« La pression artérielle est le signe vital le plus important que vous puissiez mesurer, mais les méthodes pour le faire en dehors de la clinique de manière passive, sans brassard, sont très limitées », déplore l’ingénieur Deji Akinwande, sur le site de l’université du Texas. C’est pour cette raison qu’avec son équipe, ils ont développé un tatouage électronique capable de prendre cette mesure.
Il existe certes déjà de nouvelles technologies portables, plus légères, plus confortables, pour récupérer des données de santé. Les montres intelligentes, dans le commerce, en font partie. Mais si elles peuvent mesurer la fréquence cardiaque par exemple, ce n’est pas le cas de la pression artérielle — notamment car une montre ne reste pas suffisamment fixe pour surveiller les artères et que leur technologie basée sur des capteurs LED n’est pas adaptée à cette mesure. Tout au plus, ces outils pourraient surveiller la pression artérielle par à-coups, de manière discontinue, ce qui n’a pas beaucoup de valeur médicale.
Là est l’intérêt de ce nouveau dispositif décrit le 20 juin 2022 dans Nature. Un tatouage électronique est très peu invasif tout en restant parfaitement fixe. « Vous avez besoin que le capteur reste au même endroit, car si vous le déplacez, les mesures seront différentes », précise Roozbeh Jafari, professeure d’ingénierie biomédicale, sur le site de l’université. « Le capteur du tatouage est léger et discret. Vous le placez simplement là. Vous ne le voyez même pas et il ne bouge pas. »
Comment fonctionne un tatouage électronique ?
Le tatouage électronique développé par cette équipe de recherche est basé sur du graphène, un matériau aussi solide qu’extrêmement fin. Une fois installé sur le corps, il envoie un léger courant électrique dans la peau, puis mesure comment le corps y répond. Cette réponse correspond à la bioimpédance, laquelle contient des informations sur les variations de la pression artérielle.
Il faut toutefois traiter ces informations reçues, c’est-à-dire comprendre la corrélation exacte entre pression artérielle et bioimpédance. Ce n’est pas possible spontanément. Alors, pour ce faire, les ingénieurs ont développé un algorithme d’apprentissage automatique apte à repérer cette corrélation et à en déduire des éléments sur la pression artérielle.
C’est ainsi qu’à l’aide de ce tatouage électronique, la mesure de la pression artérielle est continue pour toutes les situations où elle est pertinente : niveaux de stress, sommeil, exercice physique. Les auteurs estiment que des milliers de mesures sont possibles, ce qui est bien supérieur à ce que peuvent fournir les autres dispositifs jusqu’à maintenant.
« Toutes ces données peuvent aider à créer un jumeau numérique pour modéliser le corps humain, afin de prédire et de montrer comment il pourrait réagir et répondre aux traitements au fil du temps », précisent les auteurs. Ce prototype appartient au mouvement médical général visant à développer une médecine personnalisée et moins invasive au quotidien.
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