Il existe différentes formes de pollution. On pense spontanément à celle qui se matérialise par des déchets aux quatre coins du globe : le plastique. S’y ajoute la pollution lumineuse, elle aussi très problématique. Mais, on oublie souvent la pollution sonore dans l’équation.
Elle concerne des niveaux sonores anormalement élevés qui se reproduisent régulièrement : les bruits de travaux, les concerts, les voitures et motos, les avions, les voies ferrées. Cette pollution peut avoir un impact — parfois grave — sur notre santé. Mais, avec des travaux publiés en juin 2022, les biologistes Fay Clark et Jacob Dunn démontrent aussi le risque que cela représente pour les animaux vivant aux côtés des humains.
Dans un article diffusé via The Conversation, le 22 août dernier, l’autrice et l’auteur de cette étude détaillent ce qu’ils ont appris, en particulier par la synthèse de beaucoup d’autres travaux, confirmant que le bruit humain peut affecter les animaux qui vivent avec nous ou dépendent de nous.
« De la douleur, de la peur et des problèmes cognitifs »
Les animaux sauvages vivent malgré tout à nos côtés et nos pollutions peuvent les toucher jusqu’à métamorphoser leur cycle de vie. Les lucioles ont par exemple du mal à assurer leur reproduction (basée sur des flashs lumineux) en amont des villes en raison des lumières persistantes de nuit. Le constat est similaire avec la pollution sonore : « Les animaux sauvages souffrent de stress chronique, de problèmes de fertilité et modifient leurs itinéraires de migration en réaction au bruit. »
Cela peut provoquer des changements importants dans les comportements, par exemple, une nécessité de chanter plus fort. On se souvient d’ailleurs que, pendant les confinements, les oiseaux de San Francisco s’étaient mis à chanter différemment et… beaucoup moins fort — tout simplement, car ils n’en avaient pas besoin de surmonter d’autres bruits.
Chez les animaux domestiques, ou ceux dans les zoos et les fermes, le fait est qu’ils sont également exposés à des niveaux élevés de bruit et « auxquels ils ne peuvent pas échapper ». Les recherches montrent qu’un tel bruit peut « provoquer de la douleur, de la peur et des problèmes cognitifs ». Par exemple, chez les poissons, « les vibrations dues à un bruit extrême peuvent endommager la vessie natatoire, ce qui a un impact sur leur audition et leur flottabilité », écrivent Fay Clark et Jacob Dunn.
Et les dommages peuvent être permanents. La longue exposition à des bruits forts peut détruire les organes d’audition des rongeurs de laboratoire (c’est un fait déjà démontré), mais également leurs capacités d’apprentissage et de mémoire. Or, comme les souris sont des mammifères, cela signifie que des impacts similaires peuvent exister chez toute cette classe de vertébrés.
Les deux biologistes évoquent également l’installation d’une peur « durable » que peut générer un bruit régulier, provoqué par exemple, par des festivals (et par ailleurs par des bruits non humains, comme les orages). « Ce type de sensibilité au bruit, qui touche jusqu’à 50 % des chiens de compagnie, est déclenché par des bruits inattendus. Elle pousse les animaux à se cacher ou à rechercher le réconfort de l’homme. Les poules d’élevage exposées au bruit des véhicules et même à la musique se figent également par peur. »
Mais, il n’y a pas que le volume audible. S’ajoutent les vibrations provoquées par le bruit. Elles peuvent blesser les animaux en « secouant » les parties internes de leur corps. Cela concerne, par exemple, les animaux d’élevage, pendant le transport.
Fay Clark et Jacob Dunn espèrent qu’à l’avenir, de meilleures réglementations sonores pourraient prendre en compte l’impact de cette pollution sur le monde animal. Quant à vos compagnons, ils invitent à les protéger davantage, par vous-même, de ces bruits. Il est possible de leur fournir de quoi y échapper : « Des objets doux comme des oreillers ou des couvertures à l’intérieur d’une tanière aident à absorber les sons. Une pile de couvertures sous laquelle se glisser, même sans tanière, aidera à bloquer le bruit. »
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