Delphine Ernotte a divulgué le nombre d’abonnés qu’aurait la plateforme Salto en France, un an après son lancement. Il est modeste, mais pas dégradant, au vu de tous les obstacles qu’a dû surmonter la plateforme.

« Je maintiens que Salto a un avenir », a lancé Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, le 12 janvier 2022 au cours d’un entretien sur France Inter. La réponse était brève, mais a tout de même apporté un indicateur que les gérants de Salto refusent de communiquer depuis le début : la plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) aurait « autour de 700 000 abonnés ».

C’est la première fois en un an que quelqu’un ose avancer des chiffres officiels. La dernière fois, c’était en février 2021, soit quatre mois après le lancement du service : on parlait alors de 200 000 abonnés seulement.

Le chiffre avancé par Delphine Ernotte est toutefois peu précis, car il ne permet pas de différencier les abonnés payants de celles et ceux qui profitent du mois d’essai gratuit de la plateforme. Salto n’aurait pas atteint son objectif d’un million d’abonnés d’ici la fin 2021, mais le score n’est, dans les faits, pas si honteux que ce que l’on aurait pu croire.

Le long chemin laborieux de Salto

Salto a connu énormément de déconvenues, avant même sa sortie. À l’origine, il s’agissait d’un service qui avait vocation à se positionner sur le marché de la SVOD avant que les leaders américains ne gobent toutes les parts du gâteau. Après des années de discussions et de projets avortés — ainsi que de nombreuses barrières venant de l’Autorité de la concurrence — France Télévisions, TF1 et M6 sont parvenus à s’associer pour lancer leur propre plateforme, en octobre 2020.

Le rôle des trois géants de l’audiovisuel est à la fois crucial et limité : ils sont tous les trois actionnaires, mais n’ont pas le droit de créer trop de passerelles entre leurs entités et Salto, sous peine de se faire accuser de pratiques anticoncurrentielles (faire de la pub gratuite pour Salto sur TF1, par exemple). Sur le papier, Salto est donc une entreprise à part — mais dans les faits, elle est dirigée par des anciens et anciennes de TF1, M6 et France Télévisions.

À cause de ces retards à l’allumage, Salto a bénéficié d’une couverture médiatique chaotique, qui suivait les aléas des bonnes et des mauvaises nouvelles. Conséquence : au moment de sa sortie, personne ne pouvait dire précisément ce que ferait Salto. Il faut dire qu’elle propose plusieurs services différents : des contenus à la demande, mais aussi du replay et de la diffusion de certaines chaines en direct.

Salto n’est pas un concurrent de Netflix

Comme d’autres initiatives françaises avant elle, Salto a été moquée, parfois injustement. Elle est notamment régulièrement comparée à Netflix (et ses plus de 7 millions d’abonnés mensuels payants en France), Amazon Prime Video (qui offre son abonnement à tous ses abonnés Prime) et Disney+, alors qu’elle ne se positionne pas vraiment sur le même créneau.

Son budget est, certes, beaucoup plus faible que ces mastodontes américains (une pensée pour les 17 milliards de dollars de Netflix), mais elle se défend quand même en réussissant à agripper les droits de diffusion de certains contenus très attendus, comme la série And Just Like That (suite de Sex And The City), l’épisode de réunion de Friends ou celui de Harry Potter.

De même, Salto offre des épisodes d’émissions françaises en avant-première à ses abonnés. Cela ne parle peut-être pas à tout le monde, et cela rayonnera peut-être moins que la Casa De Papel, mais certains et certaines spectatrices sont friands de ces exclusivités.

Capture d'écran de l'interface de Salto
Capture d’écran de l’interface de Salto

TF1 et France Télévisions lâchent-ils Salto ?

En 2021, OCS vantait 3 millions d’abonnés, tandis que Canal+ en aurait près de 9 millions. Si Salto a bien 700 000 abonnés (contactée, la plateforme ne nous a pas encore confirmé ou infirmé ces chiffres), il s’agit d’un succès modeste, mais cela reste un signal, même faible, qu’un public peut être intéressé par ce que la plateforme propose.

« La plateforme Salto est jeune, elle démarre, elle progresse », a assuré Delphine Ernotte. Pourtant, un mois plus tôt, la patronne de France Télévision laissait entendre au Figaro qu’il était possible que le groupe vende Salto : « Dans le contexte de fusion TF1 – M6, c’est une option afin de concentrer nos efforts sur France.tv, qui doit être le leader incontesté du streaming gratuit en France », a-t-elle répondu.

TF1, de son côté, a commencé en octobre 2021 à tester MyTF1 MAX, sa propre offre de SVOD payante à 2,99 euros par mois, alors qu’elle est déjà majoritairement inclue dans Salto (pour 6,99 euros par mois).

Faut-il y voir un abandon de la plateforme Salto par les entités qui ont contribué à la créer ? Pour l’instant, elle reste bien présente, et annonce même des nouveautés chaque mois, comme l’arrivée de l’intégrale de Newport Beach en janvier 2022 ou l’intégrale de toute la saga Harry Potter.

Source : Montage Numerama

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