Elle est gentille Sarah. Elle m’accueille à bras ouverts dans Gran Turismo 7, après une belle cinématique qui met directement dans l’ambiance. Disponible depuis le 4 mars en exclusivité sur PlayStation 4 et PlayStation 5, la nouvelle simulation développée par Polyphony Digital est une ode à la course automobile — et à l’automobile au sens strict. Mais revenons à Sarah, notre assistante qui ne cessera de prodiguer de bons conseils pendant toute notre aventure composée essentiellement de courses. Mais pas que.
Sarah me rappelle n’importe quel professeur qu’on rencontre au début d’un jeu vidéo Pokémon. Car, in fine, l’objectif de Gran Turismo 7 est de nous faire collectionner des voitures afin de grimper dans les échelons (on gagne des niveaux en remplissant son garage). En bref, là où on doit devenir le meilleur dresseur dans la saga culte disponible sur les consoles de Nintendo, on doit devenir le plus grand propriétaire dans Gran Turismo 7.
Gran Turismo 7 est addictif
Au début du jeu de course, on vous demandera même de choisir une voiture, une étape aussi compliquée que d’avoir à hésiter entre Bulbizarre, Salamèche et Carapuce. Vous croiserez aussi de nombreux personnages dans Gran Turismo 7, qui ne cesseront de vous assister dans votre progression vers les sommets du pilotage. Vous aurez même à passer des permis, autant d’épreuves qui font écho aux badges à récolter dans les jeux Pokémon. Les permis sont essentiels pour participer à certains championnats.
Qu’importe la voiture, pourvu qu’on ait l’ivresse
Car, oui, Gran Turismo 7 ne vous fera pas tout de suite monter à bord de bolides qui font fantasmer. Oubliez les Ferrari, les McLaren et autres engins capables d’accélérer vite et fort. L’apprentissage se fait comme à l’école : en commençant petit, c’est-à-dire avec des Clio, des Mini, entre autres véhicules, pour se faire la main. Après tout, on ne vous flanque pas tout de suite d’un Dracaufeu dans Pokémon. Sur ce point, Forza Horizon 5 fait l’exact opposé, en nous plaçant dans l’habitacle d’une Mercedes-AMG Project One dès la première séquence. L’esbroufe, versus la sagesse, avec la même passion des quatre roues en filigrane.
Pour Polyphony Digital, cette approche constitue une véritable aubaine, en faisant la lumière sur l’Histoire de l’automobile. Ce qui sous-entend de s’intéresser, aussi, aux voitures qui vont moins vite. Pour le développeur, la Renault Megane RS ne vaut pas moins qu’une Ferrari, selon la philosophie ‘qu’importe la voiture, pourvu qu’on ait l’ivresse’. Grâce à ces parenthèses didactiques, le studio communique son amour pour la mécanique. C’est intéressant, d’autant que l’ambiance est très relâchée. Après une course, on se rend au café pour parfaire ses connaissances, sans jamais avoir l’impression d’être assommé par le contenu. Il se dévoile petit à petit, avec une exigence croissante.
Si on rapproche volontiers Gran Turismo 7 de Pokémon, c’est tout simplement parce que la structure épouse finalement celle d’un RPG simpliste. On se laisse guider de A à Z par des quêtes à remplir (exemple : récupérer trois voitures), pour obtenir des récompenses et aller de l’avant. On est vraiment pris par la main, pas uniquement par la sympathique Sarah. C’est un vrai plus pour devenir accro à Gran Turismo 7, même quand on n’est pas forcément sensible au genre. En parallèle, les plus férus seront ravis de passer du temps à bichonner les pièces de leur garage (vidange, tuning, photographie…).
La DualSense à son meilleur
J’en veux quand même un peu à Sarah, qui m’a promis que je pourrais devenir le meilleur pilote du monde. Elle aurait pu me dire que la conduite serait bien plus complexe qu’escomptée, accouchant de premières heures frustrantes à trouver les bons dosages pour faire tourner correctement mes voitures pourtant loin d’être des fusées. Dans Gran Turismo 7, la conduite lorgne du côté de la simulation. Même avec les aides activées, il faut bien gérer son freinage et son accélération sous peine d’enchaîner les sorties de piste. C’est un coup à prendre et le plaisir du pilotage, doublé des frissons quand on tient la corde, ne vient qu’après.
L’agrément de simulation vient quand même se heurter à quelques murs : le moteur physique est toujours aussi sommaire, avec des dégâts extérieurs qui se contentent de quelques éraflures, tandis que les sensations hors bitume ne sont pas à la hauteur du reste. On a par ailleurs du mal à se satisfaire à 100 % du rendu graphique. Même sur PS5, les graphismes oscillent entre le très bon (la modélisation des voitures et leur carrosserie aux reflets aguicheurs, le mode Photo à couper le souffle) et le moins bon (les décors sont moins à la fête, et d’un vide effrayant). Bon point en revanche pour les temps de chargement sur la console la plus puissante : ne pas avoir à attendre avant d’appuyer sur l’accélérateur apporte un confort indéniable.
Les aficionados joueront très certainement à Gran Turismo 7 au volant. Mais il faut reconnaître à Polyphony Digital son travail époustouflant pour optimiser au mieux les technologies embarquées dans la manette DualSense. Le retour haptique est pensé pour mieux nous faire apprécier le grip et on adore les petites secousses à chaque changement de rapport. Les gâchettes adaptatives, quant à elles, se chargent d’opposer une vraie résistance quand on freine/accélère — laquelle semble indexée à la puissance de la voiture. Cette spécificité renforce l’immersion et, surtout, permet d’encore mieux doser (pas besoin d’écraser la gâchette). En termes d’utilisation des possibilités de la DualSense, Gran Turismo 7 fait incontestablement partie des meilleurs élèves — dans le sillage de Returnal.
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