Gare aux reptiliens qui contrôlent le monde ! La série Inside Job donne vie à toutes les théories du complot. Une satire certes amusante, mais qui ne manque de pertinence en ce moment.

Les reptiliens se cachent parmi nous. Bon, la Terre n’est évidemment pas plate ! Mais il y a un trou noir en son centre, dont l’existence est cachée. Voilà. Maintenant, vous savez la vérité. Ou en tout cas la vérité d’Inside Job, nouvelle série américaine d’animation disponible sur Netflix depuis le 22 octobre 2021.

On remplace le Président par un robot : ça tourne mal

La série se situe au sein d’un bureau secret à l’origine d’une grande conspiration mondiale. Le monde entier, de la politique à la météo en passant par la pop culture, est contrôlé par ce bureau, à grand renfort de clones, d’assassinats et de diverses manipulations. Dans Inside Job, toutes les théories du complot jusqu’aux plus farfelues sont vraies ; et orchestrées de manière centralisée par ce bureau. La jeune femme Reagan Ridley et son équipe sont chargés de vérifier que la conspiration se passe comme sur des roulettes.

La véritude sur la météo exposée au grand jour. Maintenant nous sachons, vous sachez, ils sachent. // Source : Netflix

La véritude sur la météo exposée au grand jour. Maintenant nous sachons, vous sachez, ils sachent.

Source : Netflix

Mais le chaos n’est jamais bien loin. Figurez-vous qu’il n’est pas aisé de faire en sorte que la grande conspiration mondiale fonctionne sans jamais être percée à jour par la population.

Si vous cherchez à remplacer le président des États-Unis par un robot, comme dans l’épisode 2, vérifiez bien que son intelligence artificielle ne déraillera pas lors d’un direct télévisé. Si vous devez assurer les relations diplomatiques avec les Reptiliens, il vous faudra apprendre leurs codes sociaux, sinon gare au procès. Oh et… évidemment, ne perdez jamais de vue un clone de Kennedy. Jamais.

Dans Inside Job, le complotisme est si absurde que c’en est drôle

Les théories complotistes sont présentes depuis de nombreuses décennies. Il y a par exemple les platistes, qui s’imaginent que la Terre est plate et qui vont même jusqu’à croire que le premier pas d’Armstrong sur l’astre était un film de Stanley Kubrick. Certaines théories pensent également que les attentats du 11 septembre étaient entièrement organisés par l’État américain. Ou encore l’idée que les vaccins contiendraient des puces de suivi. Cela peut aller encore plus loin, en impliquant des illuminatis ou des reptiliens (des lézards). On ne pourrait pas tout lister ici, les théories du complot sont nombreuses, du plus étonnant au plus capillotracté (et parfois au plus glauque).

Fut une époque où ce « complotisme » pouvait facilement prêter à rire. Ces visions simplistes et absurdes du monde sont si décalées de la réalité qu’elles en sont drôles. D’ailleurs, des comptes parodiques comme Complots Faciles s’en amusaient depuis des années, à base de « nous sachons la véritude » tournant en dérision certaines des théories les plus étranges.

La légèreté avec laquelle on pouvait approcher le complotisme a disparu peu à peu — en particulier lorsque Donald Trump est devenu président et qu’il a diffusé, jusqu’à la fin de son mandat, des théories fumeuses basées sur des fausses infos. La pandémie fut un plus grand tournant. Cette crise sanitaire a décomplexé le complotisme dans le quotidien. Il est devenu difficile de trouver un post Facebook ou Twitter dédié au virus sans une vague de commentaires complotistes, visant à nier l’existence du virus ou la gravité de l’épidémie, ou diffusant des absurdités sur les vaccins ou les masques par exemple. Les complotistes s’expriment davantage que les autres, ce qui les rend particulièrement visibles. De fait, ce complotisme décomplexé est devenu un sujet de société omniprésent. Sans compter que des personnalités politiques très suivies, notamment d’extrême droite, surfent sur ces thèses en les relayant, en les alimentant.

Depuis quelque temps le complotisme est devenu un sujet lourd, fatigant et parfaitement anxiogène. C’est là qu’intervient le double rôle satirique d’Inside Job. Sa qualité première est de nous faire rire avec le complotisme : et fichtre que cela fait du bien ! La série Netflix nous aide à relativiser ces thèses, à reprendre de la distance. Rien que pour cela, elle livre une dose de légèreté que l’on prend volontiers en ce moment.

En creux de toute théorie du complot, il y a souvent ce principe d’une élite secrète qui se rassemblerait dans une pièce chaque mardi de 14h à 15h en se disant « hinhin comment allons-nous pouvoir manipuler en secret le monde aujourd’hui ? ». La série prend cette idée au pied de la lettre avec un second degré poussé au paroxysme, et c’est ce qui hilarant.

Sa deuxième qualité est plus politique. La satire utilise l’humour pour dénoncer. En l’occurrence, Inside Job donne vie aux théories du complot pour mieux exposer leurs contresens et autres inepties qui en font des thèses déconnectées de toute réalité. La production — et ses courts épisodes de 20 minutes — mérite largement que vous y dédiez un peu de votre temps, pour relâcher la pression non sans intelligence. L’humour à l’américaine est certes un peu lourdingue parfois, mais l’ensemble est réjouissant !

Le verdict

Inside Job // Source : Netflix
8/10

Inside Job, saison 1

Inside Job prend toutes les théories du complot au pied de la lettre pour leur donner vie. Si la démarche est tordante, elle n'est pas dénuée d'intérêt : la série est une véritable satire. Rire du complotisme permet de prendre de la distance, de relativiser ces thèses devenues si anxiogènes dans notre quotidien depuis Donald Trump ou encore la pandémie. Et c'est salvateur. Cela permet aussi de mettre en exergue toute l'absurdité du complotisme qui simplifie à outrance la réalité pour lui donner du sens... sans se rendre compte alors qu'il s'agit en vérité de contresens.

Source : Montage Numerama

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