À quoi jouer après avoir terminé l’enivrant et copieux Elden Ring ? C’est la question que certainement beaucoup se posent. Avec la trilogie Dark Souls, FromSoftware a inspiré plusieurs studios, qui veulent à leur tour inscrire leur nom dans le genre si prisé des RPG exigeants. D’abord lancé en accès anticipé sur PC en 2019, Shattered – Tale of the Forgotten King est désormais disponible sur PS4, PS5 et Nintendo Switch. Et quand on lit sa description, on comprend vite où Redlock Studio veut en venir.
Ainsi, Shattered – Tale of the Forgotten King est un « action-RPG à la narration complexe et aux combats épiques dans un monde semi-ouvert ». En somme, quand on a passé des heures et des heures dans Elden Ring, on a des réflexes suffisamment affûtés pour se lancer à nouveau dans des « combats épiques ». Mais encore faut-il que l’expérience soit de qualité, ce qui est loin d’être le cas avec ce Shattered – Tale of the Forgotten King. Le titre a trop de tares pour séduire le public et le motiver à découvrir son univers ultra cryptique.
Plus cryptique, tu meurs
Au moins Shattered – Tale of the Forgotten King assume pleinement sa « narration complexe ». Après une dizaine d’heures passées à arpenter ses décors à la direction artistique atypique (des formes épurées au maximum), on peine encore à comprendre de quoi il en retourne. Tout juste sait-il qu’il faut éliminer des ennemis clés après la disparition d’un Roi qui a provoqué la fragmentation de tout un monde. À partir de ce socle peu épais, Redlock Studio nourrit son récit de phrases parfois très opaques, sinon poétiques, prononcées par une galerie de personnages étranges. D’une manière générale, tout est un peu étrange dans Shattered – Tale of the Forgotten King, et les développeurs ont oublié de fournir suffisamment d’explications pour nous immerger dans le récit.
Une construction maladroitement labyrinthique
La structure de Shattered – Tale of the Forgotten King n’est pas non plus d’une limpidité susceptible de fournir quelques indications sur la marche à suivre. Les différents environnements sont reliés sans réelle cohérence, autour d’un hub un peu plus étendu, dans lequel il est un peu trop facile de se perdre. Heureusement que l’exploration est un peu récompensée, sans quoi on pesterait bien davantage à naviguer dans cet océan d’inconnu. D’autant qu’il y a à boire et à manger concernant les environnements : certains sont réussis, d’autres beaucoup moins, malgré un sentiment de gigantisme bien présent.
À noter que, contrairement aux Dark Souls, Shattered – Tale of the Forgotten King joue un peu plus la carte de la verticalité. Notre héros se révèle vite très agile, à partir du moment où on gère bien sa jauge d’endurance. Il peut par exemple effectuer un double saut et se ruer vers l’avant pour se hisser vers des sommets. Naturellement, l’architecture des niveaux est pensée pour tirer profit de cette aptitude. Il y a même des portions en 2,5D qui rappellent les jeux de plateforme d’antan. Néanmoins, Redlock Studio pèche parfois par orgueil, avec une construction maladroitement labyrinthique.
Des gros soucis de finition
J’ai voulu croire au maximum à Shattered – Tale of the Forgotten King, faisant fi des barrières à l’entrée qu’ils dressent pour lui donner un maximum de chances. Sauf que même les plus téméraires finiront par se lasser de ses nombreux problèmes de finition. J’ai personnellement rencontré un bug gênant qui m’empêche de progresser après avoir battu un boss et de déclencher une cinématique qui aboutit à un écran figé (voir la capture ci-dessous). J’ai essayé deux fois, pour le même résultat à chaque fois.
À cette grosse contrariété qui ne donne pas envie s’ajoute une dette technique très rédhibitoire, surtout pour un titre qui cherche à s’inscrire dans la catégorie des Dark Souls. Personnage bloqué dans un élément, sols avec des trous, bugs visuels vilains, ennemis à l’intelligence très relative, bande-son très disparate (parfois, la musique se coupe sans raison), temps de chargement saccadés… Pour un jeu disponible sur PS5, Shattered – Tale of the Forgotten King ne respire pas la modernité, et pâtit sans doute d’un budget trop léger pour matérialiser des ambitions très élevées.
Pour ne rien arranger, le gameplay se révèle très approximatif dans tout ce qu’il essaie d’entreprendre. La partie plateforme ? Shattered – Tale of the Forgotten King manque de précision et de visibilité. La partie action ? Les combats sont trop mous pour captiver, se révélant à l’arrivée moins épiques que les promesses. Entre les parades difficiles à placer et les esquives qui ne produisent pas toujours le résultat voulu, les affrontements ont vite fait de devenir pénibles. Sans compter qu’il n’y a pas la profondeur d’un vrai RPG en matière de personnalisation du héros. L’arsenal se compose uniquement d’épées plus ou moins rapides et puissantes, et ce ne sont pas les quelques sorts et la progression très basique qui viendront sauver la mise.
Au final, tout porte à croire que Shattered – Tale of the Forgotten King aurait pu être une alternative intéressante aux Dark Souls, avec un univers et des idées bien à lui. Hélas, il se prend les pieds dans le tapis à cause d’un empilement de maladresses trahissant un manque de rigueur. Et Dieu sait qu’il en faut pour donner naissance à une expérience articulée autour de la notion d’exigence.
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