Europe, la sixième lune la plus proche de la planète Jupiter, n’est pas qu’une boule de glace. Sous sa croûte glacée et lisse, d’une dizaine de kilomètres d’épaisseur, les scientifiques pensent qu’elle abrite un océan d’eau liquide (jamais vu directement). C’est au niveau de cet océan que des chercheurs pensent désormais qu’il pourrait y avoir un autre phénomène fascinant : de la neige sous-marine, qui tombe « à l’envers », du bas vers le haut.
Cette étonnante hypothèse a été évoquée par l’université du Texas à Austin, le 15 août 2022. L’idée est développée dans une étude parue dans Astrobiology (une version prépubliée de l’étude est accessible). Il faut bien noter qu’ici, les scientifiques n’ont pas étudié cette neige directement sur Europe. Ils ont analysé la manière dont de la neige sous-marine se forme sous les inlandsis (de vastes glaciers) de l’Antarctique. Ils en déduisent que cela pourrait aussi exister sur Europe.
« Nous concentrons notre étude sur la glace terrestre formée dans des environnements à faible gradient de température [ndlr, où la température varie peu avec la profondeur], ce qui correspond aux conditions attendues aux interfaces entre la glace et l’océan d’Europe », écrivent les chercheurs dans leur étude. Cet environnement terrestre est considéré comme ayant des conditions comparables à celles qui doivent exister sur Europe (température, pression et salinité de l’océan).
Y a-t-il de la neige sur Europe ? Il faut le découvrir
Si de la neige sous-marine s’avère bien présente sur Europe, les scientifiques pensent que cela pourrait influencer la manière dont sa coquille de glace s’est formée. L’une des conséquences serait que cette couche de glace soit moins salée qu’on l’imagine. Or, une telle information est essentielle pour l’exploration future de cette lune. La Nasa développe actuellement la mission Clipper, avec l’objectif de faire arriver cette sonde vers la lune de Jupiter en 2030. Le vaisseau sera équipé d’un radar pour observer en dessous de la croûte glacée et aider à déterminer si l’océan pourrait accueillir une forme de vie. Mais, si du sel est piégé dans cette glace, il faut le savoir, car ce sel perturberait potentiellement les images obtenues. Il faut donc savoir de quoi la glace est composée, pour interpréter correctement les données.
Les auteurs ont étudié les deux manières dont l’eau gèle sous les inlandsis de l’Antarctique : la glace « de congélation » et le frasil (des fragments de glace flottant à la surface de l’eau). La première se forme directement sous le glacier, tandis que le frasil se forme dans l’eau de mer puis se déplace en hauteur, un peu comme de la neige tombant dans le mauvais sens. Les deux sont moins salées que l’eau de mer, tout particulièrement le frasil. D’après les calculs des auteurs, le frasil pourrait être assez fréquent sur Europe.
Toutefois, ce scénario devra être vérifié directement sur place, mais les scientifiques sont enthousiastes. Mieux comprendre les propriétés et la structure de la glace sur cette lune est crucial si l’on veut un jour savoir si la vie pourrait exister dans l’océan d’Europe.
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