Bilal, Romane, Samuel, Victor : quatre adolescents se retrouvent dans un petit bunker isolé en forêt pour fêter l’anniversaire de l’un d’entre eux. Puis les lumières vacillent et un événement étrange se produit : le groupe se retrouve séparé dans deux mondes parallèles, tandis que Bilal est transfiguré dans le corps d’une version plus âgée que lui.
Cette bizarrerie n’est que le début pour Parallèles, série française de science-fiction disponible sur Disney+ ce mercredi 23 mars 2022. Si les fondamentaux font écho à des monuments comme Stranger Things ou Dark, si ce n’est Code Quantum ou Fringe, l’œuvre créée par Quoc Dang Tran parvient à s’émanciper dans une production familiale très réussie qui permet à la France de s’aventurer hors des sentiers battus, dans les genres de l’imaginaire.
Un sans faute pour le casting
C’est d’abord en misant sur son casting, tout bonnement excellent, que Parallèles parvient à se distinguer. Chaque acteur et chaque actrice a toute la latitude pour exprimer une interprétation profonde de son personnage. Guillaume Labbé, fidèle à lui-même, est attachant, quand Naidra Ayadi et Omar Mebrouk apportent de l’émotion autant que des touches d’humour qui font du bien en relevant sans cesse le caractère hallucinant des situations.
Mais il faut saluer l’intégralité du casting des plus jeunes. Les six interprètes des différentes « versions » de Bilal, Romane, Victor et Sam s’illustrent en mettant du cœur dans leurs personnages, et cela se ressent : le récit prend vie grâce à leur jeu. Et la série repose essentiellement sur eux. Beaucoup de ces acteurs et actrices sont des révélations — Thomas Chomel, Jade Pedri… — en quelques apparitions seulement, et l’on souhaiterait clairement les revoir plus souvent sur nos écrans à l’avenir.
L’histoire avant le concept
Le principal intérêt de Parallèles est d’avoir contourné un écueil : faire une œuvre à concept. Ce serait facile, avec les mondes parallèles, de poser dès le premier épisode des règles du jeu, et de tirer le corde pour étirer le principe en longueur. Cette production de Disney+ repose au contraire sur des concepts relativement vus et revus mais, sur cette base, raconte sa propre histoire, avec ses singularités, ses aspérités, ses enjeux humains individuels.
Le récit de Parallèles est habilement linéaire : l’écriture va droit au but, ne s’éparpille pas dans une construction d’univers, ne nous perd pas dans un excès d’embranchements. Comme une nouvelle dans un recueil, la saison 1 de la série se tient à elle seule, sans nécessiter particulièrement de suite (bien que celle-ci soit techniquement possible). Sans révolutionner le genre, la série trouve sa place grâce à cela, en racontant une aventure humaine originale.
Les épisodes se révèlent haletants, d’autant qu’ils sont servis par une réalisation léchée, et des plans dont la dynamique se retrouve assez peu dans les séries françaises. Les réalisateurs (Benjamin Rocher, Jean-Baptiste Saurel) parviennent à créer de l’action et du mystère, en valorisant les étendues montagneuses et les forêts, grâce à une cinématographie mature.
La France peut explorer les imaginaires à l’écran
Là où Parallèles relève donc d’une bonne surprise dans son ensemble, on peut regretter, cependant, que les épisodes soient trop courts. Le récit n’a pas toujours le temps d’adresser certains problèmes, de prendre le temps de nous montrer l’ampleur des relations humaines. Il en résulte quelques « plot holes », des éléments du scénario expédiés ou sans véritable réponse. Parallèles aurait gagné en solidité avec des épisodes plus longs ou une saison rallongée d’un ou deux épisodes.
Malgré ce type de faiblesses, Parallèles est une réussite et parvient à prouver une chose : les Français peuvent et savent écrire et réaliser des séries dans les imaginaires fantastiques et SF. Espérons que Parallèles ouvre la voie pour aller encore plus loin dans l’exploration française de ces imaginaires à l’écran, en convaincant Disney+, Netflix et les chaînes, de faire encore davantage confiance à ces projets.
Le verdict
Parallèles
Voir la ficheOn a aimé
- L’interprétation des acteurs et actrices est excellente
- La réalisation est très léchée et mature
- Une série française de SF qui se tient bien
On a moins aimé
- Des épisodes trop courts, donc un récit parfois expédié
- La série ne révolutionne pas le genre
Cette nouvelle série française prouve que les séries de genre ont très largement leur place dans les productions françaises. Dans ses fondamentaux, Parallèles n’est certes pas révolutionnaire et fait écho à d’autres monuments du fantastique et de la SF. Mais la série créée par Quoc Dang Tran parvient à raconter sa propre histoire, au cours d’une aventure humaine haletante pleine de mystère.
Parallèles est servie par une réalisation particulièrement mature. La cinématographie est léchée, les paysages sont beaux, l’action est bien gérée. On regrettera seulement des épisodes bien trop courts qui coupent le rythme et expédient des pans de l’histoire.
La série de Disney+ n’aurait probablement pas été si réussie sans son casting, dont les acteurs et les actrices sont remarquables. On compte plusieurs « révélations », parmi les plus jeunes, que l’on aimerait revoir dans plus de productions.
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