C’est une première dans l’histoire de l’humanité. Nous savons désormais heurter volontairement un astéroïde, pour tenter de modifier sa trajectoire dans l’espace. Le but de la manœuvre, organisée par l’agence spatiale américaine ? Procéder à un exercice de défense planétaire, en répétant un scénario pour le jour où un astéroïde risquerait se percuter la Terre.
Avec l’astéroïde Dimorphos, la Terre ne courait absolument aucun danger. Sa trajectoire, même modifiée, ne l’amène pas à croiser notre orbite. Pourquoi le viser spécifiquement, alors ? Cette cible est en réalité une sorte de petite lune gravitant autour d’un autre astéroïde, Didymos. Dimorphos s’avère être un excellent terrain d’essai pour expérimenter l’énergie cinétique comme « arme de défense ».
Le plan consistait à projeter à très haute vitesse DART, qui est un impacteur (son nom est un acronyme pour « Double Asteroid Redirection Test »). DART avait une masse d’un peu plus d’une demi-tonne (550 kg) et a été lancé contre Dimorphos à près de 23 700 km/h. Il était estimé que la collision dégagerait une énergie équivalente à 3 tonnes de TNT.
Les images spectaculaires du crash du vaisseau DART sur l’astéroïde
Le crash du vaisseau kamikaze a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 septembre. Les effets du crash ne peuvent pas encore être observés — il faudra patienter des jours, pour ne pas dire des semaines et des mois, avant d’observer une certaine variation dans le mouvement de Dimorphos autour de Didymos. En revanche, on a la vidéo montrant le trajet fatal de DART jusqu’à sa destination finale.
La vidéo partagée par la Nasa diffère largement des superproductions hollywoodiennes en matière de films catastrophes, mais la séquence est réelle. Surtout, elle a été filmée à plus de 11 millions de kilomètres de la Terre, avec une caméra, Draco (Didymos Reconnaissance and Asteroid Camera for Optical navigation), qui était surtout là pour aider la navigation spatiale de DART.
Pour bien s’apercevoir des proportions en jeu, ayez en tête que la sonde DART n’était pas plus grand qu’un distributeur automatique, tandis que sa cible est aussi étendue qu’un terrain de football. Vous peinez à vous imaginer la taille de Dimorphos ? Vous pouvez vous rabattre sur le montage de l’Agence spatiale européenne, qui a placé les deux astéroïdes au-dessus de Paris. C’est à l’échelle.
On le répète : ni Didymos ni Dimorphos ne menacent la Terre. Le jour où un autre astéroïde se présentera avec un profil plus préoccupant, la Nasa saura qu’elle dispose d’une méthode déjà éprouvée pour peser sur la trajectoire de la menace. Et à ce moment-là, ce n’est pas un nanosatellite qui sera lancé, mais peut-être un impacteur beaucoup plus lourd, pour maximiser les effets du choc.
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