La jeune héroïne se réveille dans un temple vide, et ce n’est pas la première fois. Devant elle, une fresque montre des formes de visages étranges ; une s’estompe pendant qu’une autre s’illumine. Dehors, il fait un froid glacial et un immense trait de lumière déchire le ciel. Il semble indiquer une direction à suivre. Mais ce n’est pas une lueur d’espoir : au point de chute se trouve un immense colosse qu’il faudra terrasser. Avant de passer au suivant, jusqu’au dénouement.
En lisant cette description, certains se remémoreront Shadow of the Colossus, chef-d’œuvre trop ambitieux pour les frêles épaules de la PlayStation 2 (et qui a eu droit à un remake flamboyant sur PlayStation 4). Praey for the Gods est un projet de longue date qui est passé par la case Kickstarter, où il a récolté plus de 500 000 dollars auprès 15 000 soutiens. Il a aussi eu droit à un accès anticipé, avant d’être finalement disponible en version 1.0 depuis le 14 décembre sur PS4, PS5, Xbox et PC.
Praey for the Gods a oublié le gameplay perfectible de Shadow of the Colossus
Dans la description accessible sur la page Kickstarter, les développeurs assument pleinement cette ressemblance à Shadow of the Colossus, cité parmi les nombreuses sources d’inspiration. L’objectif est résolument le même : dans un monde mystérieux, ici à la fibre mythologie nordique, une héroïne doit combattre d’immenses créatures. Les affrontements sont déséquilibrés, mais les ennemis, si impressionnants soient-ils, disposent de points faibles. Surtout, ils se laissent grimper dessus, permettant de révéler ces faiblesses et y avoir accès. Pour triompher, il faut donc éviter les coups, très souvent mortels, et trouver un moyen de se rapprocher de ces Dieux à quelques encablures de choir une bonne fois pour toutes.
Un gameplay loin d’être irréprochable
Les combats s’avèrent aussi rares qu’épiques, puisqu’il est grisant de mettre à genou un géant qui, de prime abord, effraie. Néanmoins, Praey for the Gods ne retrouve pas le souffle poétique de Shadow of the Colossus, qui faisait presque regretter d’occire ses colosses. Cette portée émotionnelle moindre est certainement liée au fait que le studio No Matter Studios a un peu trop confondu hommage et copie carbone. Certaines mécaniques et la plupart des design de boss sont repris tels quels, jusqu’à pousser le concept de la ressemblance un peu trop loin. On aurait un peu plus apprécié l’exercice si le studio avait à minima modernisé un gameplay loin d’être irréprochable.
La mort d’un boss :
À sa sortie en 2005, Shadow of he Colossus était une expérience aussi époustouflante que douloureuse, manette en main. On peut en dire autant de Praey for the Gods, qui n’a pas vraiment cherché à fluidifier la formule. Des points d’accroche approximatifs se mêlent à de gros soucis de caméra et des lourdeurs dans les déplacements (les sauts constituent un calvaire…). En résulte un gameplay pénible, jusqu’à devenir responsable de certains échecs. Un défaut qui peut carrément devenir une source de frustration quand on a déjà passé plusieurs longues minutes à combattre un boss. En somme, quitte à pomper ouvertement Shadow of the Colossus, Praey for the Gods aurait au moins pu affiner les bords pour proposer un jeu plus confortable.
Comment Praey for the Gods se distingue (un peu) de Shadow of The Colossus
Pour se distinguer de Shadow of the Colossus, Praey for the Gods va piocher dans des éléments du genre survie. Concrètement, la résistance au froid, la faim et le sommeil sont des points à surveiller constamment pendant l’aventure. Il faut alors veiller à manger, se réchauffer et dormir avant de partir au combat, à l’occasion de longues phases d’exploration aboutissant à la rencontre avec le prochain boss (spoiler : les environnements sont vides, hormis quelques soldats et une poignée d’animaux à chasser). Il s’agit finalement de contraintes supplémentaires qui ajoutent un soupçon de profondeur et prennent tout leur sens dans les modes de difficulté les plus avancés.
Lors des balades, Praey for the Gods rappelle finalement un autre chef-d’œuvre, en l’occurrence The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Escalade avec jauge d’endurance à gérer, possibilité de planer, cueillettes de fruits et légumes, armes qui finissent par se casser… Le parallèle avec la dernière aventure de Link est évident. Même le système de progression est similaire : après avoir ramassé trois statuettes magiques, on peut choisir entre améliorer sa santé ou son endurance. Dans Praey for the Gods, on peut par ailleurs s’adonner à l’artisanat pour améliorer son équipement.
Toute la partie exploration est un moyen de gonfler une durée de vie loin d’être immense si on se contente d’une ligne droite (huit Dieux à tuer). Une tâche qui demandera un peu plus de cinq heures aux joueuses et aux joueurs. Les plus acharnés pourront aussi profiter d’un mode Écho dans le but de percer tous les secrets d’un univers très cryptique. Ce qui demandera beaucoup d’indulgence au regard du gameplay et de la partie technique (vous aimez les bugs ?). On a joué à Praey for the Gods sur PlayStation 5 et il est difficile d’affirmer que le jeu fait honneur à la puissance de la console. À tel point que la version PS4 de Shadow of the Colossus est visuellement bien plus valorisante. Seigneur Dieu.
Le verdict
Praey for the Gods
Voir la ficheOn a aimé
- Des combats dantesques
- Ok, le feeling Shadow of the Colossus est là
- Le calvaire ne dure pas longtemps
On a moins aimé
- Visuellement laid
- Gameplay trop approximatif
- On est un peu trop dans la copie
Praey for the Gods est un hommage un peu trop insistant à Shadow of the Colossus. S’il est louable de citer ouvertement un chef-d’œuvre, No Matter Studios tombe tellement dans la copie conforme qu’on peine à vraiment l’apprécier. D’autant qu’il a omis d’éliminer certaines tares du jeu culte de la PlayStation 2, à commencer par son gameplay manquant de souplesse.
Et ce ne sont pas les quelques éléments de survie qui viendront sauver la mise. Il reste néanmoins une aventure qui offre des combats suffisamment épiques pour se prendre, un peu, au jeu. Vous avez adoré Shadow of the Colossus ? Peut-être que la nostalgie vous fera apprécier ce Praey for the Gods. Prévoyez quand même une bonne dose d’indulgence.
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