Les baleines bleues sont les plus grosses consommatrices de plastique de la planète. C’est la terrible conclusion qui ressort d’une modélisation publiée le 1er novembre 2022 dans la revue Nature Communications.
« Les microparticules, telles que les microplastiques et les microfibres, sont omniprésentes dans les réseaux alimentaires marins », constatent d’emblée l’équipe de recherche. Toutes les données montrent effectivement, depuis plusieurs années, que la pollution plastique empire dans les océans. Même les crustacés qui vivent à 7 kilomètres de profondeur n’échappent pas aux microplastiques, de même jusqu’en Arctique. On en retrouve également dans notre corps.
Dans cette modélisation, les auteurs ont combiné les données de suivi du microplastique dans les océans avec celles de 191 baleines bleues (surveillées grâce à un petit appareil placé sur elles). C’est ce qui permet de quantifier les taux d’ingestion en fonction des routes d’exposition à cette pollution.
Elles ingèrent du plastique car leurs proies sont contaminées
Il se trouve que les baleines sont majoritairement exposées au plastique en raison… de leurs proies. Cela constitue presque la totalité — 99 % — de leur ingestion de plastique. Elles se nourrissent à une profondeur située de 50 à 250 mètres, ce qui coïncide avec « les plus fortes concentrations de microplastiques mesurées dans l’écosystème pélagique [l’écosystème en haute mer, ndlr] », écrivent les chercheurs.
En fonction de l’alimentation exacte, le taux d’ingestion diffère, mais les chiffres restent très élevés :
- Les baleines qui se nourrissent de krills (espèce assez similaire aux crevettes et à la base de toute la chaîne alimentaire dans l’océan) ingèrent potentiellement 10 millions de morceaux de plastique par jour — oui, ce chiffre est bel et bien quotidien.
- Les baleines se nourrissant de poissons sont exposées à l’ingestion de 200 000 morceaux de plastique quotidiennement.
Au total, chaque baleine porterait en elle environ 43,6 kilos de plastique au quotidien, en plus de son alimentation normale.
Cette estimation quantitative n’est que le début. Les auteurs décrivent déjà ce que doit être la prochaine étape : déterminer l’impact exact de ce taux d’ingestion sur l’écosystème marin, car il pourrait y avoir des perturbations de toute la chaîne alimentaire de manière verticale (entre prédateurs et proies) ou horizontales (au sein d’une même espèce). Ce sera crucial pour « relever les défis de la conservation et de la durabilité de l’Anthropocène », écrivent les auteurs.
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