Quatre trentenaires new-yorkaises, stylées et ambitieuses, à la recherche du grand amour (ou au moins d’un solide plan cul) et soudées par une amitié inconditionnelle… Cela vous rappelle quelque chose ? Si Harlem, la nouvelle série originale produite par Amazon Prime Video, fait figure de petite sœur de Sex and the City, elle n’est pas la seule. De Lipstick Jungle à The Bold Type en passant par Girls, la féministe fashionista interprétée par Sarah Jessica Parker a inspiré quantité de portraits de femmes prêtes à dévorer la Grosse Pomme. Et pour la génération qui a grandi avec les actrices originales, il est même possible de se laisser aller à la nostalgie du revival And Just Like That…. Alors, comment les héroïnes de Harlem se distinguent-elles de leurs consœurs ? Tout est dans le titre.
Une savoureuse ode à l’amitié
Bienvenue à Harlem, le quartier de Manhattan qui s’étend depuis le nord de Central Park jusqu’au Yankee Stadium dans le Bronx. Son riche passé, de la Harlem Renaissance au Harlem Cultural Festival, sans oublier son architecture sublime et ses restaurants à la pointe de la soul food, en font un des lieux les plus effervescents de New York. Pourtant, en six saisons, Carrie et ses copines n’y ont jamais mis les pieds. Il était donc grand temps pour la créatrice de Harlem, Tracy Oliver (scénariste du film Girls Trip, sorti en 2017), de mettre en avant cette partie de la ville où réside une large communauté afro-américaine, aujourd’hui confrontée à un phénomène de gentrification galopante. Comme elle l’explique à ELLE : « Je ne trouvais pas de séries basées à New York qui incluent des gens qui me ressemblent. […] New York contient une diversité culturelle et ethnique tellement robuste que je voulais écrire sur le sujet ».
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Entourée de producteurs de renom, dont Pharrell Williams et Amy Poehler, elle conçoit un personnage principal fort, mais bourré de contradictions qui, comme Carrie, sert de narrateur à la série. Camille (Meagan Good) est professeur d’anthropologie à l’université de Columbia et réside à Harlem dans un appartement bohème hors de prix (autre ressemblance avec SATC). Elle est donc aux premières loges pour observer les changements socio-économiques de son quartier… et en faire l’écho sur Twitter. Les rapports de races et de classes font partie intégrante du récit, mais Harlem est avant tout une savoureuse ode à l’amitié, matinée de rom-com urbaine. Nous suivons ainsi les aventures sentimentales et professionnelles de la tribu de Meagan, qu’elle compare en introduction au peuple Moso d’Himalaya où les femmes choisissent leurs partenaires et en changent comme bon leur semble. Ah, si c’était aussi simple !
Quatre héroïnes imparfaites
Quinn (Grace Byers) est la plus fleur bleue de la bande : elle enchaîne les rendez-vous galants désastreux dans l’espoir de trouver « the one », tout en essayant de maintenir à flot son business de mode respectueuse de l’environnement. Elle héberge de façon semi-permanente Angie (Shoniqua Shandai), une chanteuse qui a du mal à remonter la pente après un flop, mais dont la confiance en soi (dans la vie et au lit) est aussi impressionnante que les perruques qu’elle affectionne. Enfin, Tye (Jerrie Johnson) est une entrepreneuse queer qui a mis sur le marché une appli de rencontres pour personnes LGBT+ de couleur.
Camille est le ciment de ce quatuor et la série s’ouvre sur deux éléments perturbateurs qui la concernent directement. Cinq ans après son départ pour Paris, l’ex qu’elle n’a jamais réussi à oublier (Tyler Lepley) est de retour. D’autre part, la nomination d’une femme noire au poste de chef du département d’anthropologie (Whoopi Goldberg, une excellente surprise) lui donne l’espoir d’obtenir une promotion convoitée. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu…
À partir de ce point de départ, somme toute assez classique, Harlem déroule avec entrain une multitude de situations cocasses ou embarrassantes. On ne boude pas son plaisir devant ces rebondissements qui pimentent l’intrigue, même s’ils sont souvent aussi irréalistes que ceux d’Emily in Paris. En revanche, les scènes de brunchs arrosés à l’humour salace et à la répartie enlevée — signature de Sex and the City — donnent un sentiment de déjà-vu. Ce qui sauve Harlem de cet écueil est l’alchimie entre ses actrices ultra-charismatiques et la volonté de la showrunneuse de nous faire partager avec générosité son expérience de l’entrée dans l’âge adulte.
Une série engagée et engageante
La complicité palpable entre ces amies qui se sont connues à l’université repose sur le fait qu’elles s’accordent l’espace nécessaire pour débattre non seulement de leurs problèmes de sexe, mais aussi de leurs points de vue sur la politique de respectabilité (respectability politics), la Black excellence, ou encore le mariage mixte. Intelligentes et engagées, elles n’en ont pas moins des défauts horripilants : Camille manque de maturité ; Quinn a du mal à prendre son indépendance financièrement ; le radicalisme d’Angie en rebute certains ; quant à Tye, elle cache une erreur de jeunesse.
Mais, ensemble, ces quatre femmes tracent leur chemin dans l’Amérique moderne. Elles n’ont de compte à rendre à personne… pas même aux fans de Run the World, la série Starz sortie en mai dernier dont le pitch est quasiment identique à celui de Harlem. Il y a heureusement de la place pour plusieurs séries sur la sororité noire, surtout quand elles reflètent une diversité pleine de justesse. Carrie n’a qu’à bien se tenir…
Le verdict
Harlem
Voir la ficheOn a aimé
- Le Girl Power !
- Les actrices charismatiques
- Le quartier de Harlem, 5e personnage de la série
On a moins aimé
- Le triangle amoureux
- Des épisodes inégaux
- La BO
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