Justement récompensée par le festival Séries Mania en 2021, cette série danoise atypique débarque dès ce mercredi sur Canal+. Une aventure éprouvante et déconcertante.

À 18 ans, Julie est une jeune adulte comblée par la vie : elle a des amis géniaux, une maison immense digne d’un manoir et une famille immensément riche et aimante. Mais cette existence de rêve bascule lorsque ses parents et son frère décèdent dans un accident d’avion. Dévastée par ce drame, cette Danoise fortunée embarque pour un périple aux quatre coins du monde, à la recherche d’elle-même.

En 2021, le festival Séries Mania, dont la prochaine édition a lieu à Lille du 18 au 25 mars, avait déniché Kamikaze, produite par HBO Max et adaptée du roman Muleum d’Erlend Loe. Une pépite singulière, portée par la formidable actrice Marie Reuther, qui y avait reçu le Prix d’interprétation féminine.

Destination finale

La minisérie danoise, dont la première saison débute ce mercredi sur Canal+, aurait difficilement pu passer à côté de cette récompense, entièrement méritée. La comédienne est littéralement de tous les plans, habitant chaque fragment de Kamikaze par sa présence magnétique et lumineuse. Sa performance dans le rôle de Julie, une jeune femme pourtant égoïste et antipathique, est aussi bluffante que bouleversante. Pourrie gâtée par la vie, l’adolescente a tout d’une anti-héroïne agaçante, symbole d’une richesse débordante et élitiste. Lorsqu’elle assiste à la construction de sa nouvelle piscine intérieure au début de la série, il est un peu difficile de ressentir une quelconque empathie, même après le décès tragique de sa famille.

Julie menait une vie de rêve, entre shopping entre amis et compte en banque sans limite // Source : Capture d'écran HBO Max/Canal +
Julie menait une vie de rêve, entre shopping entre amis et compte en banque sans limite // Source : Capture d’écran HBO Max/Canal +

Mais c’est là tout le génie de la série : montrer un personnage irritable, instable, constamment au bord du gouffre, et nous pousser à nous identifier à sa quête de sens macabre. Préparez-vous et attachez vos ceintures : Kamikaze est un voyage perturbant. Lorsque Julie embarque dans son premier avion, ce n’est pas pour expérimenter une simple croisière de touriste. Non, sa destination est toute autre : la mort. Elle navigue ainsi de jet en jet dans l’espoir que celui-ci s’écrase et qu’elle puisse ressentir les mêmes émotions que sa famille, avant leur propre crash. Une ambition un brin sinistre, qui donne à la série une atmosphère unique.

Une série éprouvante

À chaque épisode, Julie passe donc à deux doigts de la mort à de multiples reprises. Tous les moyens sont bons pour passer l’arme à gauche : courir le plus longtemps possible, séjourner dans le quartier le plus dangereux d’Acapulco, conduire son propre avion pour s’écraser dans le désert africain… Kamikaze mêle habilement plusieurs époques, plusieurs Julie à différents moments de son existence, pour mieux comprendre la psychologie de ce personnage sans limites, dont la voix off berce chacun des huit épisodes.

Julie rencontre de nombreux protagonistes pendant son aventure // Source : Capture d'écran HBO Max/Canal+
Julie rencontre de nombreux protagonistes pendant son aventure // Source : Capture d’écran HBO Max/Canal+

La mini-série propose une analyse complexe des rapports familiaux, de la peur de la mort, de l’hypocrisie de la bourgeoisie, du deuil, de la dépression, mais aussi du passage à l’âge adulte. Les thématiques sont maîtrisées, poussées à l’extrême. On termine ainsi cette saison aussi éreintés que Julie, qui revient progressivement à la vie au fil de ses aventures. Peut-être parfois trop excessive dans son récit, Kamikaze nous rattrape par sa vision ardente de la vie, déclinée dans de courts épisodes de 25 minutes. La série nous permet ainsi de reprendre régulièrement notre souffle dans cette épopée, difficilement binge-watchable.

Une ode à la vie

Mais cette série déprimante, que l’on ne recommanderait qu’aux cœurs bien accrochés, bénéficie aussi d’un travail formel très original. Réalisée par Kaspar Munk, qui avait déjà travaillé sur The Rain sur Netflix, Kamikaze multiplie les partis-pris artistiques. L’épisode 3 comporte ainsi une superbe séquence animée, tandis que le suivant se décline plutôt en stop-motion. Tout au long des huit chapitres, Julie se filme également dans des vidéos proches des vlogs ou du found-footage. Une esthétique poussée, assez innovante, qui alimente le propos de la mini-série d’une mélancolie douce-amère atypique.

Au fur et à mesure de son voyage, Julie (Marie Reuther) ressemble de plus en plus à Furiosa de Mad Max : Fury Road // Source : HBO Max/Canal+
Au fur et à mesure de son voyage, Julie (Marie Reuther) ressemble de plus en plus à Furiosa de Mad Max : Fury Road // Source : HBO Max/Canal+

La fin de Kamikaze, poignante, nous interroge sur le sens de la vie avec brio, avec la voix ténébreuse de Billie Eilish en fond sonore, histoire de nous achever pour de bon. Julie déclare ainsi qu’« avoir envie de vivre, c’est comme avoir envie de faire la fête. Parfois, on veut juste rester au lit et d’autres fois on a envie de sortir. » On vous aura prévenu : Kamikaze est une série choc, une ode à la vie qui ne plaira pas à tous les regards.

Kamikaze est diffusée chaque mercredi, à 21h, sur Canal+ Séries. La première et unique saison de la mini-série est disponible en intégralité sur MyCanal.

Le verdict

L’adolescence, le deuil, l’excès du capitalisme, la dépression, les relations amoureuses… Kamikaze aborde tous ces sujets à la fois avec une pertinence dingue. Servie par une réalisation et une esthétique singulières, la mini-série, disponible sur Canal+ écrase tout sur son passage et ne laissera personne indemne. Le récit de Julie, jeune femme en quête de sens après la mort de sa famille, est bouleversant, parfois agaçant, un brin excessif, mais surtout follement humain. Passé les premiers épisodes, on finit par s’identifier à ce personnage aux émotions contradictoires touchantes. Laissez-vous embarquer dans ce voyage mélancolique, si votre cœur est bien accroché pour le supporter.
Source : Montage Numerama

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