Nouvelle offensive judiciaire contre les sites pirates qui retransmettent des compétitions sportives sans aucune autorisation. Ce mercredi 23 mars 2022, la Ligue de Football Professionnel (LFP), qui gère les deux premiers championnats de football en France, annonce avoir obtenu de la justice le blocage de plusieurs services illicites.
Le verdict a été rendu le 17 mars dernier par le président du tribunal judiciaire de Paris, mais ce n’est qu’aujourd’hui que la LFP communique dessus. Dans ce cadre, les grands fournisseurs d’accès à Internet opérant en France devront empêcher leur clientèle d’accéder à une série de sites litigieux, notamment en faisant mentir le système DNS.
L’ordonnance du 17 mars s’applique à Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom, les quatre plus gros opérateurs du pays. On trouve aussi leurs filiales , qui opèrent dans la France d’outre-Mer notamment, ainsi que d’autres entreprises : SFR Fibre, Orange Caraïbe, SRR, Colt, OutreMer Telecom et Canal+ Telecom. L’absence spécifique de Free Mobile, par contre, a été relevée.
Des sites de streaming sont visés par la LFP, mais il est aussi fait mention du problème de l’IPTV pirate — l’acronyme désigne un service de télévision dont le flux passe par Internet. Les opérateurs ont eu trois jours, à compter de la réception de la décision de justice, pour filtrer les accès avec les outils qu’ils jugeaient les plus utiles à cette fin.
Le levier le plus accessible pour les FAI est le blocage de l’accès aux noms de domaine. Pour cela, les opérateurs éditent un index dans lequel ils ajoutent les nouvelles URL interdites. Ce faisant, au moment où les internautes demandent à leur FAI de leur indiquer le chemin vers le site web pirate, ils sont envoyés dans une impasse.
Un blocage demandé toute la durée du championnat
Les restrictions dureront tout le long des compétitions de L1 et de L2. La particularité des matchs est que leur valeur réside lors de la diffusion le jour J. C’est ici que sont les enjeux financiers pour les diffuseurs et les ayants droit. Ça n’a pas d’intérêt de pirater un match 3 semaines après qu’il ait eu lieu. C’est très différent d’un film, par exemple.
Quant aux sites miroirs qui apparaîtraient après, la décision de justice et la loi offrent justement les moyens de réagir ultérieurement, si besoin. Il suffira que la LFP alerte l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), pour qu’elle alerte la justice afin d’étendre le blocage à d’autres sites inconnus à ce stade.
La LFP a pu s’appuyer sur le tout récent article 333-10 du code du sport, dont les titulaires de droits commencent à s’emparer pour faire valoir leurs intérêts. C’était le cas en début d’année avec BeIN Sports : à l’époque, il s’agissait déjà de bloquer des sites pirates rediffusant sans autorisation des matchs de football, notamment ceux de la coupe d’Afrique des nations.
Il y avait aussi eu l’action remarquée de Canal+ qui, peu avant le match très attendu entre le PSG et le Real Madrid, annonçait avoir obtenu de la justice le blocage de plusieurs sites pirates. Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR étaient en première ligne, une fois de plus, car ils fournissent le gros de l’accès à Internet en France pour le public, dans le fixe.
Il reste à voir quel sera l’effet concret de ces mesures. En matière de piratage, les internautes ne manquent pas d’imagination — outre le fait que les réglages DNS de l’ordinateur peuvent être modifiés, les internautes peuvent se rabattre sur des VPN ou passer par des plateformes que l’on ne peut bloquer, comme Twitch, Twitter ou Discord.
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