Les malheurs des uns créent les opportunités des autres. La compétition spatiale n’y échappe pas : dans la course vers la planète Mars, la Chine a peut-être une ouverture pour griller la politesse aux États-Unis et à l’Europe. Pas pour une mission habitée sur la planète rouge — c’est une perspective encore trop lointaine –, mais dans le rapatriement d’échantillons.
La Chine vise un retour d’échantillons en 2031
Une présentation récente organisée en Chine montre en effet que l’Empire du Milieu a possiblement l’occasion de boucler ce challenge avant son grand rival stratégique. C’est en tout cas ce qu’elle imagine sur le papier : le designer principal de la mission Tianwen-1, qui consistait à déposer un astromobile sur Mars, a présenté un planning plus compact.
Dans l’esprit de l’agence spatiale chinoise, le lancement de l’ensemble des engins nécessaires à la bonne exécution de la mission aurait lieu courant 2028 (deux scénarios coexistent : soit un premier lancement en mars et l’autre en novembre, soit les deux en novembre et décembre). Le retour des échantillons aurait lieu en juillet 2031, se concluant par un largage de la cargaison.
Cette date de retour n’est pas anodine. Elle est à lire à la lumière des propres ambitions de l’occident sur ce terrain, puisque les États-Unis et l’Europe ont un projet de même nature : envoyer le nécessaire sur Mars à la fin de la décennie pour aller gratter un peu de la surface, empaqueter le tout dans un environnement bien étanche et expédier le colis vers la Terre.
Ce programme, qui mobilise l’agence spatiale américaine et son homologue du Vieux Continent, s’appuie sur un calendrier révisé. Alors qu’il était question il y a encore quelques mois d’une séquence devant s’achever courant 2031 également, une nouvelle échéance a été arrêtée au printemps 2022. L’arrivée des échantillons n’aura pas lieu avant 2033.
Course à l’espace entre grandes puissances
La China National Space Administration (CNSA) ne peut ignorer les annonces que font les autres grandes agences spatiales. Et on sait que son programme est très vigoureux : test de déviation d’un astéroïde, alunissage futur en coopération avec la Russie, finalisation de sa station en orbite autour de la Terre, séjour de plus en plus long des équipages, télescope astronomique géant…
Si les États-Unis conservent une avance et une expérience indéniable dans la course à l’espace, l’écart avec la Chine s’est significativement réduit. Beijing peut même se targuer d’avoir réussi quelque chose d’unique : se poser sur la face cachée de la Lune avant tout le monde. Certes, cela aurait été dans les cordes de Washington, mais jamais une telle mission n’a été commandée.
L’accès à la planète Mars dépend d’une mécanique céleste complexe. Pour faire simple, les opportunités de mission surviennent tous les deux ans, lorsque les trajectoires de la planète rouge et de la Terre sont optimales pour permettre une durée de voyage réduite. Manquer le coche de 2031, date initialement prévue, c’est se condamner à devoir attendre 2033.
La mise à jour des étapes futures du projet commun entre les deux rives de l’Atlantique implique donc aussi une révision de la date de départ des engins qui seront placés en amont, à savoir le Sample Retrieval Lander, qui relève de la responsabilité de la Nasa. Celui-ci partirait en 2028 et non plus en 2026. Quant à l’Earth Return Orbiter de l’Agence spatiale européenne, c’est toujours 2027.
La faisabilité de la feuille de route chinoise reste évidemment à démontrer, car il ne s’agit pour le moment que de quelques dates jetées sur une présentation PowerPoint. C’est en 2028, quand les missions chinoises décolleront vers Mars, que l’on pourra constater si la Chine s’est montrée plus rapide que les USA et l’Europe pour transporter des échantillons de Mars vers la Terre.
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