Pour la finale de la Ligue des champions, délocalisée au Stade de France et diffusée le samedi 28 mai, Canal+ avait prévu un dispositif historique. Le groupe voulait offrir une expérience sans précédent aux abonnés, avec une diffusion 4K UHD en Dolby Atmos (son) et Dolby Vision (image). L’idée était de proposer la meilleure qualité possible à celles et ceux restés chez eux pour assister au triomphe du Real Madrid face à Liverpool.
Passionné de technologie (et de foot), je n’ai pas manqué à l’appel de cet événement important pour Canal+. En 2022, il y a désormais trop peu de matches qui sont diffusés avec une qualité satisfaisante (du Full HD, la majorité du temps), alors que la 4K UHD est devenue un standard dans les magasins. J’avais donc hâte de voir le choc entre le Real Madrid et Liverpool dans des conditions prometteuses. Et si j’en ai pris plein les yeux, j’ai vite zappé sur la chaîne principale, pour une raison simple : le flux Dolby Atmos et Dolby Vision était privé des commentaires, pour une expérience brute (ni logo, ni publicité).
Dolby Atmos et Dolby Vision, kézako ?
Le Dolby Vision est un format HDR (high dynamic range) permettant d’obtenir une image plus fidèle en accentuant les écarts de luminosité entre les portions les plus claires et les plus sombres. En résulte un rendu plein de nuances, avec des couleurs plus justes, des contrastes plus appuyés et des détails qui ressortent mieux. Le but est de mieux flatter la sensibilité de l’œil humain.
De son côté, le Dolby Atmos est un format audio qui ajoute la notion d’objets 3D dans la restitution d’une bande son. Ici, l’objectif est de renforcer l’immersion en multipliant les effets, capables de venir de plusieurs directions (y compris en hauteur). On obtient alors un spectacle plus précis et réaliste.
Un accès un peu complexe
Regarder la finale de la Ligue des champions en Dolby Atmos et Dolby Vision n’était pas simple. Outre l’abonnement Canal+ indispensable et la connexion internet suffisamment solide, il fallait être équipé en conséquence. Concrètement, les deux technologies requièrent des appareils pleinement compatibles : un téléviseur, éventuellement une box TV et un système son — ce qui est loin d’être à la portée de tout le monde.
Canal+ avait listé les équipements suivants : Apple TV 4K 2ème génération, les box Android TV (selon modèle), certaines TV (Sony, Hisense…), NVIDIA Shield ou encore Amazon Fire TV Cube & Stick 4K.
Dans mon cas, j’ai utilisé un téléviseur Panasonic OLED HZ1000 (compatible Dolby Atmos et Dolby Vision), une Apple TV 4K 2ème génération (compatible Dolby Atmos et Dolby Vision) et un système home cinéma Sonos (compatible Dolby Atmos). Mais alors que je pensais accéder à la finale sans passer par la case réglage, un bug avec l’Apple TV m’a forcé à ajuster certains paramètres (comme l’explique cet article de Ultra-K). En termes d’expérience user friendly, on a connu mieux et on imagine que des milliers d’utilisateurs un peu novices ont eu quelques mauvaises surprises.
Pour ne rien arranger, Canal a multiplié les flux dans son application, dans les onglets ‘Sports’ et ‘UEFA Ligue des Champions’ :
- Un flux en simple Full HD ;
- Un flux en 4K UHD (non HDR, non Dolby Atmos) ;
- Le fameux flux Dolby Atmos & Dolby Vision, très mal mis en avant.
De quoi s’y perdre…
Une image au top, une partie sonore décevante
Ce n’est pas la première fois qu’un match de foot était diffusé en HDR. beIN Sports avait expérimenté la technologie pour la Coupe du monde 2018. Le rendu était désastreux, notamment en termes de colorimétrie (la pelouse était vert fluo…). Il y avait donc une certaine appréhension. Les doutes ont vite été levés : dès les premières secondes, on a compris qu’on ne voulait plus revenir en arrière.
Le flux proposé par Canal+ était proche de la perfection : un piqué vertigineux (les détails sur les visages…), des plans larges d’une netteté irréprochable, des couleurs d’une justesse ahurissante, une fluidité idéale, des pics lumineux d’un réalisme sidérant (les quelques flammes pendant la cérémonie d’ouverture avec Camila Cabello). C’est simple, on n’avait jamais vu un spectacle sportif aussi saisissant, galvanisés par l’impression d’être littéralement dans le stade.
Il suffisait d’ailleurs de basculer sur les autres flux pour s’en convaincre : le rendu Full HD était fade, quand celui en simple 4K UHD perdait un peu en naturel. Le gain en nuance est réel avec le Dolby Vision, qui garantit une image dynamique tout ce qu’il faut, en jouant sur les petits détails. C’est vraiment bluffant et on rêverait de voir tous les matches dans ces conditions.
En revanche, je ne serai pas aussi dithyrambiques sur la partie sonore. J’attendais beaucoup du Dolby Atmos (beaucoup plus que du Dolby Vision, d’ailleurs). Oui, le gain en immersion est indéniable si l’équipement sonore suit. Avec des enceintes placées tout autour de soi, on a vraiment le sentiment d’être dans les gradins — le speaker qui résonne, les applaudissement qui claquent bien — malgré un manque de basse et, par ricochet, de puissance. Sauf qu’il y a un gros mais : l’immersion est en réalité factice.
Le brouhaha d’un stade en communion, sans être en communion soi-même
On est dans le stade, mais on n’y est pas vraiment, jusqu’à ce que ce constat devienne un inconvénient. Qui a envie d’assister à un match de foot dans son salon avec un tambour qui ne cesse de gronder sur la gauche ou la droite de son oreille pendant 90 minutes ? Heureusement qu’il n’y avait pas de vuvuzela, sans quoi je n’aurais pas tenu 5 minutes.
Ce match en Dolby Atmos a surtout rappelé à quel point les commentaires sont indispensables. Ils participent directement à l’ambiance, grâce aux intonations des animateurs, capables de nous faire vivre les émotions comme si on y était. Sans eux, on perd la dramaturgie du moment, on n’entend que le brouhaha d’un stade en communion, sans être en communion soi-même. On vit alors une expérience détachée, sans réelle saveur. Par conséquent, en dépit de l’incroyable qualité d’image Dolby Vision, je me suis rabattu, au bout de 20 minutes, sur le flux 4K UHD. Non sans résignation.
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