Le projet saoudien d’une gigantesque ville futuriste dans le désert, baptisée The Line (ou NEOM), semblait si absurde qu’il pouvait faire rire. Il a toutefois bien été lancé, et les premiers constats humains sont déplorables.

La ville du futur commence déjà à poser beaucoup de questions. Alors que l’Arabie Saoudite a entamé la construction de The Line (liée au vaste projet Neom), son projet de cité titanesque supposément révolutionnaire, certains médias commencent déjà à révéler la face beaucoup plus sombre de cette construction.

Citant le média libanais megaphone.news, les Echos ont relevé, le 13 octobre dernier, que trois hommes avaient été condamnés à mort par des tribunaux d’exception saoudiens. Il s’agit de Shadli, Ibrahim et Ataullah al-Howeiti, trois membres de la tribu Howeitat, explique France 24.

« Le tribunal pénal spécialisé (CPS) d’Arabie saoudite a condamné à mort trois membres de la tribu Huwaitat dont la famille, ainsi que d’autres, ont été expulsées de force et déplacées pour faire place au mégaprojet Neom poursuivi par les autorités saoudiennes », peut-on lire dans le communiqué de presse d’ALQST, une organisation de défense des droits humains en Arabie saoudite. « Ataullah al-Huwaiti a été vu dans plusieurs clips vidéo, parlant de la misère à laquelle sa famille et tous les autres résidents déplacés étaient confrontés à la suite de leur explusion. »

L’un de ces trois hommes est le frère d’Abdul Rahim al-Huwaiti, un militant qui a été tué en 2020 par les forces de l’ordre saoudiennes, après qu’il avait publié des vidéos s’opposant déjà à la construction de The Line. « Je serai tué et ils m’accuseront d’être un terroriste parce que j’ai refusé d’être déplacé et de quitter mon domicile », avait-il lancé, comme une prédiction.

Au total, environ 20 000 membres de la tribu des Howeitat sont forcés de quitter le territoire où le régime a décidé de construire la ville, où leur tribu habite pourtant depuis des siècles.

Les cadres occidentaux attirés par l’argent

De l’autre côté du spectre, il y a ces cadres dirigeants occidentaux que l’Arabie saoudite paierait une fortune pour venir coordonner les travaux de construction de The Line. Selon le Wall Street Journal, le royaume proposerait de rémunérer ces recrues près d’un million de dollars par an.

Dans les documents internes obtenus par le WSJ, qui détaillent les différents postes, on apprend qu’il ne s’agit là que du salaire de base, sans bonus ni compensations. Mais il y a surtout un autre point qui intéresse ces riches « expats » : le Royaume ne leur prend aucun impôt sur ce salaire. 100 % de la paie va donc directement dans leur poche.

Cette équipe de « dirigeants seniors » serait composée d’une vingtaine de cadres dont Peter Terium, ancien cadre de la société énergétique allemande RWE, Vishal Wanchoo, ex-président de General Electric en Asie du sud ou encore Joseph Bradley, ancien de Cisco.

Le projet de The Line présenté dans une bande-annonce // Source : YouTube/NEOM
Le projet de The Line présenté dans une bande-annonce est censé être plus haut que les plus hauts buildings occidentaux // Source : YouTube/NEOM

Qu’est-ce que The Line ?

« Aucune route, aucune voiture, aucune émission, The Line utilisera des énergies 100 % renouvelables et 95 % des terres seront préservées pour la nature », annonce le site officiel saoudien. Le projet du prince Mohammed ben Salman est aussi grandiloquent que son budget : 500 milliards de dollars pour construire la prétendue ville idéale du futur.

The Line est censée s’étendre sur 170 km de long pour une surface totale de 26 000 km carrés. Tout est censé se passer dans les airs : l’objectif du prince est de construire une ville de buildings, sur la hauteur, qui pourrait accueillir 9 millions d’habitants et plus de 5 millions de touristes par an.

Un géographe décrypte de The Line

Pour Numerama, le géographe Alain Musset a décrypté les ambitions et les implications du projet The Line, ce « fantasme d’architectes et d’urbanistes ».

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