Les Piliers de la création viennent d’être revisités par le télescope spatial James Webb. Encore une fois, le cliché proposé est grandiose et révèle des détails fascinants sur cette pouponnière d’étoiles.

C’est certainement l’une des photographies les plus fameuses de l’espace, avec « Un point bleu pâle ». Les « Piliers de la création », le surnom donné aux immenses amas de poussière interstellaire capturés en 1995 par le télescope Hubble, viennent de se révéler dans un cliché inédit, partagé le 30 novembre 2022 par l’Agence spatiale américaine.

Comme l’a fait remarquer l’astrophysicien Éric Lagadec, la Nasa a mis en ligne une nouvelle photographie de ces spectaculaires colonnes dans lesquelles naissent les étoiles. Ce cliché, que l’on peut consulter en ultra haute définition à cette adresse (la photo pèse plus de 57 Mo), a été pris par le nouveau télescope spatial de la Nasa : James Webb, opérationnel depuis l’été 2022.

Piliers de la création
Des piliers de poussière s’étendant sur des années-lumière. // Source : NASA, ESA, CSA, STScI

Ce nouvel observatoire ultramoderne avait déjà suscité l’admiration de toutes et tous en photographiant une première fois ces Piliers de la création. À cette occasion, on avait pu constater l’incroyable écart de précision, de finesse et de détail entre Hubble et James Webb. Rien d’étonnant, néanmoins : plus de trois décennies séparent ces deux télescopes.

À l’époque, toutefois, James Webb a mis en scène ces structures en se servant de NIRCam, sa caméra spécialisée dans le proche infrarouge — une longueur d’onde invisible à l’œil nu. Résultat ? Dans la photo, la poussière est orangée sur un fond bleu nuit. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit devenue un fond d’écran, comme les autres somptueuses photos de James Webb.

James Webb utilise sa caméra spécialisée dans le moyen infrarouge

Cette fois, c’est une composition mêlant NIRCam et MIRI qui est proposée. Le rôle de cette deuxième caméra est de cibler le moyen infrarouge — c’est pour cela qu’elle s’appelle ainsi (Mid-Infrared Instrument), comme NIRCam d’ailleurs (Near-InfraRed Camera). Cela n’est guère surprenant, puisque James Webb a été conçu pour être excellent dans l’infrarouge.

Le rendu, ici, est très différent : les colonnes apparaissent désormais grises, comme si elles étaient poussiéreuses, sur un fond bleu légèrement dégradé entre le bleu et l’orange. Ce sont dans ces volutes, qui s’étendent sur des années-lumière, que les étoiles apparaissent. Ces structures, aussi appelées nébuleuses, sont de véritables pouponnières stellaires.

Les piliers de la création, vues de Hubble et de James Webb. // Source : NASA, ESA, CSA, STScI, Hubble Heritage Project (STScI, AURA)
Les piliers de la création, vues de Hubble et de James Webb. // Source : NASA, ESA, CSA, STScI, Hubble Heritage Project (STScI, AURA)

« Lorsque des agglomérations de gaz et de poussière de masse suffisante se forment dans les piliers, ils commencent à s’effondrer sous l’effet de leur propre attraction gravitationnelle, chauffent lentement et finissent par former de nouvelles étoiles », rappelle la Nasa dans la page descriptive du cliché. C’est aussi pour cela que l’on parle de piliers de la création.

Malheureusement, nous n’aurons pas l’opportunité de voir des étoiles pleinement formées. Ce processus prend littéralement des millions d’années — sur ce cliché, ces astres, dont certains ne sont encore que des protoétoiles, n’ont que quelques centaines de milliers d’années. L’espèce humaine aura sans doute largement disparu quand elles achèveront leur développement.

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