La fin de la politique de « zéro covid » en Chine a été annoncée de manière aussi inattendue que brusque à la fin du mois de décembre. La décision, prise après une vague de manifestation d’une ampleur impressionnante pour le pays, a cependant pris de court beaucoup de personnes — dont le personnel soignant.
Or, depuis la levée des restrictions et la fin des confinements, le nombre de cas de coronavirus SARS-CoV-2 augmente très fortement. La population chinoise n’est pas encore entièrement vaccinée, et peu de médicaments traitant la maladie sont disponibles. Résultat : les stocks de nombreux comprimés, comme l’Ibuprofène, sont complètement épuisés. Pour répondre à la demande, un marché noir en ligne des médicaments s’est créé, raconte Rest of World.
Du Paxlovid importé revendu plus de 2 000 dollars sur Telegram
Peu de médicaments anti-covid ont été autorisés en Chine. Jusqu’à récemment, le pays avait toujours refusé d’utiliser d’autres vaccins que SinoPharm et CoronaVac, tous les deux produits en Chine. Or, ils utilisent tous les deux une autre technique que celle de l’ARN messager, qui est notamment employée par Pfizer, et qui est beaucoup moins efficace. Ainsi, malgré un taux de vaccination de 90% de la population, les infections sont très nombreuses.
À ce problème de vaccins vient s’ajouter celui des médicaments anti-covid. Peu de pilules sont actuellement autorisées en Chine, ce qui fait que la demande est très élevée et que la production ne peut pas suivre le rythme. Beaucoup de Chinois se sont rabattus sur des médicaments comme l’Ibuprofène pour pallier le manque, et ces derniers sont désormais également introuvables dans certains endroits.
Dans un article publié le 5 janvier, Rest of World raconte que la pénurie a poussé certains Chinois à créer des groupes sur Telegram ou sur Twitter pour remédier aux manquements du gouvernement, et se fournir en traitement. Les groupes constitués sur les réseaux sociaux permettent de mettre en contact les acheteurs avec des Chinois, généralement installés à l’étranger, et qui se chargent d’obtenir les médicaments.
C’est notamment le cas d’un entrepreneur installé aux États-Unis, et qui a raconté au média avoir vendu depuis décembre plus de 20 000 boites de génériques de Paxlovid, la pilule anti-covid de Pfizer, et autant de boites de Molnupiravir, le médicament développé par Merck. Un autre indique avoir passé des centaines de boites d’Ibuorofène et des kits de test. Le revendeur serait allé se fournir en Inde pour pouvoir répondre aux nombreuses demandes. D’autres acheteurs sont installés à Taiwan ou en Corée du Sud, et feraient le tour des pharmacies afin de pouvoir se fournir.
Une fois les médicaments livrés en Chine, ils se revendent à prix d’or sur les réseaux sociaux locaux, comme Weibo, WeChat et Xiaohongshu, l’équivalent chinois d’Instagram. Rest of World rapporte que certaines boites seraient vendues à plus de 2 200 dollars.
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