Ce sera une grande première. Et peut-être un moment quelque peu étrange, au regard de la situation géopolitique née de la guerre en Ukraine. Le 29 septembre 2022, au plus tôt, une fusée Falcon 9 opérée par SpaceX s’élancera des États-Unis. Jusqu’ici rien d’anormal. À bord, un équipage. Là encore, la routine. Mais parmi les astronautes, il y aura une Russe.
Une cosmonaute russe sur un vol SpaceX
Anna Kikina est effectivement annoncée aux côtés de deux Américains, Nicole Aunapu Mann et Josh A. Cassada, et du Japonais Koichi Wakata. Seul ce dernier est un vétéran, avec déjà quatre missions spatiales au compteur. Les trois autres vont ouvrir le leur à l’occasion de la mission SpaceX Crew-5, qui les emmènera jusqu’à la Station spatiale internationale (ISS).
La présence d’une Russe dans ce vol paraît incongrue au regard des tensions qui tendent désormais vivement les relations entre Moscou et Washington, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cependant, la présence de la cosmonaute Anna Kikina était déjà envisagée à bord du vol américain, des mois avant l’agression militaire.
Cette participation entre dans le cadre d’un échange de bons procédés entre les deux parties. Les Américains proposent un siège dans la fusée Falcon 9 à un ou une membre de Roscosmos, l’agence spatiale russe. En retour, les Russes réservent un siège à un ou une astronaute de la Nasa à bord d’une fusée Soyouz. Dans les deux cas, il s’agit d’avoir un ticket pour l’ISS.
Historiquement, les États-Unis et la Russie ont intensifié leur coopération dans le spatial ces dernières décennies — la Station spatiale internationale est en partie le fruit de ce rapprochement. Par le passé, chacun a transporté du personnel de l’autre à diverses occasions. Le temps de la rivalité directe, lors de la Guerre Froide, semblait révolu.
Aujourd’hui, l’heure est plutôt à la prise de distance entre les deux parties. Un signe parmi d’autres : la Russie souhaite se désengager à partir de 2024 de l’ISS, ce qui se traduira tôt ou tard par un arrêt de ces vols partagés. À terme, Moscou aimerait à nouveau se doter de sa propre station spatiale, comme à l’époque de Mir, mais pour l’instant, aucun module n’est construit.
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