Ça y est ! Capstone n’est plus sur Terre. Le tout petit satellite de la Nasa vient de s’en aller pour un voyage sans retour. Direction : la Lune. L’engin — un CubeSat, c’est-à-dire un appareil dont les dimensions s’apparentent à celles d’une boîte à chaussures — est parti de Nouvelle-Zélande, à part d’une fusée Electron mise en œuvre par la société américaine Rocket Lab.
Bien que méconnu du grand public, le nanosatellite de l’agence spatiale américaine doit remplir une mission aux enjeux majeurs pour la bonne mise en œuvre le plan consistant à faire revenir des astronautes sur la Lune — le programme Artémis. Il fait office d’éclaireur pour la future station spatiale lunaire, en se plaçant sur une orbite particulière, qui doit être celle que la superstructure utilisera un jour.
Cette orbite particulière est appelée orbite de halo presque rectiligne (ou NRHO pour near-rectilinear halo orbit). Par rapport à la Lune, elle est assez allongée, en forme d’ellipse. Selon la Nasa, elle est « à un point d’équilibre précis entre les gravités de la Terre et de la Lune, offre une stabilité pour les missions à long terme comme Gateway », la future station lunaire.
Cette orbite offre plusieurs caractéristiques pratiques pour la Nasa en prévision des allers-retours entre la Terre et la Lune et ne nécessite pas beaucoup d’énergie pour se maintenir en place. Elle est également intéressante pour préparer des missions qui iraient au-delà de la Lune — Mars est évidemment dans toutes les têtes et s’avère être la véritable nouvelle frontière de l’humanité.
Capstone est parti pour un voyage de trois mois
Capstone est maintenant parti pour un voyage de quelques mois. Dans six jours, un dernier allumage du moteur Photon (qui est le troisième étage de la fusée Electron) fournira une poussée permettant d’accélérer à plus de 39 400 km/h afin de sortir de l’orbite terrestre basse et s’engager dans l’espace profond. Capstone mettra alors le cap vers la Lune.
La Lune a beau être dans le voisinage immédiat de la Terre, avec une distance d’à peine 384 400 km, le voyage prendra trois mois. Une fois insérée en orbite, l’engin opérera au moins pendant six mois autour du satellite — et peut-être davantage si une prolongation de mission est décidée. Objectif principal : s’assurer de la stabilité de l’orbite prévue pour la station Lunar Gateway.
La Nasa juge que l’orbite NRHO « convient parfaitement à Gateway », en combinant les avantages de l’orbite lunaire basse (accès à la surface) avec ceux de l’orbite rétrograde lointaine (efficacité énergétique). Elle donne accès au pôle sud et à divers sites d’atterrissage, où les astronautes testeront des dispositifs pour de futures explorations dans le Système solaire.
L’orbite NRHO offrira aussi des opportunités en matière de recherche scientifique dans l’espace lointain, pour mener des expériences sur les rayonnements et leurs effets sur les organismes et les instruments de bord. Autre atout notable : elle évite aussi les interruptions de communication avec la Terre, puisque la station spatiale sera toujours en vue de la Terre.
En somme, cette orbite a des allures d’un collier qui serait suspendu au cou de la Lune, dixit l’agence spatiale. On peut difficilement faire plus poétique.
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