Le septième vague de covid est là en ce début juillet 2022, avec un taux d’incidence en France de plus de 800 cas pour 100 000 personnes. Comme depuis le début de la pandémie, freiner la propagation du covid est essentiel. Et pour ce faire, il faut adopter des gestes barrières.
Mais notre connaissance du virus a évolué et, avec elle, notre appréhension des mesures les plus efficaces pour lutter contre le covid. Au début de la pandémie se posait la question des modes de transmission les plus utilisés par le coronavirus SARS-CoV-2. On sait maintenant que celui-ci est surtout aérosol. Qu’est-ce que cela implique pour les mesures barrières ?
Le coronavirus est aérosol
Le covid étant aérosol, cela signifie que la transmission se fait essentiellement par des gouttelettes aéroportées. Lorsqu’une personne infectée parle, tousse, éternue, ou même chante, elle émet des gouttelettes qui portent le virus. La contamination a lieu au moment où l’on inhale ces particules. Cette interaction a lieu principalement dans deux configurations :
- Un contact de proximité (moins de 2 mètres) et/ou prolongé
- Un lieu mal ventilé/aéré
Cela signifie que l’un des gestes barrières les plus déterminants est l’aération. Et c’est aussi pour cette raison que les masques jouent un rôle important : les fameuses particules sont freinées à l’expulsion par un masque chirurgical et bloquées à l’inhalation par un masque FFP2 (dans une moindre mesure par un chirurgical).
Inversement, c’est aussi pour cette raison qu’une visière utilisée sans masque a très peu d’utilité (a fortiori les petites visières posées sur le menton, qui ont fait fureur à une époque mais se rapprochent grandement d’une dangereuse escroquerie). Les séparations en plexiglas, quant à elle, pourraient théoriquement avoir un intérêt, mais elles sont souvent très mal mobilisées — les gouttelettes passent par au-dessous, au-dessus, sur les côtés — et sont alors inutiles.
Se laver les mains n’est pas un geste barrière contre le covid (mais une bonne habitude)
Quid, alors, des surfaces ? C’est ce que les anglophones appellent « transmission par les fomites », lorsqu’une personne infectée éternue ou tousse sur un objet par exemple, y dépose l’organisme pathogène, puis que vous le touchez à votre tour avant que votre main n’entre en contact avec votre bouche ou votre nez, y redéposant le pathogène. C’est là un vecteur de contamination pour de nombreuses maladies.
Mais on sait aujourd’hui qu’il ne s’agit pas du vecteur principal de transmission du covid. Il est même négligeable à côté de la contamination aéroportée. D’après les estimations du CDC (basées sur des études d’évaluation quantitative du risque microbien), le risque d’être contaminé via une surface est « faible ». Il y aurait 1 chance sur 10 000 d’être contaminé par les surfaces. Et il est difficile d’estimer ces contaminations : il ne suffit pas de soustraire les cas contact tombés malades, car on peut être infecté par une personne asymptomatique.
Cela a des répercussions en matière de santé publique. D’un point de vue scientifique, cela signifie que le lavage des mains ne peut pas être considéré, à proprement parler, comme un geste barrière contre le coronavirus SARS-CoV-2, puisque ce n’est pas son mode de transmission.
Faut-il pour autant abandonner cette pratique ? La réponse est à nuancer, en distinguant la communication sur les gestes barrières et le simple fait de se laver les mains.
La communication du ministère de la Santé, en France, insiste sur le lavage des mains au même niveau que pour l’aération ou les masques. C’est une erreur, car cela laisse croire à une même efficacité. De quoi créer un faux sentiment de sécurité avec un petit lavage des mains au gel hydroalcoolique. Or, se laver les mains n’est nullement aussi protecteur que les masques ou l’aération. Informer le public correctement sur comment agit le covid est un enjeu de santé publique.
D’un autre côté, il est clair que l’hygiène de manière générale est utile durant une pandémie — ne serait-ce que pour réduire les risques des autres maladies ou favoriser une attention collective. Il n’est donc nullement question d’abandonner la bonne pratique de se laver les mains au savon régulièrement (ou éventuellement d’utiliser le gel hydroalcoolique). Cela vaut pour les toilettes, ou lorsqu’on rentre des transports et des courses, par exemple.
Valoriser des mesures qui ont du sens
Concrètement, une situation où l’on ne verrait presque plus de masques portés, pas d’aération, mais un lavage des mains généralisé n’aurait tout bonnement aucun sens contre le covid. Or, il se trouve qu’il s’agit plus ou moins du statu quo actuel : le masque n’est plus obligatoire dans les transports et lieux publics, peu de dispositifs d’aération sont mis en place (ou dispositifs liés, comme les purificateurs, les capteurs de CO2…), mais l’on continue à distribuer du gel hydroalcoolique à l’entrée, par exemple, des commerces.
Après 2 ans et demi de pandémie et des connaissances scientifiques établies sur la contamination aéroportée du covid, on serait en droit d’espérer une valorisation plus active des mesures et de dispositifs ayant prouvé leur efficacité immédiate contre la propagation du covid.
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