On est en 1937, à Vaghen, capitale de l’Osthethal — pays européen imaginaire. La jeune Dana Roze s’installe au piano, au milieu de la grande place. Ses doigts tapotent finement sur les touches alors qu’elle interprète avec talent l’hymne de la ville, accompagnée par des automates violonistes.
Cette scène poétique n’est que le préambule de Syberia : The World Before, nouvel épisode de cette licence qui fête, en 2022, ses vingt ans d’existence. Le jeu est disponible sur PC depuis le 22 mars (et il devrait sortir sur consoles plus tard dans l’année). Produit par le studio français Microids, Syberia : The World Before est construit comme une aventure narrative entièrement interactive en point and click.
Tout se déroule dans un univers qui ressemble au nôtre, mais qui s’avère pleinement imaginaire : on retrouve des villes similaires, des événements historiques proches, mais cela s’arrête là. Le monde alternatif de Syberia est d’inspiration steampunk — automates et autres engins à vapeur sont au rendez-vous.
Deux trames narratives se complètent. L’héroïne de la saga, Kate Walker, exploratrice, reprend sa route où le précédent opus l’avait laissée, en 2004. Mais une nouvelle héroïne fait son arrivée : Dana Roze. Les deux personnages sont liés par une photo, qui décide Kate à retracer la vie de Dana en enquêtant sur le passé. Or, en 1937, Dana habite en Osthethal où un parti fasciste commence à émerger.
Bien que certains rebondissements soient prévisibles, Syberia : The World Before immerge entièrement au cœur d’une belle histoire qui envoute par sa profonde humanité. Le charme de l’univers opère à merveille et les héroïnes sont marquantes. Certains chapitres nous livrent des scènes émouvantes, voire déchirantes. La musique orchestrale, qui joue un rôle au sein même de l’histoire, n’y est pas pour rien dans la poésie que dégage le jeu.
La direction artistique est exceptionnelle
Là où Syberia : The World Before brille le plus, c’est dans sa direction artistique raffinée. Le niveau de minutie esthétique et de soin apporté aux décors, costumes, décors et environnements est exceptionnel. Et l’on ne parle pas seulement des petits détails, mais bien de la créativité mobilisée pour chaque lieu, chaque mur, chaque coin de rue. L’univers steampunk de cet opus est un régal. D’autant que, graphiquement, la physique suit très bien (on notera juste quelques faiblesses faciales au niveau des yeux qui manquent parfois de vie).
Cette direction artistique est un bel écrin pour une enquête plutôt bien maîtrisée. On interagit avec les personnages et les objets à travers du point and click, certes, mais de manière plus développée que ce qu’implique habituellement cette mécanique. À l’exploration physique — on peut (et doit) visiter des rues, des pièces, des bâtiments — s’ajoutent des énigmes et des choix de dialogues.
Pour résoudre les énigmes, il faut prêter attention à nombre d’indices dans votre environnement. Le gameplay s’avère extrêmement riche en la matière, sans énigmes redondantes et en déployant sans cesse de l’inventivité à chaque chapitre. Il faudra enclencher des mécanismes, trouver des codes, réparer une chaîne radio, etc. Le niveau de difficulté est intermédiaire : ce n’est pas souvent que vous tournerez en rond, bien qu’un ou deux problèmes vous donneront du fil à retordre.
Dans son ensemble, Syberia : The World Before a certes des imperfections, mais elles semblent tout à fait anecdotiques aux côtés de la créativité déployée dans la direction artistique, la narration et le gameplay. C’est là une œuvre originale, complète, touchante, qui tient la route dans toutes ses promesses. En somme, un petit trésor.
Le verdict
Syberia : The World Before
Voir la ficheOn a aimé
- La direction artistique, magnifique et minutieuse
- Le gameplay, inventif pour le genre
- L’histoire est envoutante d’humanité
- La musique est centrale et joliment composée
- Kate et Dana sont marquantes
On a moins aimé
- Quelques rebondissements prévisibles et des longueurs
- Des rigidités dans les regards
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