C’est un fait : le sport a toujours fasciné le petit écran, des terrains de foot à rallonge d’Olive et Tom jusqu’à la bonne humeur bienveillante de Ted Lasso sur Apple TV+, en passant par les émois adolescents de Friday Night Lights. Mais jusqu’à la série documentaire The Last Dance, sortie en 2020 sur Netflix, le basket était relativement resté sur le banc de touche. Désormais, c’est la fiction qui s’en mêle avec Winning Time, dont la première saison débute aujourd’hui sur OCS, en US+24. Centrés autour de l’équipe des Lakers de Los Angeles, ces dix premiers épisodes plongent dans l’ambiance insouciante et exubérante des années 1980, à l’époque où le riche propriétaire Jerry Buss donne un second souffle à cette team devenue culte.
Avant même son démarrage, la série bénéficiait déjà d’une bonne étoile en la personne d’Adam McKay, cinéaste à succès de Don’t Look Up, The Big Short ou Vice, mais aussi producteur de la tragédie familiale sans pitié Succession, dont la troisième saison a bouleversé les fans. Pour Winning Time, il endosse les deux casquettes en produisant la série et réalisant le premier épisode de cette saga sportive, créée par Jim Hecht et Max Borenstein (Godzilla). La série, tirée d’une histoire vraie et du livre Showtime par Jeff Pearlman, était donc clairement prometteuse.
Adam McKay, simple argument marketing de Winning Time ?
Malheureusement, la production ne comble pas toutes nos attentes. Si le premier épisode porte définitivement la marque satirique d’Adam McKay, il est difficile d’en dire autant des épisodes suivants. Comme Vice, le pilote de Winning Time brise régulièrement le quatrième mur, offrant des moments de comédie absurde au merveilleux casting de la série, John C. Reilly (Les Frères Sisters) en tête. La narration est dynamique, bourrée de références subtiles au contexte politique et culturel de l’époque. Winning Time lorgne même du côté du docu, avec ses images d’archive, ses nombreux zooms et son grain d’image vintage.
Et puis, dès le deuxième épisode, c’est le drame : l’engouement retombe comme un mauvais soufflé. Les réalisateurs de la suite de la saison, parmi lesquels l’acteur Jonah Hill (Le Loup de Wall Street), tentent d’imiter le style iconique d’Adam McKay avec une conviction molle. Ils semblent se rappeler seulement par intermittence qu’ils doivent coller à l’esprit du pilote, en intercalant un monologue face caméra par ici ou un arrêt sur image comportant le nom d’un personnage par là. Winning Time a un style trop éparpillé, voire un brin incompréhensible, pour donner une cohérence suffisante à l’ensemble. D’autant que le rythme des épisodes est, lui aussi, irrégulier. Si certaines scènes dramatiques parviennent à nous accrocher, notamment grâce à une bande originale aux petits oignons, d’autres longues séquences de dialogues perdent immédiatement notre attention. On finit par se demander si le nom d’Adam McKay n’est pas seulement un argument marketing, destiné à vendre la série sur le papier.
Trop de coulisses, pas assez de terrain
Autre gros problème de la série : l’absence d’un joueur clé, à savoir le sport en lui-même. Pourtant, le basket fait l’objet de la scène d’introduction, dans laquelle Jerry Buss (John C. Reilly) le compare à du bon sexe (« look at it: it’s always moving, it’s rythmic! »). Plus tard, un autre personnage le compare même à la musique classique et au jazz. Mais Winning Time met rarement ce rythme et cette musicalité en avant. Résultat : la série est plutôt plate et ne donne aucune satisfaction de ce point de vue, aux novices comme aux fans de basket.
Il faut attendre le cinquième épisode, donc la moitié de la saison, pour qu’un match soit enfin disputé devant nos yeux. Et encore, la réalisation n’est toujours pas à la hauteur et finit par hacher la séquence en des dizaines d’arrêts sur image. Les plans sont saccadés, on ne peut même pas prendre le temps de savourer cette plongée tant attendue au cœur de l’action. On est loin de la ferveur et de l’énergie d’un véritable match. Et pour une série sur le basket, c’est quand même dommage de manquer autant de rebonds.
Une série chorale attachante
Pour autant, Winning Time n’est pas non plus une déception absolue. La qualité cinq étoiles de son casting y est pour beaucoup. John C. Reilly, qui excelle dans le drame comme dans la comédie depuis des décennies, trouve ici un rôle à sa pointure. Dans le rôle de Jerry Buss, investisseur narcissique un brin loser, l’acteur écrase tout sur son passage. A ses côtés, Jason Clarke (Zero Dark Thirty), Adrien Brody (Peaky Blinders) ou Jason Segel (How I met your mother) forment une solide équipe de coachs, conseillers, et joueurs de baskets reconnus. La série donne même une grande place aux femmes, dans un milieu extrêmement masculin, avec notamment la présence de Gaby Hoffmann (Transparent) dans le rôle central de Claire Rothman.
Mais les véritables révélations de la série se nomment Quincy Isaiah (Magic Johnson), et Solomon Hughes (Kareem Abdul-Jabbar). Les deux comédiens, dont ce sont les premières apparitions à l’écran, ressemblent de façon troublante aux véritables joueurs légendaires des Lakers. Ensemble, ils forment un duo détonnant, que l’on prend plaisir à suivre.
Et la force de Winning Time, c’est de parvenir à introduire progressivement ses personnages clés, l’un après l’autre, pour que le spectateur apprenne à connaître cette distribution chorale dans toute sa singularité. Chacun de ces protagonistes, est présenté dans toute sa complexité, avec ses propres motivations et ses peurs.
En terminant les dix épisodes, on a définitivement envie d’en savoir plus sur les véritables hommes et femmes derrière la fiction, ceux qui ont façonné le réel succès des Lakers pendant des décennies. Il est juste dommage que la série nous laisse sur le banc de touche, sans jamais nous donner envie d’entrer sur le terrain.
Le verdict
Winning Time
Voir la ficheOn a aimé
- Le casting choral maîtrisé
- Une bande-originale entraînante
- Des personnages creusés et attachants
On a moins aimé
- Une réalisation brouillonne
- Où est passé le basket ?
- Trop de temps morts
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