Dans la mythologie japonaise, le Yomi n’est rien d’autre que le monde des morts. Un trek, pour sa part, se définit comme une longue randonnée terrestre. En somme, avec le jeu vidéo baptisé Trek To Yomi, Flying Wild Hog et Leonard Menchiari nous proposent littéralement un voyage en enfer. On y suit Hiroki, un samouraï qui va tour à tour tout perdre et devoir se relever, coûte que coûte. Une quête de vengeance, comme on en a vu des dizaines, mais présentée ici avec un style atypique. Ou, disons-le tout de suite, envoûtant.
En effet, comment ne pas tomber amoureux de la direction artistique pensée pour rendre hommage au cinéma asiatique et qui rappelle le mode d’affichage Kurosawa du déjà sublime Ghost of Tsushima. Pour les amoureux du noir et blanc, Trek To Yomi est une bénédiction permanente pour les yeux, une invitation permanente à admirer ce qui est affiché. Le rendu vient souligner les paysages nippons qui, il faut l’avouer, donnent toujours envie de commander illico un billet d’avion. Même quand ils baignent dans le sang et que les cadavres pullulent.
Trek to Yomi s’oublie un peu dans sa réalisation léchée
Disponibilité
Trek to Yomi est disponible à partir du 5 mai sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X et PC. Les abonnés au Xbox Game Pass peuvent le découvrir dès sa sortie.
Trek to Yomi est donc d’abord une pure réussite visuelle, biberonnée par une réalisation d’orfèvre, notamment basée sur un travail très pur des éclairages. Le jeu donne envie de s’amuser avec deux filtres optionnels susceptibles d’ajouter encore plus de cachet (exemple : ajouter de la granulosité). L’orientation est volontairement cinématographique — coucou les bandes noires — et devient un recueil de plans plus beaux les uns que les autres.
D’autant que les développeurs jouent habilement de la profondeur pour donner beaucoup d’épaisseur aux décors. Ils se permettent aussi de cacher quelques passages annexes, grâce à une caméra fixe toujours habilement placée. Si Trek to Yomi se rêve en disciple des films de samouraïs, il ne s’y prendrait pas autrement — sachant qu’il sait aussi être mystique et, bien sûr, cruel. En prime, cet atout ne devient jamais une tare, la lisibilité étant garantie de la première à la dernière secondes.
Un recueil de plans plus beaux les uns que les autres
Malgré la violence graphique liée à une somme de tragédies vécues par un héros chahuté de toute part, Trek to Yomi est d’une poésie que l’on qualifiera volontiers de morbide. Il faut avouer que la bande son ne cesse de trimballer la joueuse ou le joueur entre les sonorités typiques du folklore japonais et les bruits liés aux âmes quittant des corps encore en vie. Ou quand des partitions instrumentales reposantes accompagnent des sabres qui s’entrechoquent et le son du sang qui gicle inlassablement.
L’immersion est par ailleurs totale grâce au doublage japonais, au service de dialogues nombreux qui appuient un récit bien raconté. La narration prend le temps de se poser pour donner mille raisons de se battre à Hiroki, entouré de certains personnages forts (de son ennemi juré à Aiko, figure féminine qui n’est pas uniquement là pour faire joli). Au milieu de l’hémoglobine se cache une élévation vers le rang de guerrier. Ou le Bushido, pour rester dans le contexte.
Des combats perfectibles
Si attrayant visuellement soit-il, Trek to Yomi peine à transformer l’essai quand la réalité du gameplay le rattrape. Flying Wild Hog et Leonard Menchiari chantent les louanges de combats d’une finesse redoutable. En somme, le gameplay serait tout à la fois exigeant et ciselé, pour offrir des sensations grisantes quand on tranche des ennemis. Ce n’est pas tout à fait vrai. Le tutoriel, déguisé dans une introduction qui sert d’apprentissage, suggère des affrontements ultra techniques. La suite se révèle très étonnante, puisque ce constat de base est vite annihilé par un feeling moins reluisant.
En l’occurence, Trek to Yomi est moins maîtrisé qu’il n’y paraît. Les bases sont pourtant solides, puisqu’on peut alterner des coups forts et faibles, tout en parant ou bloquant les attaques reçues sur un plan 2D (ce qui n’autorise que deux directions). Il est également nécessaire de faire attention à sa jauge d’endurance (qu’on peut améliorer en fouillant bien les niveaux). Bref, tous les éléments sont là pour faire de Trek to Yomi un modèle de profondeur. On se rend hélas vite compte qu’on n’a pas besoin de toute cette panoplie pour s’en sortir, malgré un équilibre parfois douteux.
C’est notamment la gestion des parades qui s’avère problématique, accouchant d’imprécisions qui deviennent une source d’avantages ou d’inconvénients — selon les situations. Le timing est parfois hyper permissif, matérialisé par une animation retardée qui peut surprendre et trahit un gameplay bancal. Il n’est pas aidé non plus par certains choix douteux. Vous ne manquerez certainement pas de pester contre les ennemis équipés d’une arme de tir, hors-sujet et capable de frustrer n’importe qui en raison de leur capacité à tuer à distance. D’ailleurs, l’arc et le fusil dont dispose le héros sont logiquement un peu trop puissants pour un jeu normalement dédié aux affrontements rapprochés.
Enfin, on s’attendait à des boss beaucoup plus récalcitrants, nécessitant une première approche didactique pour comprendre leurs mouvements. Il n’en est rien et on se surprend à leur faire mordre la poussière en enchaînement bêtement les combos basiques. On est très loin « des fines lames retorses» évoquées dans la description du jeu.
Le verdict
Trek to Yomi
Voir la ficheOn a aimé
- Une esthétique sublime
- On adore ce rendu en noir & blanc
- Narration au niveau
On a moins aimé
- Gameplay bancal
- Combats moins techniques que promis
- Un parti pris visuel qui peut diviser
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