On le sait depuis 2018 : les jeux vidéo ne figurent pas dans la liste finale des disciplines sportives pour les Jeux olympiques d’été de 2024, qui se passeront en France. Même l’idée d’une « discussion » sur leur admission au programme, avec remise de médailles, avait été jugée « prématurée » à l’époque. Il y aura 28 sports, plus 4 additionnels (breaking, escalade, skateboard et surf), et aucun ne requiert de manier une manette, un clavier ou une souris.
Mais l’organisation des JO de 2024 pourrait être une opportunité pour faire rayonner le sport électronique (ou esport). Emmanuel Macron juge que la tenue de l’une des compétitions sportives les plus regardées, avec la Coupe du monde de football, pourrait aussi profiter aux jeux vidéo. C’est ce que le président-candidat a dit dans un entretien publié le 22 avril 2022 par le site The Big Whale, spécialisé dans les crypto-monnaies.
« Nous avons une opportunité historique : celle des JO de 2024. À nous d’en profiter pour faire le lien entre les Olympiades des deux mondes en accueillant cette année-là les plus grands évènements e-sportifs mondiaux », a ainsi déclaré le locataire de l’Élysée, qui a par la même occasion balayé divers autres sujets très « tech », dont les NFT, qui arrivent dans la campagne par surprise.
Les tournois majeurs de CS:GO, Dota 2 et LoL en France en 2024
Le chef de l’État a, à cette occasion, égrené quelques tournois bien connus de celles et ceux qui suivent assidument l’esport : le championnat du monde de League of Legends (surnommé les « Worlds »), The International pour Dota 2 et enfin un tournoi majeur de Counter-Strike: Global Offensive (« Major »). « Si les Français me font confiance, nous y travaillerons dès mon élection. C’est cela, aussi, le rayonnement de la France », a assuré le candidat à l’élection présidentielle 2022.
League of Legends, Dota 2 et Counter-Strike: Global Offensive (CS:GO) sont trois des jeux les plus populaires au monde et, surtout, ils font partie des jeux qui sont justement les plus disputés dans le cadre de l’esport. Les gains qui peuvent être gagnés par les joueurs et joueuses dans certaines compétitions peuvent se chiffrer en centaines de milliers d’euros, voire en millions d’euros sur l’ensemble de l’évènement.
La France a par le passé accueilli certains de ces rendez-vous vidéoludiques. Si le pays n’a pour l’instant jamais hébergé The International ni un major de CS:GO, deux éditions du League of Legends World Championship s’y sont déroulées en partie, en 2015 et 2019, à Paris à chaque fois. En particulier, la finale de 2019 s’est déroulée au palais omnisports de Paris-Bercy, ce qui reste exceptionnel pour du jeu vidéo — c’est aussi là que se déroulera la Trackmania Cup 2022.
La sortie du président sur le terrain du sport électronique donne le sentiment d’un appel du pied à la jeunesse, dont le loisir principal est le jeu vidéo. La manœuvre n’est pas surprenante : l’entre-deux tours d’Emmanuel Macron est l’occasion pour lui de réajuster son programme — c’est le cas sur l’écologie, plus présente dans son discours depuis le premier tour — et de l’étendre à des thèmes très ciblés, pour aller toucher des segments précis de l’électorat.
D’ailleurs, l’interviewé en a profité pour citer deux équipes nationales, Team Vitality (qui officie sur CS:GO et LoL, mais aussi FIFA, Fortnite, Rocket League, Valorant et Teamfight Tactics) et la Karmine Corp (LoL, Rocket League, Teamfight Tactics et Trackmania). Pour la petite histoire, la Karmine Corp a été le point de départ de la pixel war sur Reddit Place, car Kameto, son fondateur, voulait y mettre le logo de la structure, avant que sa vire à la guerre entre la France et l’Espagne.
Ce thème dans la campagne électorale avait été toutefois abordé quelques jours plus tôt, lors d’un échange avec le site jeuxvidéo.com. Le 8 avril, quelques semaines avant le premier tour, l’intéressé estimait déjà, en citant les trois tournois, que la perspective de voir « deux ou trois de ces évènements se [tenir] dans le même pays la même année serait exceptionnel. »
« De nombreux clubs amateurs ou professionnels émergent, et de grands noms (des équipes de football par exemple) se dotent d’équipes. C’est une très bonne chose », a-t-il remarqué. On l’a vu avec le PSG ou l’AS Monaco. Le président a aussi souligné que la France n’était pas en retard, en évoquant la mise en place, en 2016, de l’association France eSport, créée sous l’égide du gouvernement, pour structurer le secteur et plancher sur une stratégie.
« Quel plus beau symbole que de réunir dans la foulée l’élite du sport et du esport en France. Pourquoi, du reste, ne pas imaginer un autre format avec des équipes nationales ? Je crois que cela peut faire beaucoup pour développer encore plus l’esport », ajoutait-il, en y voyant un levier de rayonnement pour la France. Le candidat se fixe d’ailleurs un cap pour ce « domaine d’excellence française » : être le leader européen de ce secteur d’ici 2025.
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