Un imposant débris spatial devrait retomber sur la Terre le 31 juillet 2022. Comme l’ont relevé plusieurs médias anglophones, dont le Washington Post le 25 juillet, l’endroit où devrait tomber cet objet n’est pas bien identifié. En revanche, l’origine de ce gros débris est connue : il s’agit d’une fusée chinoise, une Longue Marche 5B.
Ce lanceur a quitté le sud de la Chine le 24 juillet, afin de lancer dans l’espace le module secondaire de la station spatiale Tiangong, le « palais céleste » de la Chine en orbite autour de la Terre. Le module, baptisé Wentian, est un laboratoire dans lequel les équipages vont pouvoir mener des expériences. Son assemblage avec le reste de la station s’est passé comme prévu, mais on savait moins bien ce qu’il était advenu de la fusée. Ce n’est pourtant pas un détail.
Ce n’est pas la première fois qu’un lanceur chinois fait une rentrée incontrôlée
D’après Aerospace Corporation, une société américaine chargée de l’exploitation d’un FFRDC (un organisme de recherche financé par le gouvernement fédéral américain) et spécialisée dans l’aérospatial, le corps de cette fusée chinoise devrait bien faire « une rentrée incontrôlée ». La situation est jugée comparable à ce qui s’était déjà produit lors du lancement du tout premier module de la station spatiale chinoise, le 29 avril 2021. Une fusée Longue Marche 5B avait voyagé avec ce module jusqu’à l’orbite souhaitée, avant d’effectuer une rentrée incontrôlée sur Terre. « La trajectoire de la fusée a traversé plusieurs zones habitées et attiré l’attention du monde entier avant d’atterrir dans l’océan Indien, près des Maldives, le 8 mai », rappelle Aerospace Corporation.
À nouveau, on peut s’attendre à une rentrée incontrôlée de la fusée qui a lancé Wentian. Aerospace Corporation explique que cette situation vient du fait que le lanceur a, là aussi, atteint l’orbite : « Normalement, le premier étage d’une fusée et les boosters qui l’accompagnent ne sont pas conçus pour atteindre une orbite. Leurs trajectoires sont planifiées de manière que l’étage et ses boosters tombent dans une zone sûre, généralement dans l’océan. »
Si ces composants atteignent une orbite, il n’est plus possible de décider à quel endroit ils reviendront sur Terre, à moins de mener une manœuvre de désorbitation. Ce type de rentrée contrôlée consiste à utiliser les moteurs d’un engin spatial (étage de fusée ou satellite) pour le faire descendre sur son orbite et le diriger vers une zone où il va heurter la Terre (au-dessus d’un océan, par exemple).
Toute la masse de la fusée ne va pas atteindre le sol
L’étage central de la fusée est estimé à une masse d’environ 22,5 tonnes. Toute cette masse ne devrait pas retomber sur Terre, car, comme l’écrit Aerospace Corporation, « la règle générale veut que 20 à 40 % de la masse d’un grand objet atteignent le sol », même si cela dépend de chaque objet. « Dans le cas présent, on peut s’attendre à environ 5 à 9 tonnes. »
Pour anticiper où devrait retomber l’étage de la fusée, l’entreprise s’appuie sur le réseau de surveillance spatiale des États-Unis (chargé de répertorier les objets artificiels en orbite). L’image ci-dessous montre quelle pourrait être la trajectoire de rentrée de l’objet. En l’état actuel des connaissances, la fusée pourrait rentrer dans l’atmosphère terrestre « n’importe où le long des trajectoires bleue ou jaune ».
Il faut ajouter à cela que le retour de la Longue Marche 5B dans l’atmosphère terrestre va sans doute contribuer à une propagation de débris, mais il est pour l’instant trop tôt pour prévoir cette situation — la zone de rentrée de la fusée étant elle-même encore incertaine. « Il est très peu probable que les endroits éloignés des lignes soient menacés par des débris », estime au moins Aerospace Corporation.
De la même façon, il n’est pas encore possible de déterminer si la rentrée de la fusée sera visible depuis la surface de la Terre. Si elle se produit au-dessus d’un océan, il semble peu probable que ce soit le cas. Et si cela survient au-dessus d’une région plus peuplée, il faudrait a priori qu’il fasse nuit pour pouvoir voir quelque chose — l’obscurité permet de mieux distinguer les débris qui brillent lors de leur descente.
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