Les grèves sont rares aux États-Unis. Pourtant, c’est la deuxième fois en quelques mois que les employés d’Activision Blizzard organisent une manifestation pour montrer leur colère contre Bobby Kotick, le PDG de l’entreprise, et contre toute la direction.
Le 16 novembre, plusieurs centaines d’employés à travers le monde ont arrêté de travailler pendant quelques heures. Plus de 150 employés se sont également ressemblés sur le campus d’Irvine, en Californie, pour demander des réponses et exiger du changement, rapporte Polygon, qui était sur place avec eux.
Les employés demandent le départ de Bobby Kotick
Ce nouveau mouvement de grève arrive après la publication d’une enquête du Wall Street Journal contre Bobby Kotick. Ce dernier s’était défendu, ces derniers mois, en disant qu’il n’était pas au courant des problèmes de discriminations, de sexisme et de harcèlement sexuel au sein des studios. Selon le WSJ, il savait en réalité beaucoup de choses, et aurait même permis à la situation de perdurer. Il aurait également caché certains des agissements des employés aux autres membres de la direction, et aurait permis à un salarié, accusé d’avoir harcelé sexuellement une de ses collègues, de rester dans l’entreprise, contre l’avis du service des ressources humaines.
Parmi les grévistes interrogés par Polygon, nombreux sont ceux qui demandent le départ de Bobby Kotick de la tête de l’entreprise. « Son attitude est menaçante de nombreuses façons », a expliqué une employée. « Il comprend qu’il est en charge de beaucoup d’employés qui essaient de faire d’Activion Blizzard une meilleure entreprise, […] et il nous dit ‘si vous ne me croyez pas, c’est vous qui avez un problème’. Ces actions montrent qu’il n’est pas à la hauteur ».
Beaucoup d’employés en ont assez de la situation, après des mois passés à demander des comptes à la direction, note également Polygon. « Nous avons besoin de changement à tous les niveaux de l’entreprise. Nous devons avoir de plus de transparence sur ce qu’il se passe », a expliqué une des employées au journal.
Des mois de problèmes pour Activision Blizzard
Activision Blizzard est sous le feu des critiques depuis des mois. C’est l’enquête du Department of Fair Employment and Housing Agency, un organisme de l’état de Californie, qui a d’abord révélé les très nombreux problèmes au sein de l’entreprise au mois de juillet. L’enquête avait permis de dévoiler que de nombreuses de femmes se seraient plaintes d’attouchements sexuels de la part de leurs collègues masculins, que les blagues et les propos choquants sur le viol seraient courants, et que le management de Blizzard aurait refusé de promouvoir des femmes à certains postes.
Une première grève avait déjà été organisée au mois de juillet, pour dénoncer les problèmes systémiques de sexisme. Plus d’un millier d’employés avaient également signé une lettre ouverte, appelant la direction de l’entreprise à prendre de meilleures mesures pour lutter contre les abus.
Attaquée en justice en Californie et sous le coup d’une enquête fédérale, Activision Blizzard s’était défendue en niant la gravité de la situation et en expliquant que les différents rapports déformaient la vérité. Mais l’enquête du Wall Street Journal sur Bobby Kotick vient remettre la version de l’entreprise et de son PDG en question.
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