Après le Sommet de la Terre en 1992, la COP est née. Et, chaque année, le résultat de ce rassemblement entre États pour évoquer le changement climatique est décisif et pourtant… systématiquement décevant. La COP27, qui s’est tenue en novembre 2022, se termine ainsi en demi-teinte. Aucun nouvel accord international pour réduire les émissions de gaz à effet de serre n’a été conclu.
Cela étant, il y a bien une étape franchie : la création d’un fonds international de pertes et dommages liés aux conséquences environnementales de la crise climatique. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutterres, a salué cet accord comme une avancée vers la justice. « Les voix de ceux qui sont au front de la crise climatique doivent être entendues. Le système des Nations unies va soutenir cet effort pour chaque étape. »
Qu’est-ce qu’un fonds de pertes et dommages ?
Les « pertes et dommages » correspondent ici aux conséquences matérielles et humaines du changement climatique. Cette crise n’est pas faite que de chiffres et de prédictions, mais d’effets bien concrets, dont beaucoup ont déjà lieu dans certaines régions du monde. Ne serait-ce que cet été 2022, par exemple, un pont s’est effondré au Pakistan en raison d’une vague de chaleur extrême.
Ce fonds vise donc à soutenir les pays les plus vulnérables — qui ne sont paradoxalement pas ceux qui sont les plus responsables du bouleversement du climat. Cela concerne en majeure partie les pays dits « en développement » sur le plan économique.
« La COP27 a pris une décision historique concernant un fonds pour les pertes et dommages. Cette décision, pour le sol africain, est un premier pas pour rectifier l’injustice systémique envers des milliards de personnes en première ligne de la crise climatique », a commenté Tasneem Essop, la directrice exécutive de Climate Action Network, lors de la déclaration plénière de clôture. « Le travail difficile pour rendre le fonds opérationnel et mobiliser des fonds commence maintenant. Nous n’aurons pas la patience d’attendre ou de faire obstruction au progrès. »
Et, justement, quant à la mise en œuvre du fonds, il reste tout à faire. Si la décision est historique sur le papier, elle est encore loin d’être concrétisée : on ignore quels pays financeront les pertes et les dommages, ni quels seront les montants alloués. Nul doute que cela déclenchera de nouveaux débats.
COP27 : l’objectif 1,5 degré est-il mort ?
Parfois, une absence de décision peut aussi être historique et c’est le cas lors de ce sommet. « Lorsque l’histoire de la crise climatique sera écrite, dans le monde qui nous attend, la COP27 sera considérée comme le moment où le rêve de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5° C s’est éteint », estime Damian Carrington, éditorialiste environnement à The Guardian. Pourquoi un tel constat — quelque peu sinistre ?
Factuellement, la COP27 n’est pas parvenue à entériner un accord permettant de réinscrire cet objectif dans le marbre avec des moyens pour y parvenir. En clair, la question des sources du changement climatique n’est toujours pas abordée frontalement. Pire, les énergies fossiles semblent, après presque 30 ans de COP, toujours aussi taboues.
D’après plusieurs témoins présents à la réunion, des représentants de l’Arabie Saoudite — pays dont l’énergie fossile est au cœur de l’économie — et d’autres de l’industrie pétrolière auraient même fait pression pour que la déclaration finale de la COP27 ne mentionne pas les combustibles fossiles. Un lobbying réussi : la déclaration finale du sommet ne mentionne aucunement la réduction de ces sources d’énergie polluante.
Pourtant, le consensus scientifique est entier et le dernier rapport du GIEC insiste justement sur l’importance des sources d’émission — qui doivent être réduites rapidement autant qu’amplement.
« Nous avons retardé l’action sur l’atténuation pendant si longtemps que nous sommes maintenant dans l’adaptation. Nous n’avons pas agi sur l’adaptation, donc nous sommes dans les pertes et dommages », a déploré Rachel Cleetus, de l’Union of Concerned Scientists, lors de son intervention.
L’atténuation, cependant, n’a rien d’impossible. Le passage aux énergies renouvelables, notamment, ne coûterait pas si cher. Les scientifiques du GIEC ont expliqué, document après document, combien il était encore physiquement possible de modifier la trajectoire pour réduire le réchauffement de la planète à travers tout un spectre de solutions. Ce qui est physiquement possible doit donc devenir politiquement possible.
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