Comme prévu, la mission SpaceX Crew-5 a quitté la Terre le 5 octobre 2022 et mis le cap en direction de la Station spatiale internationale (ISS). À bord de la capsule, quatre passagers, qui séjourneront six mois en orbite. Il s’agit pour SpaceX de son huitième vol habité. Six ont acheminé des astronautes. Les deux autres s’apparentent à des missions touristiques.
Particularité de ce vol : on trouve une cosmonaute russe à bord. Anna Kikina est bien du voyage, malgré la crise diplomatique qui met à mal les liens entre Washington et Moscou, causée par la guerre en Ukraine. Il s’agit ici d’un programme d’échange de siège entre la Nasa et Roscosmos : les deux agences spatiales assurent chacune le transport d’un représentant de l’autre organisation.
Ce projet précède la guerre en Ukraine et s’est maintenu indépendamment de la situation sur le terrain et des sanctions croissantes prises par les USA contre la Russie — ainsi que des livraisons d’armes et du renseignement opérationnel. Ainsi, SpaceX s’est préparé normalement à transporter Anna Kikina et les Russes ont fait de même avec l’Américain Francisco Rubio.
Vingt ans séparent le vol de ces deux Russes
Ce n’est pas la seule particularité de cette séquence. Les médias américains, dont MSNBC, ont fait remarquer que le départ d’Anna Kikina depuis le centre spatial Kennedy, en Floride, constitue le premier envol d’un Russe depuis le sol américain vers l’espace en vingt ans. Il faut en effet remonter à novembre 2002 pour retrouver une telle configuration.
Cette parenthèse de deux décennies s’explique notamment par l’absence d’une capacité propre des États-Unis à envoyer du personnel dans l’espace. En 2011, les USA ont mis fin à la carrière opérationnelle de leur navette spatiale. Dix ans durant, Washington avait un trou capacitaire, comblé en 2020, quand SpaceX a été qualifié par la Nasa pour ce type de mission.
Et c’est bien avec une navette spatiale américaine que ce Russe, Nikolaï Boudarine, est allé dans l’espace. Nous sommes alors le 23 novembre 2002 et c’est la navette Endeavour qui assure la mission STS-113. Objectif ? Passer deux semaines dans l’espace pour poursuivre l’assemblage de l’ISS et, spécialement, l’installation d’une poutre.
Cette mission STS-113 est la dernière à laquelle participera Nikolaï Boudarine. Il aura effectué un total de trois missions spatiales pour une durée cumulée de 444 jours dans l’espace. Il aura aussi bouclé huit sorties spatiales, pour un total de 44 heures. C’est essentiellement dans les années 90 que le cosmonaute a fait ses missions, dans la station spatiale russe Mir.
Pour la petite histoire, Nikolaï Boudarine a eu de la chance. Il a été dans la mission qui s’est déroulée juste avant la mission STS-107. Ce code ne vous dit peut-être rien. Il est pourtant associé à l’accident de la navette spatiale Columbia, en février 2003. Certes, ce n’est pas la même navette (Boudarine a volé avec Endeavour), mais un ré-assignement aurait pu tout changer.
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