Espèce totalement éteinte de nos jours, le mégalodon était un superprédateur il y a plusieurs millions d’années. Une modélisation 3D nous en révèle plus sur son anatomie… encore plus titanesque qu’on ne l’imaginait.

Le nom du mégalodon laisse peu de place au doute : il est ainsi nommé car il était gigantesque (une seule dent équivaut à une main humaine adulte). L’espèce est aujourd’hui complètement éteinte, mais ce requin lamniforme était présent dans les océans de notre planète il y a 23 millions d’années, avant de s’éteindre il y a 3 millions d’années. Redoutable prédateur, le mégalodon (ou Otodus megalodon) a pu être caractérisé par les paléontologues grâce à des restes fossiles, mais les traces laissées par cet animal restent très rares : ce sont surtout des dents.

C’est là qu’interviennent les modélisations numériques. Une équipe menée par le paléontologue Jack Cooper a publié, ce 17 août, dans Science Advances, un modèle 3D du mégalodon à partir de fossiles en excellent état. De quoi approfondir son anatomie, plus impressionnante encore que prévu.

Il consommait des proies elles-mêmes énormes

Grâce à ce modèle 3D de l’animal, il est possible d’estimer plus précisément son comportement, lequel dépend forcément de l’anatomie. « Nous estimons qu’un O. megalodon adulte pouvait naviguer à des vitesses absolues plus rapides que n’importe quelle espèce de requin actuelle », constatent les chercheurs dans l’étude. La vitesse en question est de 5 km/h, contre 3 km/h pour un requin blanc.

Représentation artistique du mégalodon à partir des résultats de cette étude. // Source : J.J. Giraldo
Représentation artistique du mégalodon à partir des résultats de cette étude. // Source : J.J. Giraldo

Le mégalodon pouvait également « consommer entièrement des proies de la taille des superprédateurs modernes ». Cette préférence alimentaire pour les plus grandes proies a pu l’aider à « minimiser la compétition » sur la chaîne alimentaire, tout en fournissant une « source constante d’énergie pour alimenter des migrations prolongées sans autre alimentation ».

Et si l’on peut déterminer la taille des proies, c’est parce que l’étude apporte de nombreux éléments quant à la propre taille du mégalodon.

Un corps de presque 16 mètres

La modélisation produite par Jack Cooper et son équipe donne en effet des indications sur les dimensions de l’espèce. Le squelette reconstitué en 3D appartiendrait à un individu mesurant presque 15,9 mètres de long, ce qui est bien davantage pour ce spécimen précédemment évalué à 9,2 mètres. « Rien que la colonne [vertébrale] complète était de 11,1 mètres », détaille l’étude.

Ces travaux semblent confirmer l’idée que le mégalodon pouvait largement dépasser 10 mètres de long et atteindre un maximum d’environ 20 mètres, comme le suggérait déjà une étude parue en 2021 montrant que l’animal était encore plus gros qu’on ne l’imaginait.

Grâce à ces estimations de taille, qui permettent aussi d’évaluer son estomac et sa mâchoire, les auteurs ont pu déterminer qu’un mégalodon de 16 mètres comme celui étudié pouvait « ingérer complètement » et « en aussi peu que cinq bouchées », des proies aussi grandes qu’un orque — dont la taille fait environ 8 mètres et qui est lui-même considéré de nos jours comme un superprédateur.

Bien qu’il fut clairement effrayant, les résultats de l’étude montrent que le mégalodon « a joué un rôle écologique important en tant que superprédateur transocéanique ».

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