Qui se souvient de l’application TousAntiCovid ? Au moins une instance : la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Lundi 4 juillet, l’autorité en charge de veiller au respect de la législation en matière de données personnelles a rendu public son cinquième rapport sur les outils techniques mobilisés contre la pandémie de coronavirus.
Il ressort de ce nouveau point d’étape que l’application mobile, conçue pour faire circuler entre les smartphones l’utilisant des informations en cas de proximité avec une personne malade, n’a plus guère évolué depuis plusieurs mois. Les mises à jour reçues dernièrement n’ont pas changé significativement le fonctionnement de l’appli.
Dès lors, la Cnil n’a pas procédé depuis mi-juillet 2021 à d’autres contrôles pour vérifier la conformité de l’outil avec le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD). La dernière mise à jour pour Android remonte au 16 juin et concerne des « améliorations diverses et des corrections » qui n’ont pas consisté à l’ajout de nouvelles fonctions.
La principale fonction de TousAntiCovid n’est pas décisive contre le covid
Mais il y a un point sur lequel la Cnil appuie encore : l’intérêt de l’application dans la lutte contre la propagation du virus. Le rapport juge que la fonctionnalité première de TousAntiCovid est loin d’avoir démontré son intérêt. La Commission parle même d’une « utilité marginale » du suivi des contacts (contact tracing), alors même qu’il s’agit de la fonction première de l’app.
Le contact tracing, qui consiste à utiliser la liaison Bluetooth pour envoyer des informations pseudonymisées entre deux smartphones, en passant par un serveur central géré par l’État, pour savoir si l’on s’est trouvés à proximité d’une personne malade pendant un certain temps, nécessite en effet une ribambelle de conditions préalables pour faire vraiment la différence.
Il faut rappeler que les personnes doivent détenir un smartphone (de préférence, pas un iPhone), qu’elles activent le Bluetooth pour l’application, que celle-ci doit être installée et configurée, que les individus malades aient bien inscrit dans l’appli leur situation médicale et que la transmission à distance réussisse. Or sur toutes les personnes que l’on peut croiser en une journée, qui coche toutes ces cases ?
Le rapport de la Cnil souligne cela. Cette « fonctionnalité de suivi de contacts par Bluetooth dans le dispositif global de lutte contre l’épidémie de Covid-19 [est] très dépendante du nombre d’applications activement utilisées ». Or, l’appli peut se trouver sur des téléphones, mais ne plus avoir été ouverte et activée depuis des mois. Peut-être même a-t-elle été désinstallée parfois.
Pour souligner cette impression d’oubli de l’existence de l’app, la Cnil note que « les statistiques d’utilisation de la fonctionnalité de suivi de contacts (proportion de cas positifs se déclarant dans l’appli, nombre d’utilisateurs notifiés, proportion des personnes testées positives s’étant déclarées dans l’appli après avoir été notifiées, etc.) ne semblent pas particulièrement élevées. »
La Commission admet néanmoins une utilité accrue de TousAntiCovid quand une circulation plus active du virus survient, « compte tenu de l’augmentation des chiffres durant les pics épidémiques », ce qui entraîne une « amélioration continue des indicateurs d’efficacité de la fonctionnalité de « contact tracing ». Mais même dans ces périodes, le rôle de TAC est accessoire.
L’analyse de la Cnil sur TousAntiCovid est toutefois assortie d’un bémol : elle a reçu tardivement le second rapport du gouvernement au parlement, ce qui l’a empêché « d’analyser attentivement […] l’utilisation de l’application TousAntiCovid, son appropriation par les utilisateurs et l’efficacité des fonctionnalités de suivi de contacts (contact tracing). »
Les constats de la Cnil lui font dire que l’application peut être maintenue du fait de la crise épidémique, qui d’ailleurs remonte avec une septième vague, d’autant que les garanties intégrées pour préserver la vie privée restent satisfaisantes — les points qui avaient par le passé préoccupé l’autorité ont été réglés au fil des mises à jour.
Elle conseille toutefois aux particuliers de ne s’en servir que pendant les périodes de circulation active du virus. Et au gouvernement, l’institution lui rappelle que l’usage de l’application doit être limité à la durée strictement nécessaire à la réponse à une situation sanitaire exceptionnelle. Mais de toute évidence, il semble que de plus en plus de Français ont déjà choisi eux-mêmes de l’écarter.
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