C’est l’un des leviers imaginés par le gouvernement dans son plan de sobriété énergétique. Au niveau du numérique, il convient d’étendre autant que possible la veille des décodeurs et des box Internet. Ce mode serait activé en cas d’inactivité, ce qui veut essentiellement dire la nuit, pour l’extrême majorité des cas, mais également le week-end en cas d’absence prolongée.
Le plan gouvernemental évoque l’établissement de critères par les opérateurs pour savoir quand passer en veille. Pour l’heure, la communication des quatre FAI — Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free — développe plutôt une logique d’incitation plutôt que de contrainte. On prodigue des conseils, on envoie des SMS en cas de besoin, on facilite l’accès à des outils d’économie d’énergie…
Combien consomme une box en électricité ?
Peut-on toutefois espérer des gains d’économie d’énergie en débranchant la box ou en la mettant davantage en veille ? Si l’on tient compte des estimations de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), une box standard fait déjà partie des appareils les moins gourmands à l’année — surtout au regard de sa plage horaire de fonctionnement.
En juillet 2022, un tableau de l’Ademe indiquait qu’une box consomme 97 kWh (kilowatts heure) par an, pour un fonctionnement de 22 heures par jour — il s’agit-là de moyennes. À l’année, cela représente une dépense de 16 euros. Aucune solution de remplacement vers un produit plus économe en énergie n’est proposée par l’Ademe, contrairement à d’autres appareils.
Grossièrement, on devine que même en divisant par deux le fonctionnement de la box (11 heures par jour), on obtiendrait au mieux une dépense de 8 euros au lieu de 16. Le gain n’est que de 8 euros. C’est peu sur une facture annuelle atteignant des centaines d’euros d’ordinaire, voire quelques milliers d’euros. C’est mieux que rien, diront certains, surtout si d’autres actions sont prises.
Ce que consomme une box Internet fait l’objet de calculs différents.
Le collectif Green IT a publié en 2020 les conclusions d’une étude affirmant qu’une box DSL / fibre consomme en moyenne 158 kWh d’électricité par an — et jusqu’à 300 kWh selon les modèles. Green IT précise que ces 158 kWh incluent la consommation électrique de la box et celle du décodeur TV. Seule, une box Internet consomme moins.
Ces résultats sont repris par l’exécutif pour proposer leur mode veille étendu dans les box.
D’après Green IT, cela équivaut à « 10 ordinateurs portables utilisés 5 heures par jour à la maison ». De son côté, l’Ademe établissait une comparaison avec le poids d’un petit réfrigérateur consommant sur une année. Cela étant, le fait est que la box n’est franchement pas l’appareil le plus sollicitant sur le réseau, malgré des analogies qui se veulent frappantes.
Une optimisation croissante des box
Surtout, il apparaît que les box modernes ont une consommation de plus en plus optimisée. C’est ce que clame Orange avec la Livebox 6. « La veille profonde permet à la Livebox 6 d’économiser jusqu’à 85% d’énergie par rapport à sa consommation sans avoir activé le mode veille », lit-on dans une brochure. Elle a aussi un écran moins énergivore et une ventilation naturelle.
Il y a en fait deux modes : une veille légère, qui désactive Internet, mais laisse le téléphone fixe en état de fonctionnement, et une veille profonde, qui désactive tout. La Livebox ne consomme plus que 0,5 watt par heure et agit comme si elle était éteinte. Cette veille peut être déclenchée à distance, depuis l’application dédiée sur son smartphone.
C’est ce que l’on retrouve aussi en partie chez Free. L’opérateur a aussi présenté les grandes lignes de son plan de sobriété énergétique et, pour ce qui est de la box, le FAI s’engage à « faciliter l’accès à des outils d’économie d’énergie avec notamment la planification de l’extinction du Wi-Fi via l’application Freebox Connect et la mise en avant d’un menu Économie d’énergie sur certaines Freebox. »
Dérisoire au niveau individuel, significatif globalement
À l’échelle d’un seul foyer, les économies d’énergie et d’argent sont dérisoires. Au niveau de tout un pays, c’est-à-dire en cumulant toutes les box de France, l’échelle n’est pas du tout la même. Les veilles et les extinctions ont un effet beaucoup plus marqué. C’est ce qu’écrit le régulateur des télécoms dans un document d’octobre 2019 sur l’empreinte carbone du numérique.
L’Arcep évoquait plutôt une utilisation de « quelques heures par jour en moyenne ». Mais, « allumées en permanence », les box ont « une consommation équivalente à la production de deux à trois réacteurs nucléaires » en Europe. Cela, à cause d’une incitation insuffisante chez les opérateurs comme chez les internautes pour limiter leur consommation en cas d’inutilisation.
Les calculs de l’Arcep, de Green IT et de l’Ademe font parfois l’objet de critiques sur les réseaux sociaux. Parmi les critiques les plus récurrentes figure le fait que l’on est vraiment sur l’épaisseur du trait avec les box et qu’il y a certainement des domaines bien plus énergivores dans lesquels un levier d’action aurait vraiment plus d’effet.
Une piste à explorer serait de bien promouvoir l’existence du mode veille pour tous les propriétaires d’une box, afin que chacun puisse régler au cas par cas un planning pour endormir sa box aux heures les plus adaptées — par exemple, de 2h à 7h du matin pour tel individu, mais de 23h à 8h pour tel autre. Cela pourrait convenir à bon nombre de personnes.
Dans les cas de figure plus atypiques, comme un foyer tourné fortement vers la domotique (assistants vocaux, caméras de surveillance, alarme, chauffage, volets roulants…), on pourrait très bien passer outre, pour éviter de perturber la bonne marche de ces équipements. Dans ce cas, les efforts de sobriété seraient à aller chercher ailleurs.
(mise à jour de l’article pour une précision sur les mesures de Green IT)
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