Les premières images fournies par le télescope spatial James Webb (JWST) ont mis les larmes aux yeux aux scientifiques qui travaillent sur la mission. « Ce que j’ai vu m’a émue, en tant que scientifique, en tant qu’ingénieure et en tant qu’être humain », confiait Pam Melroy, administratrice adjointe de la Nasa, lors d’une conférence de presse.
Le secret sur le contenu de ces images n’a pas tenu bien longtemps. Bien que la révélation publique soit programmée pour le 12 juillet 2022, la Nasa avait déjà teasé l’une d’entre elles : on sait qu’il s’agira de l’image la plus profonde jamais prise de l’Univers. Ce sera donc une nouvelle version de la photo la plus connue de Hubble, le fameux « champ profond de Hubble ».
Dès ce 8 juillet, la Nasa a livré un premier teaser de l’image du champ profond capté par le James Webb. Voici :
Lorsque vous regardez cette image du James Webb, vous ne voyez que quelques étoiles, que vous pouvez repérer grâce à leur pic de diffraction (et leur centre apparaissant en noir). Il y a en revanche des milliers de galaxies sur cette simple petite région. Certaines sont dans l’Univers proche. D’autres sont dans le cosmos lointain, d’où la notion de « champ profond ».
Le teaser n’est qu’un brouillon
L’histoire de ce simple teaser est rocambolesque. En mai dernier, l’équipe a réalisé un premier test de stabilité pour mettre à l’épreuve la capacité du James Webb à verrouiller des cibles, en mobilisant l’instrument canadien Webb’s Fine Guidance Sensor. Sauf que les scientifiques ont découvert qu’il était possible de conserver les images capturées pendant ce test, car la bande passante de transfert de données était déjà fonctionnelle.
Résultat, ce n’est pas l’image définitive que vous verrez le 12 juillet. Elle est moins bonne. Le teaser a des « qualités assez grossières », selon la Nasa, car elle n’a pas été optimisée et ne pourrait donc pas vraiment servir à une étude scientifique approfondie. Il n’en demeure pas moins que l’image, qui résulte de 72 clichés pris sur 32h, est « l’une des images les plus profondes de l’Univers jamais prises ».
Il est déjà impressionnant qu’il ne s’agisse que d’un aperçu. Même une version « brouillonne » des capacités de James Webb est exceptionnelle en soi. Car les paramètres d’observation, lors du test, n’étaient pas optimisés pour détecter des « objets faibles ». Pourtant, l’image capture des objets lointains extrêmement faibles. « Lorsque cette image a été prise, j’ai été ravi de voir clairement toute la structure détaillée de ces galaxies peu lumineuses », confie l’un des scientifiques de la mission, Neil Rowlands.
C’est là toute la puissance révolutionnaire du télescope James Webb. Plus on regarde loin et mieux, plus on remonte le temps avec précision vers les premiers instants après le Big Bang (survenu il y a 13,8 milliards d’années). De fait, sa technologie d’observation permet de remonter aux prémisses de l’Univers, grâce à sa capacité à capter la lumière même peu intense des premières galaxies. Il sera possible d’étudier avec une précision inédite leur formation et leur évolution ; de même pour les étoiles. Ses instruments pourront aussi se tourner vers l’atmosphère d’exoplanètes pour étudier leur composition.
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