C’est un coup dur pour la Nasa, mais aussi pour le programme Artémis, qui vise à ramener des astronautes sur la Lune durant la décennie 2020. Dans la journée du 5 juillet, l’agence spatiale américaine a fait savoir qu’elle a perdu le contact avec le nanosatellite Capstone, alors qu’il est en route vers le satellite naturel. Mais tout n’est pas encore joué.
Capstone, acronyme de « Cislunar Autonomous Positioning System Technology Operations and Navigation Experiment », est un minuscule satellite qui a été envoyé dans l’espace à la fin juin 2022. Après quelques jours en orbite autour de la Terre, il a mis le cap vers la Lune, avec pour mission d’expérimenter une orbite qui servira à une future station lunaire.
Le 4 juillet, la Nasa donnait encore des nouvelles enthousiasmantes sur Capstone : elle signalait que l’étage supérieur Photon de la fusée Electron avait bien éjecté le nanosatellite et qu’il était désormais en route vers sa destination — mais bien que la Lune ne soit distance que d’environ 384 000 kilomètres, il lui faudra environ quatre mois pour achever ce périple.
Mais le lendemain, les ennuis sont arrivés. Pour communiquer avec Capstone, la Nasa mobilise le Deep Space Network, un réseau de trois stations terriennes répartis un peu partout dans le monde — aux États-Unis, en Espagne et en Australie — afin de couvrir un maximum d’angles. Ce sont ces liaisons qui ont rencontré des difficultés, indique l’agence sur Twitter.
Une première correction de trajectoire, qui devait justement avoir lieu le 5 juillet, n’a donc pas pu être réalisée. Ces ajustements sont courants pour les sondes qui sont envoyées dans l’espace : ils permettent, avec de micro-poussées, d’affiner le trajet de l’engin jusqu’à sa destination. La Nasa notait toutefois que l’orientation générale de Capstone restait bonne, malgré cet incident.
Avant cette interruption de liaison, la Nasa avait reçu des nouvelles satisfaisantes du nanosatellite : ses panneaux solaires ont pu être déployés pleinement. L’engin commençait à charger ses batteries. Son système de propulsion était paré à faire sa première poussée. La Nasa avait également une idée de sa localisation dans l’espace et de sa vitesse de déplacement.
Les opérateurs au sol n’ont pour l’instant pas réussi à rétablir une connexion avec l’engin — les efforts en ce sens se poursuivent. Pour la Nasa, il n’y a pas encore péril en la demeure : les données avant la rupture des liaisons étaient nominales et Capstone a en réserve assez de carburant pour retarder de plusieurs jours sa première correction de trajectoire. Même si celle-ci pourrait être plus énergivore pour rattraper une dérive importante.
Un satellite pour évaluer une orbite atypique autour de la Lune
Une perte de Capstone, qui n’est absolument pas à l’ordre du jour, serait un coup pénible pour la Nasa, mais pas catastrophique. L’objectif du nanosatellite est de partir en éclaireur pour expérimenter l’orbite de la future station spatiale lunaire. Car la trajectoire qu’elle observera sera atypique, avec une forme de collier « suspendue au cou de la Lune », en quelque sorte.
Cette mission de reconnaissance pour cette orbite — qui s’appelle une orbite de halo presque rectiligne — ne mettra pas un coup d’arrêt au programme spatial américain si elle échouait. Elle pourrait toutefois nuire au calendrier du programme Artémis, dont le premier acte doit se jouer dès cette année avec la mission Artémis 1, dont les perspectives de décollage s’ouvrent dès juillet.
La mission Artémis consiste à faire décoller une fusée immense construite par la Nasa, le Space Launch System (SLS), dont les tests se sont terminés tant bien que mal cet été. Au sommet du lanceur, la capsule Orion, qui devra faire le tour de la Lune, puis revenir sur Terre. Mais pour cette mission, il n’y aura personne à bord. Ce n’est qu’avec Artémis 2 que les choses sérieuses commenceront.
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