Tout avait bien commencé pendant le décollage de la mission VV22. Et puis, lorsque le deuxième étage de Vega-C est entré en action, la fusée a échappé à tout contrôle.

C’est un coup dur pour l’Europe spatiale. Dans la nuit du 20 au 21 décembre devait avoir lieu la deuxième mission de la toute nouvelle fusée européenne Vega-C, cinq mois après son vol inaugural. Hélas, les choses se sont mal passées pour le lanceur parti de Kourou à 22h47, heure locale (02h47 du matin, heure de Paris). La mission a échoué, le lanceur perdu et les deux satellites détruits.

« Environ 2 minutes et 27 secondes après le décollage, une anomalie s’est produite sur le Zefiro 40 mettant ainsi fin à la mission Vega-C. Des analyses de données sont en cours pour déterminer les raisons de cet échec », a écrit sur Twitter le compte officiel d’Arianespace, l’entreprise qui commercialise et supervise les lancements de Vega-C.

La fusée Vega-C est constituée de quatre parties. Le premier étage, qui assure la propulsion principale, se nomme P120C. Viennent ensuite trois autres étages, qui sont appelés Zefiro 40, Zefiro 9 et AVUM+. Le rôle de Zefiro 40 est de prendre le relai de P120C à partir de 50 km d’altitude. L’engin est fabriqué par la société italienne Avio, qui officiait déjà sur la fusée Vega.

Arianespace prévoit une conférence de presse dans la journée du 21 décembre, selon un communiqué de l’entreprise. Il semble, en l’état actuel de ce que l’on sait, que le Zefiro 40 a été confronté à une « sous-pression » pendant l’ascension du lanceur. C’est ce qu’a indiqué Stéphane Israël, le patron d’Arianespace, dans une première réaction suite à la perte de la fusée.

« La mission est perdue »

Après la détection de cette anomalie, la trajectoire du lanceur a commencé à dévier sans que les équipes puissent inverser le cours des choses. « La mission est perdue », a alors admis Stéphane Israël, qui a confirmé que des investigations ont été immédiatement lancées pour comprendre les raisons de ce dysfonctionnement. Cela pourra prendre des semaines, voire des mois.

Le début de la mission avait pourtant bien commencé. « Tous les paramètres sont actuellement au vert pour le vol VV22 », indiquait quelques heures auparavant l’Agence spatiale européenne. « Le pilotage est calme, la trajectoire est nominale. Les paramètres bord sont nominaux ». Le décollage s’était bien passé et l’étage P120C s’était bien comporté également.

Zefiro 40 constitue une pièce nouvelle dans la conception de la fusée Vega-C : elle remplace l’étage Zefiro 23 qui équipe la fusée Vega, plus ancienne. Y a-t-il eu un défaut de conception ou d’assemblage avec le reste de la fusée ? On sait qu’un mois avant, en novembre, Arianespace avait déjà dû repousser le vol de la mission VV22 à cause d’un « équipement défectueux ».

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Vega-C en juillet 2022, lors de son vol inaugural. // Source : Esa

L’échec de cette fin d’année pour Arianespace n’a pas seulement entraîné la perte d’une fusée. Elle a aussi provoqué la destruction de deux satellites d’observation de la Terre. Construits par Airbus Defence and Space, ils devaient étoffer et compléter la constellation Pléiades Neo. Deux satellites (3 et 4) sont déjà déployés depuis 2021. Il s’agissait des exemplaires 5 et 6.

Ces engins peuvent « imager n’importe quel point du globe, plusieurs fois par jour, à une résolution de 30 cm. Très agiles et réactifs, ils peuvent être missionnés jusqu’à 15 minutes avant l’acquisition des images, et les renvoyer vers la Terre dans l’heure qui suit », indiquait Arianespace dans la présentation de cette constellation. Ils devaient être les deux derniers à être lancés.

Ce raté conclut une année compliquée pour l’Europe spatiale. Ariane 6 enchaîne les retards (elle devait initialement partir en 2020 et est maintenant attendue pour fin 2023). Vega-C vient de connaître son premier raté tout juste après le vol inaugural. À cela, on peut ajouter les conséquences de la guerre en Ukraine, qui a tué le projet ExoMars 2022 et coupé l’accès au Soyouz.

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