moins aimé
- Si vous avez les Sims ou Marie Kondo en horreur, passez votre chemin
- On aurait bien joué à quelques chapitres de plus
- Trop de casseroles à ranger
Unpacking, une histoire sans mots
Chaque lieu — représenté en vue isométrique — comporte des particularités, et des défis à relever. On commence par une seule pièce (la chambre d’enfance de l’héroïne) puis, au fur et à mesure, on gère des logis plus grands. Dans la colocation, on doit composer avec un salon, une salle de bain et une cuisine déjà occupés par d’autres personnes, qui nous ont heureusement réservé quelques étagères. Mais quand on emménage avec notre petit-ami, on constate qu’il n’a pas été aussi poli, et on est forcée de ranger nos affaires dans des espaces beaucoup plus réduits. Quand on a fini de tout déballer, le jeu nous indique si certains objets ne sont pas à la bonne place (pas la peine d’essayer de se débarrasser d’une casserole de trop sous le lit). Les chapitres s’achèvent avec une photo de notre pièce préférée, qui est ajoutée à un album photo avec une courte légende.
C’est la seule indication directe que l’on a du déroulé de l’histoire. Car la force d’Unpacking, c’est de raconter le parcours d’une vie sans mot, ou presque. Les objets que l’on déballe à chaque déménagement nous en disent beaucoup sur sa propriétaire. Quand elle est enfant, on comprend qu’elle aime dessiner, en installant des feutres et un crayon à papier sur son bureau. Puis, dans son studio d’étudiante, on remarque du matériel d’artiste et des livres d’illustration.
Au fil du jeu, on apprend à reconnaître les objets qui nous suivent de déménagement en déménagement (une peluche en forme de cochon, apparue dès le premier chapitre, qui finit par être recousue à cause de l’usure), et ceux qui disparaissent (la photo d’un petit-ami, qui trône d’abord sur le frigo, avant d’être finalement planquée au fond d’une armoire). On passe par plusieurs émotions, la curiosité, la tristesse, le rire, l’espoir. Sans spoiler, les derniers chapitres, où notre héroïne retrouve l’amour, sont particulièrement émouvants. Qui aurait cru qu’on aurait les larmes aux yeux en plaçant une nouvelle serviette de bain à côté de la nôtre ?
Unpacking se présente comme « un jeu zen ». Et il y a en effet un vrai côté satisfaisant à placer chaque chose à sa place. Les actions sont ponctuées d’un petit bruitage différent en fonction de l’objet et de la surface qu’il touche. Le compositeur d’Unpacking a précisé sur Twitter que plus de 14.000 fichiers son ont été produits uniquement pour sonoriser la manipulation des objets. Si vous êtes sensible à l’ASMR comme l’autrice de ces lignes, frissons (et détente) garantis.
https://twitter.com/frandelpia/status/1456060232971456512
Entre Animal Crossing et Marie Kondo
Sur d’autres aspects, Unpacking n’est pas très loin d’un puzzle game. On doit remplir et vider des tiroirs plusieurs fois avant de trouver le bon arrangement. Mais le jeu laisse globalement beaucoup de liberté : un rouleau à pâtisserie ne sera pas accepté dans la baignoire, en revanche chacun et chacune peut organiser sa maison comme bon lui semble.
En ce sens, Unpacking ressemble un peu à un jeu de simulation et de décoration, à la manière des Sims ou d’Animal Crossing. Il est d’ailleurs possible de partager les photos de son intérieur virtuel, ou même la vidéo de son emménagement en accéléré, sur les réseaux sociaux, et de comparer ses choix à ceux des internautes. Comment ça, des personnes préfèrent placer leur papier toilette déroulé vers l’arrière plutôt que vers l’avant ? Et pour les accros aux récompenses, un système de stickers encourage la résolution de petites énigmes présentes dans le jeu. Comment allumer la radio ? Programmer le micro-ondes ? Faire dabber le mannequin articulé ?
Unpacking sera sans doute rangé par les critiques dans la catégorie des wholesome games, une communauté qui célèbre les jeux vidéo apportant une sensation de réconfort, et plus généralement de joie. Ils sont parfois boudés par les gameurs et gameuses les plus chevronnées, sous prétexte qu’ils n’ont pas beaucoup d’enjeux et qu’ils sont trop courts. Unpacking est effectivement un jeu bref, qui peut se finir en une poignée d’heures. Et si la simple mention des Sims ou de Marie Kondo vous donne des boutons, il est possible que l’expérience soit plus crispante que satisfaisante pour vous. Pourtant, Unpacking a de quoi plaire à tout le monde. Quels que soient notre parcours personnel, ou notre pratique du jeu vidéo, on peut tous et toutes se retrouver autour d’une même expérience : l’émotion compliquée de défaire ses cartons, et d’avoir une nouvelle maison.
Unpacking, disponible depuis le 2 novembre 2021 sur Steam, PC, Mac, Linux, Nintendo Switch, Xbox One, et via le Xbox Game Pass.
Le verdict
Unpacking
Voir la ficheOn a aimé
- Un gameplay accessible et satisfaisant
- Une très jolie esthétique en pixel art
- Une histoire émouvante racontée presque sans mots
- Un jeu qui peut parler à tout le monde
On a moins aimé
- Si vous avez les Sims ou Marie Kondo en horreur, passez votre chemin
- On aurait bien joué à quelques chapitres de plus
- Trop de casseroles à ranger
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