« L’objectif final est de créer une plateforme généralisée pour le cerveau qui, à long terme, pourrait interagir avec toutes les sections de votre cerveau », a présenté Elon Musk, l’un des cofondateurs de l’entreprise Neuralink, qui développe des implants neuronaux. Il s’agissait d’une conférence annuelle ayant pour vocation première de recruter des scientifiques et des ingénieurs afin de lancer la production à grande échelle des implants.
« J’ai toujours dit que les prototypes sont faciles, et que c’est la production qui est compliquée », a-t-il souligné, « Mais, d’ici six mois, nous devrions avoir notre premier Neuralink dans un être humain.» Qu’entend-il par là ?
Que fait Neuralink, exactement ?
Depuis sa création en 2016, Neuralink a vocation à développer des implants qui puissent faciliter la vie de personnes en situation de handicap en créant une interface cerveau-machine qui pallierait certains déficits du corps.
Les implants en question ressemblent à une sorte de puce ronde avec des fils extrêmement fins (entre 4 à 6 μm, soit 0,004 à 0,006 millimètres) qui pourraient se fondre dans la « dentelle neurale », comme l’appelait Musk en 2019. À cette époque, il annonçait déjà un premier test sur un être humain en 2020. Force est de constater que le temps de la science est plus lent que le temps des annonces (sans compter les deux dernières années amputées à cause de la pandémie de covid), et que Neuralink a pris un peu de retard dans ses plans.
En avril 2021, Elon Musk avait fait beaucoup parler de Neuralink en montrant un singe qui joue au jeu Pong, une étape très impressionnante, mais qui demandait de prendre du recul pour en comprendre vraiment tous ses aboutissants et limites. « Les premiers produits Neuralink permettront à une personne paralysée d’utiliser son smartphone par la pensée plus vite qu’une personne avec ses doigts », avait vanté le milliardaire. Néanmoins, comme c’était déjà le cas lorsqu’il avait parlé de « cyber-cochons » en septembre 2020, l’avancée n’a rien de novateur au sein de cette branche de la recherche neuronale. C’est en 2006 que le premier implant a permis à un homme paralysé de faire une partie de Pong juste avec la force de son cerveau.
Il y a aussi tous les défis en termes de sécurité des patients et de santé sur le court, moyen et long terme pour celles et ceux qui se verront implanter un Neuralink un jour — Elon Musk dit d’ailleurs vouloir faire partie des cobayes. Sans compter les questions très prosaïques de hardware : lorsqu’un implant dysfonctionne, il faut forcément opérer à nouveau la personne pour procéder à des changements ou réparations, ce qui est invasif, même lorsque la procédure est faite par un robot conçu pour ça. Selon DJ Seo, co-fondateur de Neuralink, 64 des « fils » neuronaux pourraient être implantés en 15 minutes grâce au « robot-chirurgien », comme l’a souligné The Verge.
Comment Neuralink pourrait vraiment aider à faire avancer la science
Les deux priorités actuelles de l’équipe Neuralink seraient :
- De permettre à une personne aveugle de voir (« Même si quelqu’un est né aveugle, nous pensons que nous pouvons lui redonner la vue (…) parce que la partie visuelle du cortex est encore là ») ;
- De permettre à une personne paralysée « de pianoter sur son téléphone plus rapidement que quelqu’un qui a deux mains fonctionnelles », a re-insisté Musk.
Comme l’a rappelé Wired, les équipes de Neuralink n’ont pas donné de preuve concrète de leurs avancées, mais une vidéo diffusée au cours de la conférence a bien illustré comment un signal visuel (de la lumière) avait été recréé à l’intérieur du cerveau d’un singe.
Ironie de l’histoire : deux anciens chercheurs ayant quitté Neuralink pour monter leur propre entreprise (Science Corp) ont publié, il y a un an, une première étude très enthousiasmante sur la restauration de la vision, sous forme de « prothèse oculaire ».
Il faut dire que de nombreuses équipes scientifiques envisagent, depuis les années 1960, des manières d’améliorer les connexions entre le cerveau humain et la machine. En 2022, rares sont ceux qui aient eu l’autorisation et soient parvenus à lancer des tests sur des hommes et des femmes — la poignée de patients actuellement « implantés » est très scrutée.
Là où Neuralink pourrait vraiment changer les choses, c’est avec ses « fils » très fins et flexibles, mais aussi sa technologie d’implantation, en théorie beaucoup moins invasive que ce qui se fait actuellement. C’est également leur envie de passer par du wireless qui intéresse beaucoup : actuellement, les patients à qui l’ont a implanté une puce dans le cerveau doivent en majorité être « branchés » pour recharger l’implant ou effectuer des mises à jour.
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