La quatrième vague de chaleur qui touche la France début août 2022 signifie que la sécheresse se poursuit. Il en découle un niveau d’alerte maximal dans une soixantaine de départements, avec des restrictions liées aux usages de l’eau. La sécheresse vient aussi avec un impact direct sur les cultures à cause du stress hydrique (l’absence problématique d’eau).
« Sécheresse et canicule historiques ébranlent l’agriculture française et européenne : toutes les productions sont dans une situation critique et les agriculteurs paient au prix fort le cumul des effets d’un hiver historiquement sec, d’un printemps historiquement chaud et d’un été historiquement caniculaire », prévient la FNSEA sur son site internet, dans un post du 8 août.
Si l’intégralité du monde agricole est donc touchée, certains aliments sont tout particulièrement concernés. La baisse de rendement pourra être à l’origine de pénuries d’ici à quelques mois. Cela concerne notamment le lait.
Le lait
À l’automne, la brique de lait pourrait voir son prix augmenter, en raison de sa raréfaction. En cause, la sécheresse, qui réduit considérablement la production de lait. Un mois de mai sec se combine avec 4 canicules d’affilée. Le lien de cause à effet n’est pas bien compliqué : pour produire du lait, les vaches ont besoin de nourriture et de se sentir bien.
Or, avec la sécheresse, les vaches font face à un stress hydrique et leur nourriture est plus limitée. Les herbes se font, par exemple, plus rares, les étendues sont « cuites », à une période de l’année où cela constitue l’alimentation principale des vaches laitières dans les prairies.
« Au 20 juillet, la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l’année est inférieure de 21 % à la normale. La sécheresse persistante ainsi que les épisodes caniculaires impactent la pousse de l’herbe. La situation s’est dégradée en juillet sur la majorité du territoire, seules les régions centrales ayant connu une évolution proche de la normale », constatait fin juillet l’Agreste, organisme de surveillance statistique de l’agriculture.
Résultat, dans ce type de situation, les agriculteurs doivent piocher dans le stock prévu pour l’hiver et/ou se séparer d’une partie de leur cheptel.
Les pommes de terre
Le tubercule des pommes de terre contient une importante proportion d’eau — 77 % en moyenne. Les patates sont donc toutes sensibles au stress hydrique, bien que cela varie d’une variété à l’autre. La sécheresse signifie que les tubercules seront plus petits et le légume qui en résulte également. Certaines ne seront pas viables. Cela réduit très fortement le potentiel de pommes de terre commercialisables.
Les olives (et donc l’huile d’olive)
Les oléiculteurs se sont exprimés dans plusieurs médias sur l’absence de récoltes viables cet été. C’est lié au comportement de l’arbre, les oliviers : en cas de forte chaleur, il se débarrasse prématurément de ses fruits et referme ses feuilles pour économiser de l’énergie afin de survivre. C’est ainsi qu’un producteur ardéchois explique, par exemple, à FranceInfo qu’il va perdre 80 % de ses récoltes cette année, du jamais vu chez lui.
Cela aura un impact sur l’huile d’olive, ce qui va donc se superposer à la pénurie d’huile de tournesol due à la crise en Ukraine.
Les céréales
Pour les récoltes céréalières, les chiffres de l’Agreste ne sont pas très engageants pour certaines variétés :
- Le maïs : « Les conditions de culture, sèches et chaudes, sont néfastes au développement du maïs. Les surfaces grain (y compris semences) seraient en recul de 90 milliers d’hectares par rapport à 2021 et le rendement serait de
86,7 q/ha, contre 100,2 q/ha en 2021. » - Le tournesol : « Le potentiel de rendement pourrait être fortement altéré par la sécheresse : son estimation précoce est de 22,8 q/ha, soit 4,6 q/ha de moins qu’en 2021. »
Le rapport de l’Agreste conclut à un problème qui dépasse les frontières françaises, car cela touche toute l’Europe : « Les perspectives de rendements des cultures d’été de l’UE ont été considérablement réduites en raison de la persistance de conditions météorologiques chaudes et sèches. Les rendements du maïs grain, du tournesol et du soja seraient bien en dessous de la moyenne quinquennale. »
Le vin
Sur le site spécialisé Vitisphère, l’alerte est lancée : la sécheresse met les vignobles en souffrance. Certaines vignes, en particulier les plus jeunes, flétrissent. Chez les vignes plus âgées, c’est la défoliation (les feuilles chutent). Alors qu’ils devraient être en train de grossir, les grains se font plus petits.
Les vignes peu irriguées manquent d’acide malique, ingrédient essentiel de la couleur et de la saveur des vins. Face à une perte importante en teneur naturelle dans les grappes, les producteurs vont devoir compenser avec davantage d’alcool lors du processus de fabrication du vin.
Le stress hydrique risque donc d’avoir un impact qualitatif et quantitatif sur l’ensemble des récoltes.
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