Les débris spatiaux sont dangereux pour la Station spatiale internationale (ISS). Le 16 juin 2022, une correction de trajectoire a dû être menée, afin d’éviter un risque de collision avec un objet artificiel. Il s’agissait de l’un des vestiges d’un test de missile antisatellite russe, qui avait eu lieu 7 mois plus tôt, le 15 novembre 2021.
Fort heureusement, l’équipage de la station n’a pas été mis en danger durant la manœuvre d’évitement et lors du passage du débris. Néanmoins, l’incident souligne à quel point les débris créés par ce missile russe sont une menace durable. Plus globalement, l’ensemble des débris spatiaux qui tourbillonnent en orbite terrestre sont une menace pour les astronautes, de l’ISS ou de la station spatiale chinoise. Ces débris sont aussi une pollution notoire, qui complexifie l’équilibre entre les objets en orbite.
L’équivalent de la tour Eiffel, en petits morceaux, tourne en orbite
Tous ces débris sont le vestige des tonnes de lanceurs, de véhicules et d’instruments envoyés dans l’espace depuis 1957 — on estime à plus de 9 500 tonnes la masse d’objets présents en orbite terrestre. « C’est la masse de la tour Eiffel. C’est gros, mais il faut l’imaginer subdivisée en petits shrapnels, au-dessus de nos têtes, dans un espace infini », explique à Numerama Christophe Bonnal, responsable des débris spatiaux au sein de la direction des lanceurs au CNES.
Et, le problème, c’est qu’une fois arrivés là-haut, ces objets y restent très longtemps : un objet placé à 1 000 kilomètres d’altitude est en l’air pendant 1 000 ans, avant de finir enfin sa course dans notre atmosphère. Le nettoyage atmosphérique ne suffit plus à arrêter la réaction en chaine. C’est le syndrome de Kessler (du nom de Donald J. Kessler, un consultant de la Nasa, qui l’a évoqué en 1978) : une collision produit de nouveaux débris, qui risquent eux-mêmes d’entrer en collision et de créer des débris supplémentaires, et ainsi de suite.
« Une zone est déjà pourrie, il n’y a plus que des débris là-dedans »
« Même si l’on arrêtait complètement le spatial demain, le nombre de débris va continuer à augmenter de façon exponentielle », résume Christophe Bonnal. D’ailleurs, il y a déjà une zone de l’espace devenue impraticable à cause des débris (justement parce que c’était la région la plus intéressante, où les envois ont été nombreux), ajoute l’expert : « entre 750 et 1 100 kilomètres d’altitude, une zone est déjà pourrie. Il n’y a plus que des débris là-dedans. On y a laissé nos poubelles. »
L’engorgement de débris dans cet endroit est un exemple de ce qui nous attend à l’avenir, à plus grande échelle. « Ça ne va pas se nettoyer tout seul », prévient Christophe Bonnal. C’est pourquoi des missions de nettoyage de l’espace sont aujourd’hui envisagées. Le chantier est ambitieux, mais cette option est la plus concrète dont nous disposons, si l’on espère continuer à exploiter l’espace pour nos activités futures.
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