Peut-être qu’un jour il sera carrément interdit aux humains de conduire une voiture. Mais en attendant que les robots prennent le pouvoir sur les routes, c’est encore sur le comportement humain que les pouvoirs publics doivent se concentrer pour faire diminuer le nombre de morts ou de blessés graves — sans oublier bien sûr l’amélioration des infrastructures et des véhicules eux-mêmes. Or certains progrès technologiques doivent parfois reculer pour garantir une meilleure sécurité.
“Jusqu’à 27 secondes pour récupérer ”
Nous savons qu’en France, il est déjà illégal de conduire avec un kit mains-libres depuis l’été dernier, l’infraction étant passible d’une amende forfaitaire de 135 euros. Mais quid des autoradios Bluetooth et autres systèmes de divertissement intégrés au tableau de bord, qui permettent de parler ou de réaliser des instructions tout en conduisant les deux mains sur le volant ?
Une nouvelle étude conduite aux États-Unis pourrait achever de convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de les interdire ou, au minimum, d’en réguler l’utilisation pour brider les conversations pendant la conduite, ou désactiver des fonctions d’assistance vocale de plus en plus présentes dans les voitures connectées.
Une forte distraction, qui dure
Des chercheurs de l’Université de l’Utah ont en effet conduit deux séries d’analyses de la capacité de réaction des conducteurs, la première (.pdf) sur l’effet de l’utilisation des assistants vocaux des smartphones (Siri, Google Voice, Cortana…), et la seconde (.pdf) sur l’utilisation des systèmes de divertissement à bord qui sont eux-mêmes parfois commandables vocalement.
Sans surprise, il ressort de ces deux études réalisées pour une fondation sur la sécurité routière que les conducteurs réagissent moins vite lorsqu’ils sont distraits par leur smartphone ou les fonctions multimédia de leur voiture. Mais tous les systèmes ne sont pas égaux, la distraction étant fonction de la complexité de l’interface ou du taux d’erreurs.
Ainsi concernant les smartphones, c’est Google Now qui demande le moins de concentration, et Cortana de Microsoft qui en demande le plus. Les écarts sont anecdotiques entre les OS (d’autant qu’ils sont réalisés sur un échantillon non représentatif de cobayes), mais les résultats de chacun d’entre eux sont étonnamment proches du test OSPAN, considéré comme très exigeant — il s’agit comme dans la vidéo ci-dessous de demander au conducteur de mémoriser des mots pendant qu’il conduit, ou de répondre à des questions de calcul mental.
https://www.youtube.com/watch?v=GIiV-U0DsDk
Concernant les systèmes embarqués dans les véhicules, les chercheurs ont trouvé un écart impressionnant entre les niveaux de distraction mesurés dans les différents habitacles, qui serait dû à la complexité d’utilisation. Il était demandé aux sujets d’utiliser des commandes vocales pour passer des appels (composer un numéro, trouver un correspondant, etc.) ou pour changer de musique tout en conduisant :
Mais le plus intéressant est sans doute sur le temps de récupération. Contrairement à ce que l’on peut croire, il ne suffit pas de raccrocher ou d’avoir fini de dicter son SMS à Siri pour retrouver immédiatement toute sa concentration et sa réactivité au volant.
Avec l’utilisation des smartphones, la durée de récupération de ses capacités cognitives mises intégralement au service de la conduite peut aller jusqu’à 20 secondes, selon les mesures effectuées par les chercheurs. Sur les systèmes embarqués, le temps peut monter à 27 secondes, ce qui est énorme. À 90 km/h, une voiture parcoure 675 mètres pendant cette période — qui n’est heureusement pas une période de non-réaction, mais de temps de réactivité diminué.
Reste à voir quelle est la faculté de concentration du conducteur lorsque le passager parle ou qu’un enfant demande toutes les 2 minutes « c’est quand qu’on arrive ». Vivement les voitures-robots, que l’on puisse enfin se parler à nouveau en toute sécurité.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !