De nouvelles découvertes scientifiques relanceraient le débat sur l’existence du monstre du Loch Ness. Tout du moins, c’est une façon de présenter les choses. Mais, non, les travaux en question n’apportent pas réellement de nouveaux éléments sur cet animal imaginaire.

Les légendes racontent qu’un monstre séjournerait dans le lac du Loch Ness. Les histoires le décrivaient au début comme terrifiant — avant que les besoins du tourisme n’en fassent une description plus douce (jusqu’à le surnommer « Nessie » dans les brochures). Sans compter, évidemment, tous les canulars et photos trafiquées qui pullulent entre les années 1930 et nos jours. Mais cet animal légendaire peut-il avoir une existence en dehors de nos imaginaires ? La réponse reste non.

Les illustrations du monstre peuvent faire penser à certaines espèces. Parmi elles, la plus évoquée est le plésiosaure. Les premiers fossiles ont été mis au jour en 1823, par l’archéologue Mary Anning. S’il fait penser au monstre du Loch Ness, c’est en raison de sa tête de reptile, de son corps allongé, affublé d’un long cou et de quatre longues nageoires. C’est ainsi que l’industrie touristique écossaise en a rapidement fait sa source : les plésiosaures ne seraient pas éteints et le monstre du Loch Ness en ferait partie.

En plus de l’absence totale et absolue de preuves venant nourrir une telle suggestion, ils étaient des animaux marins et ne pouvaient donc pas se retrouver dans un lac. Mais voilà que de nouvelles études, publiées le 21 juillet 2022, rapportent que des fossiles de petits plésiosaures qui semblaient habiter aussi les eaux douces (comme les lacs) ont été trouvés. Il n’en fallait pas davantage pour voir émerger l’idée : ces trouvailles relanceraient le débat sur le monstre du Loch Ness.

Mais il s’agit là d’une interprétation tirée par les cheveux qui ne trouve pas réellement corps dans les travaux en question ni dans les propos de leurs auteurs.

A droite, représentation du plésiosaure. // Source : University of Bath
A droite, représentation du plésiosaure. // Source : University of Bath

L’étude parle des plésiosaures… pas du Loch Ness

Ce que suggère précisément l’étude, c’est que les plésiosaures pouvaient vivre dans les eaux douces. Ils le montrent grâce à une collection dispatchée de fossiles trouvés dans le désert marocain du Sahara, dans un site qui était une rivière il y a 100 millions d’années. Et ce qui est particulièrement utile, parmi les ossements, ce sont les dents : leur présence a tendance à indiquer là où les espèces évoluaient lorsqu’elles étaient en vie.

Ainsi les nouveaux travaux publiés se penchent sur ces différentes preuves de plésiosaures d’eau douce et les implications — est-ce qu’ils pouvaient y être des résidents permanents ou non, par exemple, et plus largement pourquoi ou comment des animaux marins évolueraient vers les eaux douces.

Mais il n’est nullement question du monstre du Loch Ness dans cette étude, qui ne s’intéresse pas à l’existence possible d’un animal issu des légendes et du tourisme. Même l’auteur principal de l’étude, Nick Longrich, n’y fait pas référence à un seul instant dans son long post de blog où il parle de la publication. Il aurait d’autant moins de raison d’en parler que les fossiles viennent du Sahara et non d’Écosse.

Attention aux emphases dans les communiqués de presse !

La seule mention qui est faite du Loch Ness est à trouver dans le communiqué de presse ; une source qui, usuellement, relie les recherches à des éléments grand public ou met de l’emphase afin d’être repris dans les médias. Mais, même en la matière, l’université reste plus que modérée : « Mais que signifie tout cela pour le monstre du Loch Ness ? D’un côté, c’est plausible. Les plésiosaures n’étaient pas confinés aux mers, ils habitaient les eaux douces. Mais les traces fossiles suggèrent aussi qu’après presque 150 millions d’années, les derniers plésiosaures se sont éteints en même temps que les dinosaures il y a 66 millions d’années. »

La plausibilité évoquée n’a donc pas grande importance, sauf en tant que formule visant à « faire parler ». Le seul lien — ténu — entre le monstre du Loch Ness et l’étude, c’est que l’espèce des plésiosaures pouvait probablement vivre dans des lacs, pas seulement en mer. Mais la même étude rappelle aussi que l’analyse des fossiles montre une énième fois que l’espèce s’est éteinte il y a des dizaines de millions d’années, bien avant qu’un humain puisse pointer le bout de son nez sur le fameux lac écossais.

Aucun débat n’est relancé sur l’existence supposée du monstre. Les fantasmes, par contre, eux, vont toujours bon train sur la toile en diffusant toujours un peu trop rapidement des informations tronquées, au détriment de l’esprit critique.

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