La fonte des glaces, causée par le réchauffement du climat, pourrait provoquer la libération d’un réservoir de virus dans l’Arctique… et toucher ainsi des êtres vivants jusqu’à causer des « débordements » viraux.

Le risque d’émergence d’une maladie épidémique « augmente avec la fonte des glaciers », déplorent les auteurs d’une étude parue ce mercredi 19 octobre. Ils ont concentré leurs recherches plus précisément sur l’Arctique, dans ses lacs et ses sédiments.

Ils ont mobilisé du séquençage ADN et ARN pour caractériser l’écosystème viral du lac arctique de Hazen en le rapportant aux virus déjà connus. Puis, ils ont comparé cette liste avec les hôtes compatibles — animaux, plantes, champignons — de ces virus. Ensuite, les chercheurs ont utilisé un algorithme pour évaluer la probabilité qu’une fois dans l’un de ces hôtes, les virus puissent déborder vers d’autres espèces.

Un « terrain fertile » pour les pandémies

Conclusion : le risque d’un débordement viral est élevé si la glace de l’Arctique continue à fondre en libérant ces virus. « Avec le changement climatique, l’activité métabolique de la microbiosphère de l’Arctique se modifie également, ce qui a une incidence sur de nombreux processus écosystémiques, tels que l’émergence de nouveaux agents pathogènes », expliquent les auteurs.

Or, le débordement viral peut se transformer en zoonose — le passage d’une maladie d’un animal vers l’être humain. La transmission zoonotique explique la pandémie liée au coronavirus SARS-CoV-2. Résultat, selon les auteurs de cette étude, l’Arctique « pourrait devenir un terrain fertile pour les pandémies émergentes » à cause de la fonte des glaces.

Hazen Lake, dans l'Arctique. // Source : Ansgar Walk / wikimédias
Hazen Lake, dans l’Arctique. // Source : Ansgar Walk / wikimédias

La probabilité de zoonoses s’accroît à mesure que l’être humain empiète sur les écosystèmes. On le sait, l’exploitation des animaux sauvages constitue un risque majeur de zoonoses. De même, il est dorénavant bien documenté que le pergélisol arctique, à l’image d’un congélateur, contient un réservoir de pathogènes — potentiellement nocifs pour de nombreux êtres vivants (dont l’être humain). Le réchauffement du climat peut donc en libérer.

En 2016, une épidémie provoquée par une bactérie d’anthrax a causé une mort et plusieurs hospitalisations en Sibérie. L’explication fournie par les scientifiques était justement à trouver dans la fonte des glaces. Un renne tué par la maladie était piégé dans la glace, mais lorsque celle-ci a fondu, cela a libéré la carcasse ainsi que les spores, contaminant des rennes aux alentours, avant d’atteindre les populations humaines locales.

À écouter : notre podcast « La 6e extinction »

Pour approfondir les enjeux écologiques de notre ère avec des notes d’espoir, découvrez le premier épisode de notre podcast dédié aux menaces qui pèsent sur le vivant : La 6e extinction. Disponible sur toutes les plateformes d’écoute ou le player ci-dessous.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.