Elle reposait dans les collections aquatiques des jardins botaniques Kew, au Royaume-Uni, depuis 177 ans : Victoria boliviana vient tout juste d’être identifiée comme une espèce à part entière, alors qu’elle était confondue, jusqu’alors, avec une autre déjà connue (Victoria amazonica). Mais cette découverte, à l’origine d’une étude parue le 4 juillet 2022, est d’autant plus fascinante que V.boliviana est le plus grand des nénuphars connus.
Les feuilles de V.boliviana font 3 mètres à l’état sauvage. L’un des spécimens atteint même 3,2 mètres — un record. Les fleurs produites par cette espèce originaire de Bolivie s’ouvrent chacune à leur tour, mais exclusivement pendant la nuit, et seulement deux nuits d’affilée, « passant du blanc au rose et couvertes de piquants acérés » précise le site de Kew.
Une troisième espèce pour le gène de plante Victoria
L’espèce vient seulement d’être identifiée, alors que les spécimens étaient déjà connus, parce que V.boliviana ressemble à s’y méprendre aux deux autres plantes du gène baptisé Victoria — V. amazonica (avec laquelle elle était surtout confondue) et V. cruziana. En 1832, lorsque la plante est identifiée pour la première fois, les données sont limitées. Pendant plus d’un siècle et demi, tous les nénuphars ressemblants à Victoria amazonica ont été considérés comme partie intégrante de cette espèce.
Mais en 2016, le botaniste Carlos Magdalena remarque quelque chose de bizarre en regardant trois spécimens éclore côte à côte. Ses grains, par exemple, prennent une forme légèrement différente. Ses fleurs se distinguent aussi, tout comme le dos de la plante. Alors, pour en avoir le cœur net, l’équipe de recherche des jardins botaniques Kew a lancé une grande enquête comparative à partir d’archives historiques, de données d’horticulture et de géographie, de rapports issus de la science citoyenne.
Et, enfin, les scientifiques ont séquencé le génome du spécimen : il était bel et bien différent des autres, confirmant qu’il se distinguait réellement d’un point de vue biologique. C’était donc acté : il existe une troisième espèce du gène Victoria.
Mais pourquoi identifier l’existence est-il si important, même lorsqu’on connaît déjà les spécimens ? « Décrire de nouvelles espèces à la science est crucial pour les efforts de conservation face à la perte de biodiversité et au changement climatique », répondent les scientifiques sur le site de Kew. Garantir la survie des espèces nécessite de connaître leurs particularités, pour mieux identifier les menaces et les prévenir. En se distinguant génétiquement, V.boliviana n’a pas la même biologie de pollinisation et de dispersion que V.amazonica et V.cruziana, ce qui implique une viabilité différente, et donc une conversation différente.
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