Le rover Curiosity roule depuis 10 ans sur Mars. Forcément, en une décennie, les composants du robot ne sont plus en aussi bon état : les roues de Curiosity sont ainsi percées de trous béants et cela ne risque pas de s’améliorer. Toutefois, ce n’est pas parce que le robot est vieux et abimé que la Nasa ne lui accorde pas des améliorations technologiques. L’agence spatiale prévoit une mise à jour qui permettra à Curiosity d’avancer plus vite, de 50 %, selon les indications de NewScientist le 17 août 2022.
Curiosity ne sera pas plus rapide : ce sont ses pauses qui seront plus courtes
Mais, qu’est-il prévu exactement ? Curiosity va-t-il subitement se mettre à foncer en déambulant sur Mars ? En réalité, il ne faut pas se dire que Curiosity va être capable de rouler à une vitesse plus élevée qu’actuellement, lorsqu’il est en mouvement. Sa vitesse maximale est estimée à 4 centimètres par seconde, soit 144 mètres par heure. Néanmoins, sur Mars, Curiosity ne roule pas tout le temps. Il fait fréquemment des pauses, et c’est ce critère-là qui devrait changer. « Ces pauses seront moins longues. C’est la méthode de roulage qui sera plus rapide », explique à Numerama William Rapin, chercheur CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie.
À l’heure actuelle, lorsque Curiosity roule, il avance un peu, puis s’arrête afin de prendre une photo sur le côté. « Cela permet de voir si l’on s’est vraiment déplacé, explique spécialiste. On peut très bien commander les roues, qui se mettent à tourner, mais sans que le rover se déplace. C’est le cas si l’on roule dans du sable et que l’on glisse : si l’on regarde juste la rotation des roues, on peut croire que l’on s’est déplacé. » Photographier sur le côté du rover (et pas devant lui) permet de confirmer que le robot a bien avancé, lorsque l’ordinateur de bord compare les détails des images. « Chaque grand déplacement est ainsi divisé en petits déplacements. »
Même si Curiosity est une grosse machine complexe qui semble capable de bien des prouesses technologiques, les ingénieurs préfèrent éviter de lui donner trop de tâches à faire simultanément. Les responsables de la mission sont prudents, souligne l’expert. « Il peut y avoir des interférences et l’on ne veut surtout pas que ça provoque une cascade d’erreurs. Par conséquent, on a tendance à segmenter. »
Avec la mise à jour, « on va réussir à faire un calcul en parallèle », c’est-à-dire alors même que Curiosity roule. « On prendra ces images, mais on n’attendra pas sur place de faire les calculs », détaille William Rapin. C’est donc la méthode de roulage qui devient plus rapide, mais pas le rover lui-même. La mission de Perseverance, le rover arrivé sur Mars en février 2021, a servi d’exemple. L’homologue de Curiosity fonctionne déjà avec cette méthode : puisqu’elle fonctionne bien, il a été décidé de l’adopter aussi sur Curiosity.
Cette mise à jour de Curiosity tombe bien : il va falloir avancer
Cette future mise à jour, dont la date exacte n’est pas encore communiquée, est bienvenue à ce stade de la mission. « On va en avoir besoin, affirme William Rapin. Sur Terre, avec une voiture, ce qui consomme le plus d’énergie, c’est la vitesse. Sur Mars, c’est plutôt le temps que l’on met. Pour conduire, il faut réchauffer les moteurs et utiliser l’ordinateur de bord, ce qui consomme de l’énergie. Si l’on arrive à réduire le temps, on réduit l’énergie utilisée. Pour Curiosity, on en a bien besoin : cela fait 10 ans et l’énergie de notre ressource radio active commence à diminuer. »
Or, la mission arrive vers un emplacement très intéressant. « Nous sommes dans un endroit génial et on a une belle feuille de route d’exploration des terrains à venir, s’enthousiasme le scientifique. On vient de passer un col entre deux petites butes, qui nous donne une première vue sur une formation géologique, que l’on attendait depuis très longtemps. On n’a pas encore les roues dedans, mais on la voit pour la première fois de près. » Un forage est d’ores et déjà prévu dans la zone. Bref, il va falloir beaucoup rouler : si Curiosity peut avancer plus vite, c’est donc une bonne nouvelle.
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