Il n’y a pas que les fans de foot qui ont vu le match entre la France et le Maroc pendant la coupe du monde au Qatar. La rencontre a pu aussi être remarquée sur le réseau électrique français, à travers les variations de la consommation.

L’équipe de France de football retourne donc en finale de la coupe du monde, pour la quatrième fois de son histoire. Tout le monde ou presque le sait, aujourd’hui. Il faut dire que les Français et les Françaises étaient en nombre devant leur téléviseur, le soir du 14 décembre. La part de marché de TF1 a atteint plus de 66 %, avec 20,7 millions de téléspectateurs.

Mais il n’y a pas que les fans de foot qui ont regardé le match de demi-finale entre la France et le Maroc. La compétition pouvait également être « visible » sur le réseau électrique français, car le niveau de consommation du pays a fortement baissé lors des quatre-vingt-dix minutes de la rencontre. À tel point, d’ailleurs, que RTE a donné quelques indications le 15 décembre.

Une chute remarquée au moment du coup d’envoi du match France – Maroc

Alors que la consommation électrique était déjà en recul avant le coup d’envoi à 20 heures, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français a observé une chute plus prononcée qu’à l’accoutumée. Cela a perduré tout au long de la première mi- temps, avec une chute sous le seuil des 69 gigawatts (GW), avant une courte remontée lors de la mi-temps.

Ensuite, le réseau électrique a continué à constater un recul jusqu’à 65 GW, juste avant les coups de 22 heures. À ce moment-là, la consommation électrique est repartie à la hausse, de façon notable, jusqu’à retrouver le niveau constaté au moment de la coupure publicitaire. En fin de soirée, la consommation s’est mise à rechuter, l’heure devenant tardive.

Cette baisse notable de la consommation électrique apparait contrintuitive, car les téléviseurs étaient nécessairement allumés par dizaines de milliers, pour ne pas dire centaines, voire millions mardi soir. En moyenne, selon les statistiques de l’Agence de la transition écologique (Ademe), la consommation annuelle atteint 187 kWh/an, pour un fonctionnement quotidien de 6h46.

Du football sur une télé LG. // Source : LG
À quoi a ressemblée soirée pour bon nombre de téléspectateurs. // Source : LG

C’est en réalité assez peu (cela représenterait 0,5 kWh par jour en moyenne, sur la base des chiffres de l’Ademe), d’autant que ces appareils ont connu des progrès (la technologie LED plutôt que l’écran plasma, par exemple). Ces statistiques varient selon la taille de l’écran (ils consomment plus quand la diagonale est étendue) et la durée d’utilisation.

Les téléviseurs sont l’un des postes de consommation électrique les plus importants dans le segment « audiovisuel », en comparaison des box et des consoles, mais ce n’est pas la catégorie la plus énergivore dans le domicile. Les réfrigérateurs, le chauffe-eau et le chauffage sont devant, et parfois de loin. L’audiovisuel est au même niveau que la cuisine et les appareils de séchage et de lavage.

Il s’avère que ce n’est pas la première fois qu’un match de foot se « ressente » sur le réseau électrique. Pendant les quarts de finale opposant la France et l’Angleterre, à 20 heures le 10 décembre, une courbe similaire a été observée : la consommation a d’abord baissé graduellement à partir de 19h15 jusqu’à la mi-temps, avant de remonter un petit peu, puis a diminué jusqu’à la fin du match, avant de regrimper après, une fois la victoire obtenue par les Bleus.

Source : Capture d'écran
La situation au 10 décembre 2022. Notez la baisse à partir de 19h15 et la petite bosse symbolisant une remontée au moment de la mi-temps. // Source : Capture d’écran

C’est toujours les mêmes gestes…

Pendant la demi-finale, RTE a quantifié ses deux hausses. La première a été de 530 MW lors de la mi-temps et la seconde de 900 MW après le match. C’est plus du double de ce que le gestionnaire observe d’ordinaire sur le réseau électrique. Des hausses qui expliquent facilement… parce que tous les Français et les Françaises ont des comportements similaires.

C’est pendant la mi-temps que les téléspectateurs ont tendance à changer de pièce (et allument donc la lumière), ouvrent la porte du frigidaire, lancent une cuisson au four, au micro-ondes ou à la poêle et ainsi de suite. Des gestes qui, pris individuellement, sont anecdotiques, mais qui sont significatifs à l’échelle d’un pays. Surtout avec 20,7 millions de fans de foot.

La baisse de la consommation électrique constatée pendant le match survient dans un contexte plus général de recul global de la demande. Selon RTE, elle est en baisse de 9 à 10 % par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019, hors crise sanitaire). Depuis des semaines, les autorités demandent à la population, à l’administration et à l’industrie de lever le pied sur la consommation.

Avec la finale qui se profile le 18 décembre, assistera-t-on au même phénomène ? Peut-être pas tout à fait dans les mêmes proportions, car le début du match est fixé à 16 heures — le Soleil se couche une heure plus tard, aux alentours de 17 heures —, heure qui est inadaptée pour dîner. Les portes du frigidaire devraient en revanche continuer à s’ouvrir.

Dans tous les cas de figure, il ne devrait y avoir aucun délestage électrique pendant la finale — « les indicateurs dont nous disposons pour anticiper ces variations et y faire face tiennent compte d’événements exceptionnels comme une Coupe du monde de football », rappelle RTE. Cela étant, il peut être pertinent de s’inscrire aux services d’alerte si jamais une coupure planifiée est décidée.

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