Personne ne l’attendait, personne ne le réclamait vraiment d’ailleurs, mais ça y est, nous allons enfin savoir comment Sophie a rencontré le père de son fils. Vous vous en fichez ? Ça tombe bien, nous aussi, et c’est tout le problème d’How I Met Your Father, dont les dix épisodes sont disponibles sur Disney+ ce mercredi 11 mai 2022.
Dérivée de la sitcom culte du début des années 2000, cette série propose une nouvelle galerie de personnages et des histoires indépendantes, le tout dans un décor new-yorkais, entre appartements immenses et bars d’habitués.
Une suite prisonnière de son modèle
Le problème, c’est que cette comédie, qui fait plus ou moins suite à la série originale, n’a pas grand-chose pour sauver les meubles (et c’est une fan d’How I Met Your Mother qui vous le dit). Soyons honnêtes, nous étions dès le départ un brin sceptique sur la production de cette nouvelle saison. Et le visionnage des sept premiers épisodes, sur dix, ne nous a pas vraiment fait changer d’avis. Malgré des références appuyées à son aînée, mais aussi des efforts visibles pour s’en détacher, How I Met Your Father ne lui arrive pas vraiment à la cheville. Emmêlée dans un héritage peut-être trop lourd à porter, la sitcom ne parvient jamais à se créer sa propre identité.
La série situe ainsi le début de son intrigue en 2050, soit vingt ans après le récit de la vie amoureuse de Ted Mosby à ses enfants. Cette fois, c’est Sophie, incarnée par Kim Catrall (Sex and the City), qui raconte les péripéties romantiques de sa jeunesse à son fils, par téléphone. Il faut bien montrer qu’on est à la pointe de la technologie ! On se situe alors en miroir d’How I Met Your Mother : le cadrage ne montre pas l’enfant en question comme dans l’originale, mais simplement Sophie, assise confortablement dans son canapé, un verre de vin à la main. Une inversion des rôles qui n’est pas pour autant réussie, puisqu’elle n’apporte finalement pas grand-chose à la narration.
Au top de la technologie (ou pas)
Il ne faut pas attendre bien longtemps pour voir d’autres clins d’œil à la bande de Ted, Barney, Marshall, Lily et Robin : le générique est évidemment similaire et il se pourrait bien que des appartements connus ou une nouvelle version de « Haaaaaave you met Ted ? » fassent leur apparition. How I Met Your Father a même repris le pire atout de son aînée : les rires pré-enregistrés, mesdames et messieurs ! Vous ne pensiez quand même pas y échapper ?
Prisonnière d’un format daté, la série ne parvient ainsi jamais à jouer avec ces codes ou même à les questionner. Quand on doit passer après d’excellentes variantes de sitcoms comme WandaVision, ce retour au début des années 2000 fait très mal.
Mais How I Met Your Father ne s’arrête pas à cette époque révolue. Elle tente le tout pour le tout, en essayant de prouver à chaque épisode qu’elle est au top de la technologie, bien ancrée en 2022. Sophie passe ainsi sa vie sur Tinder, l’un de ses amis tente de garder une relation à distance grâce à des sex-toys connectés et une boîte de nuit se nomme même le FOMO (Fear of Missing Out ou la peur de rater une actualité importante). Le deuxième épisode se conclue même sur une petite morale façon « on passe notre vie sur nos téléphones, mais on ne profite jamais de l’instant présent ».
Trop de clichés tue le cliché
Si vous doutez encore de l’aspect excessivement moderne de la série, voici une rapide présentation des personnages. Sophie, donc, notre héroïne présente en 2022 et en 2050 pour faire office de narratrice en voix-off, cherche désespérément l’amour sur toutes les applications de rencontre. Un soir, alors qu’elle prend un Uber pour rejoindre l’un de ses dates, elle rencontre Jesse et Sid, deux trentenaires. Ils se racontent alors leurs vies (comme dans une course Uber classique, bien sûr) puis se séparent chacun de leur côté. Mais catastrophe, Sophie a échangé son téléphone avec Sid ! Elle va donc les rejoindre dans un bar et ainsi trouver une nouvelle bande de copains formidables.
Il y a également Valentina, la colocataire de Sophie, qui se présente dès ses premières minutes à l’écran comme une « assistante styliste mexicaine ». On ne voudrait tout de même pas manquer la tentative spectaculaire de diversité de la part d’How I Met Your Father. Dès le pilote, elle commence une histoire d’amour avec Charlie, un riche britannique déconnecté de la réalité. Oh mais attendez, il se trouve qu’Ellen, la sœur de Jesse, adoptée à la naissance, est une lesbienne d’origine vietnamienne. Allez, la série a coché toutes les cases du bingo de l’inclusivité, c’est parfait !
Plus sérieusement, cette succession de clichés, grossièrement assemblés, manque clairement de subtilité pour donner un semblant de vie aux personnages. En regardant la série, on se retrouve ainsi progressivement gagnés par un sentiment de gêne intense, mêlé à un désintérêt total pour les aventures des protagonistes.
Des blagues embarrassantes
Et le casting ne parvient pas vraiment à rectifier le tir. Dans le rôle de Sophie, Hillary Duff (Lizzie McGuire) arrive à peine à dégager suffisamment de charme pour que l’on s’attache à elle. À ses côtés, Francia Raisa (Grown-Ish) et Tom Ainsley (Versailles) luttent pour sortir de leurs stéréotypes respectifs. Seul Chris Lowell (Veronica Mars) suscite suffisamment d’empathie pour que l’on souhaite enchaîner les épisodes.
Mais chaque chapitre de 25 minutes n’est même pas suffisamment drôle pour susciter un quelconque intérêt. Il est même rare de simplement sourire devant leurs blagues vraiment embarrassantes, là où la série originale parvenait à trouver des narrations et situations plutôt originales.
Pourtant créée par le duo Isaac Aptaker et Elizabeth Berger, qui ont officié à l’écriture des excellentes This is Us ou Love Victor, la série How I Met your Father n’a pas vraiment su nous emballer ni même nous donner envie de voir la deuxième saison, déjà commandée par Hulu.
Bref, cette bande d’amis new-yorkais ne vaut clairement pas ses deux inspirations principales : How I Met Your Mother, également disponible sur Disney+, et Friends, sur Netflix. Si vous souhaitez vous changer les idées devant une bonne sitcom, on vous conseille plutôt de revenir aux bases et de zapper cette comédie un brin insipide.
Le verdict
How I Met Your Father
Voir la ficheOn a aimé
- Chris Lowell sauve la série
- Retrouver le générique
On a moins aimé
- Des rires pré-enregistrés, au secours
- Un humour qui tombe à plat
- Une diversité maladroite et forcée
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