De nombreux Français ont assisté à la chute d’un astéroïde dans l’atmosphère de la Terre, durant la nuit du 12 au 13 février 2023. Le météore (ou étoile filante) était particulièrement brillant. Comment expliquer son éclat si intense ?

Ce n’est que la septième fois que cela arrive : le passage d’une étoile filante était prévu par les astronomes. Dans la nuit du 12 au 13 février 2023, de nombreux observateurs ont pu assister à la retombée d’un astéroïde dans l’atmosphère de la Terre. La chute de cet objet a eu lieu au-dessus de la France, vers 4h du matin.

L’astéroïde, depuis baptisé 2023 CX1, a été découvert 7 heures avant son impact, grâce aux observations de l’astronome hongrois Krisztián Sárneczky. Après sa découverte, des astronomes du monde entier ont regardé l’objet, pour en savoir davantage sur lui et localiser la zone dans laquelle il pouvait tomber sur Terre. Des curieux en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ont ainsi pu observer une « boule de feu » dans le ciel — l’objet ne représentait toutefois aucune menace pour les individus ou les équipements au sol. Le phénomène a alors été identifié sous le nom « Sar2667 ».

Les nombreuses images de l’événement, notamment diffusées en ligne, montrent un phénomène assez spectaculaire. L’étoile filante est particulièrement brillante pendant quelques instants. Sa luminosité a même rivalisé avec celle de la Lune. Mais comment cette étoile filante peut-elle être aussi brillante ?

Météore, météorite, étoile filante, bolide… quel était cet objet ?

Pour le comprendre, il faut rappeler ce que l’on a observé en France cette nuit-là. « Il ne faut pas confondre météore (ou étoile filante), météorite, astéroïde, météoroïde », rappelle à Numerama Karl Antier, membre du projet Vigie-Ciel, un programme de sciences participatives du Muséum national d’histoire naturelle, notamment consacré à l’observation des étoiles filantes. « Tout est lié au même objet initial, mais en fonction de son état, le nom est différent. »

  • Lorsque l’objet est encore dans l’espace, cela peut être un astéroïde, ou un météoroïde (des poussières interplanétaires) ;
  • Lorsque l’objet entre dans l’atmosphère terrestre, le phénomène lumineux est qualifié de météore ou d’étoile filante. Certaines étoiles filantes sont même décrites comme des bolides, soit des météores très brillants, plus que la planète la plus brillante (Vénus). Sar2667 était bien un bolide.
  • Lorsque l’objet est au sol, on parle de météorite pour désigner la roche que l’on retrouve (si elle subsiste, ce qui n’est pas toujours le cas).

Le terme de bolide en particulier peut parfois être mal compris, donnant l’impression que le phénomène qui a lieu est inhabituel. « Ce que les gens ont observé, c’est bien une étoile filante ou un météore, confirme Karl Antier. Ça n’est pas différent de ce que nous pouvons voir en observant les étoiles filantes au mois d’août. » Le spécialiste fait référence ici au célèbre essaim des Perséides (bien que ce ne soit pas le seul essaim d’étoiles filantes remarquable de l’année).

Fragment de la météorite de Gibeon. // Source : Nelly Lesage pour Numerama
Fragment d’une météorite. // Source : Nelly Lesage pour Numerama

L’astéroïde 2023 CX1 était très massif, d’où son éclat

Tout cela permet d’arriver enfin à l’explication de la brillance particulière de ce météore vu en France. « La luminosité d’une étoile filante est liée à deux facteurs : la masse et la vitesse, résume Karl Antier. 99 % des météores ne font même pas la taille d’un grain de sable. Mais, c’est lumineux, car c’est très rapide. » Dans le cas de Sar2667, l’objet était surtout très lumineux en raison de sa masse, d’après les premières analyses. Car à l’inverse, « on soupçonne que sa vitesse était environ 52 000 km/h, ce qui n’est pas si rapide pour une étoile filante. »

L’objet tombé au-dessus de la France le 13 février ferait à peu près 1,5 tonne, pour environ 1 mètre de diamètre. « C’est cela qui l’a rendu lumineux. On aurait eu un grain de poussière, allant à la même vitesse et entrant dans l’air au même moment, il aurait été moins lumineux, peut-être pas visible à l’œil nu », ajoute Karl Antier. Cette taille de 1 mètre de large, « pour des conditions moyennes d’un astéroïde […], donne une énergie cinétique [ndlr : l’énergie d’un corps en mouvement] avoisinant les 10^11 Joules, soit l’énergie produite par l’explosion de 15 tonnes de TNT », résume de son côté le médiateur scientifique Pierre Henriquet auprès de Numerama.

La recherche des météorites a commencé

Ce bolide a d’ailleurs donné naissance à une météorite : un premier fragment de l’astéroïde a été découvert par une Française en Seine-Maritime. Vigie-Ciel anticipait que des fragments aient pu tomber en France, entre Dieppe et Doudeville. La masse de l’objet laissait raisonnablement penser que des météorites aient pu survivre à la chute.

Si vous vous trouvez dans cette zone, et que vous pensez avoir trouvé vous aussi une météorite, il y a quelques recommandations à suivre : notez les coordonnées de votre trouvaille, prenez l’objet en photo et manipulez-le avec délicatesse (il est conseillé de le toucher avec des gants et de le glisser dans un sac en plastique propre). Puis, vous pouvez contacter Vigie-Ciel pour leur faire part de votre découverte.

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