L’espace est un environnement dangereux et hostile. Pour explorer le Système solaire, les radiations sont un obstacle évident. Les agences spatiales le savent bien. Pour diminuer les effets de ces rayonnements sur les astronautes lorsqu’ils se rendront sur la Lune puis Mars, diverses stratégies sont étudiées et testées pour préserver les organismes.
Un étonnant prototype va bientôt rentrer sur Terre. La Nasa a organisé ces derniers mois un test d’un plastron anti-radiations. Cette protection est renvoyée sur Terre dans la nuit du 9 au 10 janvier, à l’occasion du départ d’un cargo SpaceX de la Station spatiale internationale (ISS). La capsule doit être repêchée le 11 au large des côtes de Floride.
Ce « vêtement » vous est peut-être familier. Rien d’étonnant : il s’agit d’un projet mentionné dès 2017, en vue de protéger les équipages de certains évènements imprévisibles, comme une éruption solaire projetant des particules capables, non seulement d’endommager des équipements électroniques — comme des satellites ou une station –, mais aussi de nuire aux astronautes.
Un test pour tester le confort et l’utilisabilité du plastron en impesanteur
Il s’agit surtout d’évaluer le confort du prototype : « Les membres de l’équipage ont porté le gilet Astrorad pendant qu’ils effectuaient leurs tâches quotidiennes et ont donné leur avis sur la facilité d’enfilage, la tenue et la sensation du gilet, ainsi que sur l’amplitude des mouvements possibles en le portant. »
L’objectif n’était donc pas d’éprouver le plastron face aux radiations, mais plutôt de voir si c’est supportable, sans entraver le quotidien d’un astronaute — qu’il s’agisse de ses tâches courantes, de sa prise de repas, de son sommeil ou de diverses opérations, comme le chargement et le déchargement d’une cargaison. Une protection anti-radiations trop encombrante serait inutile.
En apparence, l’Astrorad (un mot-valise issu de la contraction entre astronaute et radiation) ressemble à une sorte de gilet pare-balles : il recouvre de la gorge jusqu’au bas-ventre, mais aussi les flancs. Le dos est recouvert de la même façon, de la nuque jusqu’aux fesses. Les bras, la tête et le bas du corps sont laissés à « l’air libre ».
Le torse concentre de nombreux organes vitaux dont des lésions causées par des radiations pourraient durablement engager le pronostic vital, avec l’émergence de cancers. La zone à protéger inclut aussi des tissus et des concentrations de cellules souches spécifiques sensibles aux rayonnements, est-il précisé dans une fiche de présentation sur le site de la Nasa.
L’expérience à bord de la Station spatiale internationale est celle qui se rapproche le plus de ce que les équipages connaîtront avec les voyages vers la Lune et Mars. Les astronautes ont largement commenté le confort et l’utilisabilité de la veste. Ces retours vont maintenant servir à l’entreprise israélienne StemRad pour améliorer le plastron.
Le plastron, dont le développement implique aussi la société américaine Lockheed Martin et l’agence spatiale allemande DLR, devait initialement être testé en 2018 lors d’un voyage habité autour de la Lune. Mais les aléas du programme Artémis et le propre rythme de développement de l’Astrorad ont décalé de quatre ans le test, qui a eu lieu finalement dans l’ISS.
Dans la mesure où la mission Artémis 2 n’est pas prévue avant 2024, on pourrait la voir dans une nouvelle version d’ici là — et ainsi être testée à l’occasion d’un voyage habité autour de la Lune. C’est en effet à cette occasion qu’un équipage de la Nasa doit approcher le satellite pour la première fois depuis 1972. C’était alors la mission Apollo 17 qui prenait fin.
À long terme, la veste, si elle donne pleine satisfaction, pourrait équiper l’ISS, ainsi que la future station spatiale orbitale autour de la Lune. C’est aussi un vêtement que les astronautes pourraient porter pendant le transit lunaire, mais aussi au sol à l’intérieur d’une base. Et ce plastron pourrait également être mobilisé lorsqu’aura lieu la conquête de Mars, après 2030-2040.
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