Les opérateurs télécoms se disent prêt à se soumettre à la taxe envisagée par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la suppression des publicités sur les chaînes publiques. C’est par la voix de Frank Esser, PDG de SFR et président de la Fédération Française des Télécoms, qu’ils se sont fait entendre. Comme on pouvait s’y attendre, cette ouverture n’a pas été faite sans conditions. La première d’entre elles est que si taxe il y a, elle se doit de concerner « l’ensemble des médias qui vont bénéficier de l’arrêt de la publicité sur les chaînes publiques. » Frank Esser entend par là autant le secteur télévisuel que celui d’Internet, la radio ou le cinéma. En gros tous les médias, « à proportion de leurs recettes publicitaires et de leurs espérances de gains. »
On comprend aisément que si les opérateurs télécoms paient, ils ne souhaitent pas être les seuls à le faire. Mais d’un autre côté, on peut se demander si la taxe serait justifiée pour certains types de médias dont il n’est pas certain qu’ils profitent des retombées liées au retrait des annonceurs des chaînes publiques. En effet, si certains produits se vendent bien à la TV, ce n’est pas forcément le cas sur d’autres canaux car les audiences ne sont pas les mêmes. Il suffit par exemple de comparer les publicités qui passent en début d’après midi sur la 5 et les bandeaux publicitaires que l’on trouve sur Internet pour bien s’en rendre compte. Les annonceurs qui les diffusent ne risquent pas de se tourner vers Internet en claquant des doigts. Au fond, la proposition de Frank Esser ne fait qu’aller dans le sens d’un projet qui, déjà à la base, est déjà complètement tordu. On ne peut pas lui en vouloir pour ça.
Ensuite, le marché qu’il offre à Nicolas Sarkozy va autrement que dans la façon dont ce dernier l’avait pensé. Oui, les télécoms veulent bien payer, mais encore faut-il savoir sur la base de quoi. Frank Esser soumet donc une idée qui irait dans leur avantage ; celle de contribuer, mais seulement sur « sur les recettes publicitaires issues de nos portails qui, encore modestes aujourd’hui, vont s’accroître dans le temps avec la montée en puissance de l’audience sur les portails des opérateurs mobiles et des fournisseurs d’accès internet.«
Dans une telle hypothèse, le lien entre ceux qui paient une taxe et la raison pour laquelle ils sont taxés est complètement distendu. La simple compréhension de sa logique dépasse l’entendement. Imaginez-vous surfer sur le portail d’SFR et suivre un lien publicitaire. Une partie de l’argent que l’opérateur aura gagné grâce à vous finirait, après un passage dans les caisses de l’Etat, dans le budget des chaînes publiques afin qu’elles vous évitent de souffrir de leurs publicités. La publicité pour financer l’absence de publicité, c’est bien ça.
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